Climat : Les investissements technologiques en baisse de 60 % au premier semestre
Le rapport annuel effectué par l'Autorité israélienne de l'innovation et l'ONG PLANETech note que cette diminution est conforme aux baisses essuyées, dans le pays, par tout le secteur high-tech
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.
Les investissements dans les technologies du climat ont baissé d’environ 60 % en Israël au cours du premier semestre 2023 en comparaison avec la même période, en 2022, selon un rapport annuel qui a été publié mercredi.
Le rapport consacré à l’évolution de la Climate Tech pour 2023 signale que cette baisse (à 551 millions de dollars) s’aligne avec la diminution générale des investissements qui a eu lieu dans tout le secteur technologique du pays, avec une tendance à la baisse sur le marché du high-tech du climat qui est par ailleurs enregistrée dans le monde entier.
Le rapport, qui a été publié au mois d’octobre par les consultants de PricewaterhouseCoopers (PwC), note toutefois que la diminution des investissements n’a pas été aussi drastique à l’international.
« Pour les investisseurs de capital-risque dans les technologies du climat, ces deux dernières années ont été un test de détermination et d’adaptabilité », note le document.
« Une combinaison de troubles politiques, de valorisations chancelantes, d’inflation et de taux d’intérêt en hausse a fait reculer tous les marchés privés », ajoute-t-il.
Les investissements de capital-risque et les investissements en fonds propres ont, par exemple, baissé de 50,2% d’une année sur l’autre, fait remarquer PwC, avec un total de 638 millions de dollars en 2023.
Le marché du financement privé et les subventions offertes aux start-ups spécialisées dans les technologies du climat ont chuté également de 40,5 % pendant la même période, ramenant le financement de ce genre d’entreprises « au niveau d’il y a cinq ans » – une époque où ces financements étaient néanmoins considérés comme déjà vigoureux.
Le rapport, conjointement émis par l’Autorité israélienne de l’Innovation et l’organisation à but non-lucratif PLANETech, qui consacre ses activités aux entreprises du secteur high-tech spécialisées dans le climat, a suivi 784 start-ups cette année (contre 694 en 2021), soit l’équivalent de 17,4 % de toutes les firmes technologiques qui ont été récemment établies.
En 2022, les investissements, dans ces compagnies, avaient atteint un total de 2,27 milliards de dollars – une baisse de 12 % par rapport à l’année précédente. Cette diminution avait toutefois suivi un taux de croissance de 320 % qui avait été enregistré entre l’année 2018 et l’année 2021, et elle avait été similaire à la tendance observée dans le monde entier dans la Climate tech au cours de la même période, précise le rapport.
Les investissements dans les start-ups spécialisées dans les technologies du climat en début d’activité ou en stade de croissance avaient plongé de 43,6 % – passant de 28,2 milliards de dollars en 2021 à 15,9 milliards de dollars en 2022.
Mais le secteur montre qu’il reste relativement résilient. Les investissements dans les technologies israéliennes en général – en sortant les technologies du climat de ce décompte – ont diminué de 47 %.
Les cinq principaux défis que s’efforcent de relever ces start-ups engagées dans la Climate tech sont restés les mêmes entre 2022 et 2023 : dans l’ordre, l’agriculture intelligente, les systèmes d’énergie propre, la mobilité et le transport durables, les protéines alternatives et les infrastructures en eau efficaces sur le plan écologique.
Une étude qui s’est concentrée sur les start-ups établies depuis 2018 (ce qui représente 382 d’entre elles ou 49 % de toutes ces firmes) montre cependant des changements dans les rangs des différents défis face au dérèglement climatique.
La gestion du carbone, les risques, la capture et l’utilisation du carbone sont devenus plus populaires – alors que le travail sur les infrastructures en eau éco-efficaces semble moins l’être et que les constructions à bas carbone sortent du Top 10.
Le rapport laisse entendre que les start-ups qui travaillent sur les deux derniers sujets sont dorénavant des entreprises matures.
La majorité des start-ups qui ont été fondées n’en sont qu’au stade du financement de démarrage, et moins de 8 % a passé la série B de financement.
Ce qui confirme que la majorité des start-ups (67 %) sont encore relativement jeunes.
Plus de 14 % de ces firmes ont, par ailleurs, fait leur entrée en bourse et ont terminé une exit via une acquisition ou une fusion.
Plus de la moitié des fonds collectés ont été versés par Venture Capital Funds et un peu plus de la moitié seulement (52 %) de l’argent vient d’Israël, avec la plus grande partie du reste des fonds qui proviennent des États-Unis.
L’Autorité de l’innovation, qui dépend du gouvernement, a soutenu 273 entreprises spécialisées dans le secteur du climat en 2022 pour un total de 71,4 millions de dollars – soit 16 % de son budget annuel.
Les start-ups spécialisées dans le high-tech du climat rencontrent des problèmes de croissance uniques, explique le rapport. La majorité d’entre elles ont besoin d’équipements matériels nécessitant d’importants capitaux et elles ont des visions à long-terme concernant leur développement, depuis la démonstration initiale de faisabilité jusqu’à la commercialisation.
« Les start-ups doivent établir des démonstrations pilotes et elles sont mises en difficulté par la période longue qui est nécessaire pour passer de l’installation pilote au développement à grande échelle de leur technologie, le tout en présentant des coûts compétitifs qui sont indispensables pour avoir une viabilité commerciale », dit le rapport.
« Les solutions viennent souvent régler les difficultés systémiques, ce qui nécessite un effort collectif et la collaboration entre de multiples acteurs publics et privés, ainsi qu’une réflexion transdisciplinaire et intersectionnelle », explique l’étude.
« Les solutions en matière de technologie du climat peuvent induire des risques qui sont à la fois commerciaux et technologiques, ce qui fait de l’apport des capitaux de la part des investisseurs de croissance un double défi », ajoute-t-il.
L’étude réalisée sur 210 compagnies spécialisées dans les technologies du climat, dans le cadre du rapport, révèle les principales difficultés rencontrées par les entreprises israéliennes lors de la phase de développement et lors de la phase de croissance. Dans l’ordre, il s’agit du financement, de la capacité à élargir les opérations, les régulations, la distance face au marché cible, les sites pilote et les coûts opérationnels.
Alors qu’il leur était demandé de détailler quelles étaient les lacunes en matière de liens et de services locaux, les personnes interrogées ont fait part de manière répétée d’un manque de connaissance et d’un manque d’experts dans le domaine de spécialité de la start-up (experts scientifiques, spécialistes issus des secteurs de la recherche ou de l’industrie climatiques) ainsi que les limitations induites par un marché de taille modeste et le manque de sites pilotes.