Camil Fuchs: l’une des élections « les plus imprévisibles » de l’histoire d’Israël
"Ce n'est pas seulement le taux de participation qui sera crucial, mais quel segment de la société qui ira voter", analyse l'expert en sondages

Dans un paysage politique hautement fragmenté, la capacité de certains petits partis à atteindre ou non le seuil pour entrer au Parlement pourrait faire une différence importante pour former le prochain gouvernement.
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son rival Yaïr Lapid tentent de convaincre leurs sympathisants de vaincre la « fatigue électorale » à l’avant-veille des quatrièmes élections législatives en moins de deux ans en Israël, qui se jouent dans des micro-détails.
Si les manifestants anti-Netanyahu ont réuni le plus grand nombre de personnes dans la rue, le principal intéressé rassemble le plus grand nombre d’appuis populaires, selon les derniers sondages, au terme d’une campagne dominée par les vaccins contre le Covid-19 ayant permis au gouvernement d’inoculer deux doses à près de 50 % de la population et rouvrir des secteurs de l’économie ces dernières semaines.
« Netanyahu a les yeux rivés sur le nombre magique de 61 députés », a résumé dimanche Camil Fuchs, expert des sondages israéliens, lors d’une rencontre en ligne avec quelques journalistes.
« Ce n’est pas seulement le taux de participation qui sera crucial, mais quel segment de la société qui ira voter », a-t-il ajouté, évoquant l’une des élections « les plus imprévisibles » de l’histoire d’Israël.
En Israël, les élections législatives se tiennent à la proportionnelle. Pour faire son entrée au Parlement, les partis doivent obtenir au moins 3,25 % des suffrages, ce qui leur confère 4 sièges.
Et pour former un gouvernement, les camps de MM. Netanyahu et Lapid doivent réunir une majorité absolue (61 sièges). Or à l’heure actuelle, aucun des deux principaux candidats ne semble en mesure de réunir ce nombre avec ses alliés respectifs, la droite religieuse pour M. Netanyahu, la gauche, le centre et la droite anti-gouvernement pour M. Lapid.
Les derniers baromètres créditent le Likud de Netanyahu d’environ 30 sièges sur les 120 de la Knesset, le Parlement, contre 20 pour son opposant centriste Yaïr Lapid, à la tête du parti Yesh Atid (« Il y a un futur »), et près d’une dizaine pour les partis de droite menés par Gideon Saar et Naftali Bennett, suivi de près de dizaines d’autres formations.
Quatre partis flirtent, selon les sondages, avec le seuil d’entrée au Parlement, y compris la formation de gauche Meretz, et le parti Kakhol lavan de l’ancien chef de l’armée Benny Gantz, ex-challenger de Netanyahu.
L’incapacité d’un ou de ces partis à franchir ce seuil magique des 3,25 % aurait pour effet d’affaiblir un bloc – pro ou anti-Netanyahu – et ainsi jouer sur la capacité de chaque camp à obtenir le nombre magique de députés pour diriger le pays.
Pour départager les deux grands blocs, les regards pourraient se tourner vers Naftali Bennett, ex-ministre de la Défense et chef de la formation de droite radicale Yamina. Si Bennett partage à peu de chose près l’idéologie du Premier ministre, il s’est toutefois gardé jusqu’à présenter de choisir le camp de M. Netanyahu ou de M. Lapid.
Or, selon le quotidien de droite Israel Hayom, le Likud mène actuellement une offensive pour « siphonner » les votes de droite disponibles chez les électeurs de Naftali Bennett.
Comment ? En les encourageant à voter soit pour le Likud, soit pour le nouveau Parti sioniste religieux, une petite formation d’extrême-droite sur le point de dépasser le seuil électoral et qui s’est engagée à soutenir le camp de Netanyahu.