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Climat : le seuil de 1,5°C de réchauffement fixé par l’accord de Paris dépassé

L'année 2024 a été la plus chaude jamais enregistrée, un triste record qui a poussé le secrétaire général de l'ONU à demander une « action climatique novatrice en 2025 »

Photo d'illustration : Les effets de la sécheresse, le 18 octobre 2019. (Crédit : piyaset, iStock de Getty Images)
Photo d'illustration : Les effets de la sécheresse, le 18 octobre 2019. (Crédit : piyaset, iStock de Getty Images)

Du jamais-vu dans l’histoire moderne : la température moyenne des deux dernières années a dépassé la limite de 1,5°C de réchauffement fixée par l’accord de Paris, poussant l’ONU à réclamer vendredi une « action climatique novatrice ».

2024 est la première année au-dessus du seuil de 1,5°C de réchauffement, avec une température moyenne à la surface de la planète supérieure de 1,55°C (avec une marge d’incertitude de ±0,13°C) à la moyenne de la période 1850-1900, selon une analyse de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), une agence de l’ONU, se basant sur six grandes bases de données internationales.

Le record de chaleur de 2024, couronnant une décennie « extraordinaire de températures record » selon l’OMM, « exige une action climatique novatrice en 2025 », a exhorté le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres.

L’année 2024 a bel et bien été la plus chaude jamais enregistrée depuis le début des statistiques en 1850, a lui aussi souligné vendredi l’observatoire européen Copernicus.

Un bilan qui intervient à quelques jours retour au pouvoir de Donald Trump, ouvertement climatosceptique, à la tête des États-Unis, deuxième pollueur mondial. Et alors même que la réduction des émissions de gaz à effet de serre, principales responsables du réchauffement, marque le pas dans certains pays riches d’après de premières estimations.

Selon Copernicus, la seule année 2024 mais aussi la moyenne des deux années 2023-2024 a dépassé 1,5°C de réchauffement par rapport à l’ère pré-industrielle, avant que l’utilisation massive du charbon, du pétrole et du gaz fossile ne modifie en profondeur le climat.

Une manifestante tient une pancarte sur laquelle est écrit « Justice climatique maintenant » lors de la conférence des Nations unies sur le climat COP29, le 18 novembre 2024, à Bakou, en Azerbaïdjan. (Crédit : Sergei Grits/AP)

« Il est important de souligner qu’une seule année à plus de 1,5°C ne signifie pas que nous avons échoué à atteindre les objectifs de température à long terme de l’accord de Paris, lesquels portent sur des décennies », a relevé la secrétaire générale de l’OMM, Celeste Saulo.

Mais « cela souligne le fait que les températures mondiales grimpent au-delà de ce que les humains modernes ont connu », indique Copernicus. En effet, le réchauffement du climat actuel est inédit depuis au moins 120 000 ans, selon les scientifiques.

Dévastateur

Derrière ces chiffres se cache déjà une série de catastrophes exacerbées par le changement climatique : 1 300 morts en juin lors de chaleurs extrêmes pendant le pèlerinage de La Mecque (Arabie saoudite), inondations historiques en Afrique de l’Ouest et centrale, ouragans violents aux États-Unis et Caraïbes…

Et aujourd’hui les incendies de Los Angeles, « les plus dévastateurs » de l’histoire de Californie, selon les mots du président américain Joe Biden.

L’incendie de Palisades ravageant un quartier au milieu de vents violents, dans le quartier de Pacific Palisades, à Los Angeles, le 7 janvier 2025. (Crédit : Ethan Swope/AP)

Les États-Unis ont d’ailleurs rejoint vendredi la liste des pays à avoir annoncé leur propre record de chaleur pour 2024, une année marquée sur leur sol par des tornades et de puissants ouragans comme Hélène.

Sur le plan économique, les catastrophes naturelles ont causé 320 milliards de dollars (312 milliards d’euros) de pertes dans le monde l’an dernier, selon le réassureur Munich Re.

Après la fin l’an passé du phénomène naturel El Niño, qui induit un réchauffement planétaire, le phénomène inverse La Niña devrait contribuer en 2025 à un léger refroidissement des températures.

L’OMM a toutefois prévenu en décembre que ce dernier serait « court et de faible intensité », et insuffisant pour compenser les effets du réchauffement.

L’année 2025 ne s’annonce donc pas comme record, mais elle pourrait être l’une des trois plus chaudes enregistrées, a prévenu Gavin Schmidt, climatologue à la Nasa, l’agence spatiale américaine. L’Office météorologique britannique a également fait une projection en ce sens.

2025 doit aussi être marquée par l’annonce par les pays de nouvelles feuilles de route climatiques, remises à jour tous les cinq ans dans le cadre de l’accord de Paris.

Surchauffe durable

Contenir le réchauffement à 1,5°C plutôt qu’à 2°C – la limite haute de l’accord de Paris – permettrait de limiter significativement ses conséquences les plus catastrophiques, selon le GIEC, le groupe d’experts du climat mandatés par l’ONU.

Les océans, qui absorbent 90% de l’excès de chaleur provoqué par l’humanité, ont aussi poursuivi leur surchauffe, tant à la surface qu’en profondeur. La moyenne annuelle de leurs températures de surface – hors zones polaires – a atteint le niveau inédit de 20,87°C, battant le record de 2023.

Outre les impacts immédiats des canicules marines sur les coraux ou les poissons, cette surchauffe durable des océans, principaux régulateurs du climat terrestre, affecte les courants marins et atmosphériques.

Photo non datée montrant le blanchiment des coraux dans le golfe d’Eilat au début de l’année. (Crédit : Omri Omessi/Assaf Zvuloni, Israel Nature and Parks Authority)

Des mers plus chaudes libèrent davantage de vapeur d’eau dans l’atmosphère, fournissant de l’énergie supplémentaire aux typhons, ouragans et tempêtes.

La COP29 de Bakou, la dernière grande conférence de l’ONU sur le climat, a difficilement accouché en novembre d’un nouvel objectif pour la finance climatique, mais est restée quasi muette sur les ambitions de baisse des gaz à effet de serre, et en particulier la sortie des énergies fossiles.

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