Climat: une « pré-COP » en terre africaine s’ouvre à Kinshasa
Cette réunion doit permettre à différents pays et organisations de faire le point des avancées possibles et des blocages à craindre lors de la COP27 prévue à Charm-el-Cheikh
A un mois de la conférence annuelle de l’ONU sur le climat, la COP27 en novembre en Egypte, les ministres de l’Environnement d’une cinquantaine de pays se retrouvent lundi à Kinshasa pour une « pré-COP » qui, organisée en Afrique, devrait appeler les pays riches et pollueurs à assumer leurs responsabilités et mettre la main à la poche.
Ce type de réunion préparatoire n’est pas un cadre de négociations formelles mais doit permettre à différents pays, groupes et organisations de faire le point des avancées possibles et des blocages à craindre lors de la COP27 sur les changements climatiques prévue à Charm-el-Cheikh du 6 au 18 novembre.
Après la cérémonie d’ouverture au palais du peuple, siège du Parlement de la République démocratique du Congo, les participants vont discuter pendant deux jours autour des thèmes habituels des négociations sur le climat: adaptation, atténuation, finance, « pertes et préjudices ». De multiples bilatérales auront aussi lieu entre Européens, Africains, Asiatiques, Américains, les Etats-Unis étant représentés par leur envoyé spécial pour le climat John Kerry.
« La COP et la pré-COP étant organisées sur le continent africain, l’accent va certainement être mis sur l’accompagnement des pays du Sud par les pays industrialisés et pollueurs », analysait récemment une source diplomatique occidentale.
Lors de la précédente COP, en novembre 2021 à Glasgow, la communauté internationale avait réaffirmé son objectif de contenir le réchauffement de la planète à 1,5°C par rapport à l’ère pré-industrielle, un objectif fixé en 2015 par « l’accord de Paris » mais pour l’heure hors d’atteinte, puisque nous sommes déjà à près de 1,2°C.
« Promesses non tenues «
Des discussions ont eu lieu depuis sur la manière de concrétiser cette ambition, mais aucune avancée notable n’a été enregistrée, notamment en matière de financements, question que la présidence égyptienne de la COP affiche maintenant comme une de ses priorités pour le sommet de Charm-el-Cheikh.
A Glasgow, les pays pauvres, les moins responsables du réchauffement mais les plus exposés à ses conséquences, avaient demandé un mécanisme spécifique de prise en compte des « pertes et dommages » (ou « préjudices ») provoqués par le changement climatique.
Les pays riches, souvent les plus gros émetteurs de gaz à effet de serre, avaient rejeté cette revendication et seulement concédé la tenue jusqu’en 2024 d’un « dialogue » sur les « modalités » de financement.
Plutôt qu’un « fonds fiduciaire » spécifique, certains pays, comme la France, penchent plutôt pour le financement de « projets concrets », précise le ministère français de la Transition énergétique.
As we inch closer to #COP27, this week @Precop27RDC takes place in #Kinshasa, and co-hosted by FM and CPD Shoukry and #DRC DPM Baziba. (1/2) pic.twitter.com/mgCsd8a0vc
— COP27 (@COP27P) October 2, 2022
Les pays riches devraient aussi se voir rappeler encore une fois à Kinshasa qu’ils ne respectent toujours pas leur engagement de porter à 100 milliards de dollars par an leur aide aux pays en développement pour leur permettre de lutter contre le changement climatique.
Cette revendication de « justice climatique » était un des mots d’ordre d’une récente manifestation à Kinshasa de jeunes militants congolais pour le climat qui, à l’image des jeunes du monde entier, demandent que les grand-messes internationales « agissent », plutôt que de faire « des promesses non tenues ».
La RDC va aussi profiter de la pré-COP pour se présenter en « pays solution ».
En plus de ses ressources en minerais phares de la transition énergétique (cuivre, cobalt, lithium…), l’immense pays d’Afrique centrale a quelque 160 millions d’hectares de forêt tropicale, ce qui en fait un « poumon vert » capable d’absorber le carbone et de contribuer à la lutte contre le dérèglement climatique. Pour le préserver, la RDC demande un soutien financier international, tout en revendiquant son droit à exploiter son pétrole.