Columbia : 3 doyens démissionnent après des SMS minimisant l’antisémitisme à l’université
Les démissions surviennent 2 mois après que ces administrateurs ont fait des remarques moqueuses sur la haine dans le campus, dont le président de l'université a déclaré qu'elle faisait écho à "d'anciens tropes antisémites"
Luke Tress est le vidéojournaliste et spécialiste des technologies du Times of Israël
New York Jewish Week via JTA – Trois administrateurs de l’université de Columbia ont démissionné après avoir échangé une série de messages textes moqueurs, reconnus comme antisémites lors d’un panel sur la vie juive sur le campus.
Ces démissions surviennent près de deux mois après la révélation des textos, qui avaient provoqué un scandale majeur dans cette université de l’Ivy League à Manhattan, qui doit répondre aux accusations d’antisémitisme sur le campus et à des mois de protestations anti-Israël turbulentes.
Les SMS – envoyés pendant le panel à la fin du mois de mai et rapportés pour la première fois en juin – minimisaient les témoignages d’antisémitisme sur le campus, se moquaient des étudiants juifs et suggéraient qu’un responsable du centre Hillel utilisait les accusations d’antisémitisme pour collecter des fonds. Les doyens avaient été mis à pied peu après que les messages ont été rendus publics.
La présidente de l’université de Columbia, Minouche Shafik, a déclaré le mois dernier que ces messages reprenaient « d’anciens tropes antisémites ». À l’époque, l’université avait indiqué que les administrateurs concernés avaient été « démis de leurs fonctions de manière permanente », mais il n’était pas clair s’ils assumeraient d’autres fonctions au sein de l’université. Un porte-parole de Columbia a confirmé jeudi au New York Jewish Week que les trois doyens démissionnaient.
Les trois doyens qui ont démissionné sont Susan Chang-Kim, vice-doyenne et directrice administrative de l’université ; Cristen Kromm, doyenne de la vie étudiante de premier cycle ; et Matthew Patashnick, vice-doyen associé pour le soutien aux étudiants et aux familles. Le New York Times a été le premier média à rapporter les démissions des doyens.
Un quatrième doyen, impliqué dans l’un des échanges de textos, s’est excusé et a reconnu que les conversations « évoquaient des tropes antisémites ». Cet administrateur, le doyen du Columbia College, Josef Sorett, n’a pas démissionné. Un porte-parole de Columbia n’a pas répondu à une demande d’information sur le statut de Sorett, ni à une demande détails supplémentaires concernant les démissions. Plus d’un millier d’anciens élèves de Columbia ont demandé la destitution de Sorett dans une pétition.
On May 31, @Columbia hosted alumni weekend, which included a panel discussion on Jewish life on campus.
The attendees included several administrators:
•Josef Sorett: dean of Columbia College
•Susan Chang-Kim: vice dean and chief administrative officer of Columbia College… pic.twitter.com/yjIJKXi2Ce— Documenting Jew Hatred on Campus at Columbia U (@CampusJewHate) June 13, 2024
Les échanges de textos ont eu lieu alors que les administrateurs participaient le 31 mai à une table ronde intitulée « La vie juive sur le campus : Passé, présent et futur ». Lors de cette table ronde, un étudiant juif, Brian Cohen, directeur de la branche Hillel à Columbia, et deux autres intervenants ont discuté de l’antisémitisme au sein de l’établissement universitaire depuis le 7 octobre.
» Venant de la part de personnes tellement privilégiées « , a écrit Chang-Kim. « Difficile d’entendre le discours sur ‘mes malheurs’, nous devons nous réfugier au Kraft Center », en référence au centre des étudiants juifs de Columbia, où le centre Hillel est basé.
« Oui. Aveugles à l’idée que les Juifs qui ne soutiennent pas Israël n’ont aucun espace pour se rassembler », a répondu Kromm.
Alors que Cohen parlait des efforts déployés par les étudiants pour attirer l’attention, Kromm a écrit : « Incroyable ce que les $$$$ peuvent faire ». A un autre moment, pendant que Cohen parlait, Chang-Kim a écrit : « Il est vraiment problématique ! »
Patashnick a écrit : « Il sait exactement ce qu’il fait et doit profiter pleinement de ce moment. Énorme potentiel de collecte de fonds ».
Dans un autre échange, Chang-Kim a écrit « Notre héros » dans un message visiblement sarcastique sur Cohen. Neuf minutes plus tard, Sorett a écrit « ptdr », un acronyme pour ‘par terre de rire’, mais l’on ignore si c’était en réponse à Chang-Kim ou sur un autre sujet. Il n’avait, à l’époque, pas répondu à une demande de commentaire.
Certains de ces messages ont été photographiés par un membre du public, assis derrière l’un des administrateurs pendant la réunion et ont été rapportés par le Washington Free Beacon, un média conservateur.
La Commission de la Chambre des représentants sur l’éducation et la main-d’œuvre, qui enquête sur l’antisémitisme à Columbia et sur d’autres campus, a ensuite obtenu et publié l’intégralité des échanges de textos.
La présidente de la commission, la représentante Virginia Foxx, républicaine de Caroline du Nord, a déclaré dans un communiqué jeudi qu’il était « grand temps » que les doyens démissionnent.
Columbia University deans accused Jewish students of asserting “privilege” — and mocked them for needing a place to “huddle” to avoid antisemitism and harassment on campus, new text messages released Tuesday show.
Associate deans Josef Sorett, Susan Chang-Kim, Matthew Patashnick… pic.twitter.com/Dw4BRsp0HY
— Trisha Posner (@trishaposner) July 3, 2024
« Les actions ont des conséquences, et Columbia aurait dû renvoyer ces quatre doyens il y a plusieurs mois », a affirmé Foxx. « Au lieu de cela, l’université continue d’envoyer des signaux contradictoires, laissant le doyen du Columbia College, Josef Sorett, l’administrateur le plus haut placé impliqué, glisser sous le radar sans véritables conséquences. »
Le mois dernier, en annonçant que les doyens avaient été démis de leurs fonctions, Shafik avait également promis de lancer un « programme vigoureux de formation contre l’antisémitisme et la discrimination » à l’automne, lorsque les cours reprendraient.
« Cet incident a révélé un comportement et des sentiments qui n’étaient pas seulement non professionnels, mais qui touchaient aussi, de manière troublante, à d’anciens tropes antisémites », avait souligné Shafik dans un email adressé à l’époque à la communauté universitaire. « Ces sentiments sont inacceptables et profondément troublants, car ils témoignent du manque de considération pour les préoccupations et les expériences des membres de notre communauté juive. »
L’agitation à Columbia s’est poursuivie cet été, bien qu’il n’y ait pas de cours. Jeudi, des vandales ont dégradé l’appartement d’un cadre supérieur de Columbia, ce qui a suscité la condamnation de la gouverneure Kathy Hochul.