Chercheurs detenus : l’Iran dénonce les « pressions » de la France
Accusant R. Marchal et F. Adelkhah de "crimes sécuritaires", le porte-parole de la diplomatie iranienne a déclaré que Paris "doit permettre que le processus juridique se déroule"
Les « pressions » de Paris pour obtenir la libération de deux chercheurs détenus depuis juin en Iran ne mèneront à rien, a déclaré lundi le porte-parole des Affaires étrangères iranien, Abbas Moussavi.
M. Moussavi réagissait à des propos tenus dimanche par le ministre des Affaires étrangères français, Jean-Yves Le Drian, qui a qualifié d' »insupportables » les détentions de l’anthropologue franco-iranienne Fariba Adelkhah et de son compagnon, Roland Marchal, spécialiste de la Corne de l’Afrique.
« Avec de tels commentaires et pressions […] je ne pense pas que [les Français] obtiendront le résultat qu’ils souhaitent », a déclaré le porte-parole iranien lors d’une conférence de presse à Téhéran.
M. Marchal et Mme Adelkhah, spécialiste du chiisme ayant publié de nombreux ouvrages sur l’Iran et l’Afghanistan, sont tous deux chercheurs au Centre de recherches internationales (CERI) de Sciences Po Paris.
Détenus sans procès depuis juin en Iran, ils sont poursuivis pour « collusion en vue d’attenter à la sûreté nationale ».
La France « doit permettre que le processus juridique se déroule », a déclaré lundi M. Moussavi, ajoutant que les deux prisonniers étaient « accusés et coupables » de « crimes sécuritaires ».
« Nous comprenons certaines des préoccupations de nos amis français, mais ils savent eux-mêmes que les deux [détenus] bénéficient de tous leurs droits juridiques », a-t-il ajouté.
Face aux demandes répétées de Paris exigeant la libération de Mme Adelkhah et de M. Marchal, Téhéran dénonce régulièrement ce qu’il présente comme une ingérence dans ses affaires intérieures.
Téhéran, qui ne reconnaît pas la double nationalité pour ses ressortissants a toujours refusé à la France un accès consulaire à Mme Adelkhah. Mais cet accès est garanti pour M. Marchal, a assuré M. Moussavi.
Vendredi, le comité de soutien des deux chercheurs a indiqué que l’état de santé de Mme Adelkhah, en grève de la faim depuis le 24 décembre, était « alarmant » et celui de M. Marchal « très instable ».
Invité de dimanche de l’émission politique Le Grand Jury, M. Le Drian a déclaré que « l’Iran ferait un acte fort en […] libérant » les deux universitaires.
« Nous savons qu’ils ne sont pas en de très bonne condition, pas toujours bien traités », a ajouté le ministre, « nous considérons que ces emprisonnements sont insupportables [et] nous l’avons fait savoir aux plus hautes autorités, y compris au président [Hassan] Rohani. »