Bolsonaro, fustigé après un slogan évoquant la devise nazie « Arbeit macht frei »
Le slogan "Le travail, l'unité et la vérité libéreront le Brésil" dans une vidéo du président brésilien insulte la mémoire des victimes de la Shoah, selon des groupes juifs
RIO DE JANEIRO, Brésil (JTA) – Le président brésilien Jair Bolsonaro a été critiqué pour un nouveau slogan sur la lutte contre le coronavirus ressemblant à la tristement célèbre inscription nazie marquant l’entrée du camp de concentration d’Auschwitz : « Arbeit macht frei », ou « Le travail libère ».
Le message « Le travail, l’unité et la vérité libéreront le Brésil » est apparu dans une vidéo que Bolsonaro a diffusée dimanche, selon le journal brésilien Folha de S. Paulo.
« Il est regrettable de voir, une fois de plus, des questions chères au judaïsme et à l’humanité en général être banalisées et imitées, offensant la mémoire des victimes et des survivants, à un moment aussi difficile pour notre pays et le monde », a dénoncé Fernando Lottenberg, président de la Confédération israélite brésilienne, l’organisation qui fédère les associations juives du Brésil, auprès de la Jewish Telegraphic Agency.
Les partisans du chef de l’État brésilien affirment que cette phrase s’inspire du passage biblique « Et vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous libérera », tiré de Jean 8:32, que Bolsonaro a souvent cité pendant sa campagne présidentielle. Intitulée « Covid-19 : la vérité », la vidéo fustige les médias brésiliens et décrit l’action du gouvernement pour lutter contre la pandémie.
« C’est impressionnant. Chaque mesure gouvernementale est déformée pour correspondre aux récits. Pendant la campagne, ils faisaient des croix gammées. Maintenant, ils exploitent l’analphabétisme fonctionnel pour mal interpréter un texte et associer le gouvernement au nazisme. Moi, le chef du secrétariat de la communication, je suis juif« , a tweeté Fabio Wajngarten, ministre de la Communication et co-producteur de la vidéo.
La semaine dernière, Bolsonaro a irrité des groupes juifs pour avoir parlé à côté d’un drapeau israélien lors d’un rassemblement à Brasilia, où certains ont appelé à la dissolution des tribunaux du pays et au retour à un régime autoritaire.
Le 22 avril, le Comité juif américain avait exigé des excuses du ministre brésilien des Affaires étrangères Ernesto Araujo, qui avait comparé la distanciation sociale aux camps de concentration. Après une vaste couverture médiatique internationale, il avait affirmé que ses propos avaient été mal compris.
« L’utilisation de l’expression ‘Le travail libère’ attaque la mémoire des victimes de la Shoah et heurte la sensibilité des survivants », a déploré le rabbin Michel Schlesinger, chef spirituel de la plus grande congrégation d’Amérique latine, la synagogue Congregagao Israelita Paulista de Sao Paulo, qui compte 2 000 familles, dans une interview accordée lundi à la BBC Brésil. « Malheureusement, il n’est pas possible de déconnecter ce mouvement des autres références du gouvernement actuel au régime nazi ».