Bush critique Clinton et Slaughter pour une proposition visant à « humilier Israël »
Alors que le candidat à la nomination républicaine fustige sa rivale, un ancien diplomate américain déclare que l’ancienne secrétaire d’Etat n’a probablement pas considéré la proposition
Eric Cortellessa couvre la politique américaine pour le Times of Israël
WASHINGTON – La campagne du candidat présidentiel républicain et ancien gouverneur de Floride Jeb Bush a attaqué dimanche sa rivale démocrate Hillary Clinton pour avoir exprimé de l’intérêt pour une « proposition pour ‘humilier’ Israël ».
La semaine dernière, après que le département d’Etat a publié presque 3 000 pages d’e-mails de Clinton datant de son mandat de secrétaire d’Etat entre 2009 et 2013, il est apparu que l’ancienne directrice de la planification de la politique du département d’Etat Anne Marie Slaughter avait envoyé un e-mail à l’alors secrétaire Clinton pour lui proposer de lancer une campagne « Engagement pour la Palestine », sur le modèle de la campagne de Warren Buffet « L’engagement du don », qui encourage les individus riches à faire des dons à des causes charitables.
Dans son email, envoyé le 28 septembre 2010, Slaughter a déclaré qu’une telle campagne humilierait les Israéliens et encouragerait le soutien à la création d’un État palestinien et une halte des constructions d’implantations en Cisjordanie.
Approchant de la fin du gel de 10 mois des constructions mis en place par le Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui a commencé en novembre 2009, Slaughter a souligné qu’une « campagne parmi les milliardaires/multimillionnaires autour du monde reflèterait un fort vote de confiance dans la construction de l’Etat palestinien et pourrait compenser la fin du moratoire pour les Palestiniens. »
Elle a ajouté « il y aurait un certain effet d’humiliation [envers] les Israéliens, qui construiraient des implantations en face d’un engagement pour la paix ».
Slaughter, maintenant présidente de la fondation New America, un think-tank de Washington, avait également souligné que faire « une promesse importante d’amélioration matérielle pour les Palestiniens en Cisjordanie » pourrait « soutenir significativement [le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud] Abbas d’une manière qui pourrait l’aider à rester dans les négociations. »

Après avoir reçu le message, qui a également été envoyé à trois autres assistants, Clinton a répondu à Slaughter « Je suis très intéressée – stp étoffe. Merci ».
La campagne de Bush a répondu en disant que l’idée de Slaughter était « une politique colossalement stupide et vile » qui reflétait le fossé qui s’était élargi entre Washington et Jérusalem ces sept dernières années.
« La proposition d’Anne Marie Slaughter ‘d’humilier’ Israël pour changer sa politique est emblématique de l’érosion importante de la confiance qui a eu lieu dans la relation israélo-américaine sous les mandats de Clinton et Obama », a déclaré Allie Bradenburger, porte-parole de la campagne de Bush au Times of Israel.
Mais tout le monde ne pense pas que la réponse de Clinton indique nécessairement qu’elle était intéressée par la suggestion, ou au moins par la partie désignée comme « l’effet d’humiliation » sur les Israéliens.
Diplomate américain vétéran et ancien négociateur de paix pour le Moyen-Orient, Dennis Ross, qui a été conseiller spécial de Clinton quand elle était secrétaire d’Etat, doute qu’elle ait sérieusement considéré l’idée d’embarrasser Israël.
« Je serais surpris si elle avait été réceptive à l’humiliation des Israéliens. Je pense qu’elle répondait plutôt à comment vous pouvez obtenir ce genre d’aide de l’extérieur pour des investissements matériels allant à l’Autorité palestinienne, a déclaré Ross au Times of Israel.
« Dans tous mes contacts et toutes mes discussions avec elle, je ne l’ai jamais entendu dire quelque chose comme ça ou embrasser ce genre de concept. Plutôt le contraire. Elle était consciente que quand vous créez un différent public avec les Israéliens, cela encourage en fait les ennemis d’Israël et enfonce les Palestiniens. »
Plus probablement, a affirmé Ross, Clinton répondait à l’idée de stimuler la croissance économique en Cisjordanie et à l’amélioration de la qualité de vie des palestiniens – une politique américaine constante depuis les années 1980.

« J’ai évidemment passé beaucoup de temps avec elle sur ces sujets, à la fois quand j’étais au département d’Etat et quand j’étais à la Maison Blanche, et j’ai plutôt une bonne idée de ce que sont ses intérêts. Ce qui l’aurait attiré vers ce genre d’idées était de mettre de l’argent dans les besoins en développement, en éducation et en infrastructure des Palestiniens, a-t-il déclaré. Parce que nous parlions constamment de ce que nous pourrions faire de plus pour rendre l’Autorité palestinienne et l’économie plus viables, ce que nous pouvions faire de plus pour donner aux Palestiniens un sens des possibilités, à la fois politiquement et économiquement. »
« Je doute sérieusement qu’elle ait été intéressée dans la nation de vouloir humilier les Israéliens. Mon avis est qu’elle a probablement éliminé ça », a-t-il ajouté.
De même, Aaron David Miller, universitaire au centre Woodrow Wilson qui a servi sous six secrétaires d’Etat républicain et démocrate, était sceptique sur la possibilité que Cinton ait voulu « humilier les Israéliens ».
Il était également suspicieux sur le fait que l’ancienne secrétaire d’Etat ait réellement considéré un tel projet.
« Je ne peux simplement pas imaginer qu’elle ait été un tant soit peu intéressée par quelque chose de proche de la proposition d’Anne Marie Slaughter, a-t-il déclaré au Times of Israel. Enfin, elle envoie un e-mail très court en retour disant ‘Discutons-en’, ce qui me semble un moyen poli de dire ‘Je ne suis pas intéressée’. C’est à un pas de juste envoyé le message à la poubelle »
Miller, qui a travaillé comme négociateur pour le Moyen-Orient dans l’administration du président Bill Clinton, a déclaré que l’ancienne secrétaire aurait probablement reconnu la proposition comme « non seulement embarrassante, mais nuisible ».
« Elle est une Clinton. Et bien qu’elle ne soit pas Bill Clinton, elle a ce genre de sensibilité et d’intelligence politique pour rester éloigné de cette forme d’intervention dans la politique israélienne, ou pour supposer que cette sorte de campagne « Engagement pour la Palestine » va probablement humilier les Israéliens ou créer une motivation pour les faire revenir aux négociations, a-t-il déclaré. Parce que cela n’a absolument aucun sens. »