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À Columbia, suspension de 3 administrateurs ayant dénigré les inquiétudes d’étudiants juifs

Une ancienne élève juive a photographié une discussion par texto où des responsables de l'université semblent tourner en ridicule les participants du panel "la vie Juive sur le campus"

Luke Tress est le vidéojournaliste et spécialiste des technologies du Times of Israël

Illustration : Des manifestants anti-Israël et pro-Israël s'affrontant devant l'université de Columbia, le 2 février 2024. (Crédit : Luke Tress)
Illustration : Des manifestants anti-Israël et pro-Israël s'affrontant devant l'université de Columbia, le 2 février 2024. (Crédit : Luke Tress)

New York Jewish Week via JTA — L’université de Columbia a suspendu trois administrateurs qui avaient échangé des messages désobligeants pendant un panel consacré à la vie juive sur le campus, le mois dernier.

Pendant cette discussion, qui avait eu lieu en date du 31 mai, les administrateurs avaient échangé des textos qui raillaient les propos tenus par les intervenants. Dans un exemple précis, l’un des responsables mis en cause avait écrit que le conférencier était « dur à écouter ». L’un des doyens avait estimé, dans un message, que l’un des participants soulevait la question de l’antisémitisme en raison « du potentiel énorme » du sujet « en matière de collecte de fonds ».

Une femme qui se trouvait dans le public, assise derrière l’un des responsables, avait pris des photos des textos, partageant d’abord les clichés avec le Washington Free Beacon, un média conservateur qui s’est emparé de l’incident immédiatement. Une photo a aussi été partagée avec le New York Jewish Week.

Ce sont trois administrateurs qui ont été suspendus aujourd’hui suite à cette polémique, qui fait l’objet d’une enquête. Sont concernés Susan Chang-Kim, vice-doyenne de l’université et responsable des affaires administratives ; Matthew Patashnick, vice-doyen en charge du soutien apporté aux étudiants et aux familles et Cristen Kromm, officielle en charge de la vie universitaire pour les étudiants de premier cycle. Le doyen de l’institution, Josef Sorett, a également pris part aux échanges controversés mais il n’a pas été suspendu.

« Nous sommes déterminés à lutter contre l’antisémitisme et à prendre des actions concrètes et continues pour garantir que le campus de Columbia sera un campus où les étudiants juifs et où tous les membres de notre communauté se sentiront en sécurité, appréciés pour ce qu’ils sont et où ils pourront s’épanouir », a commenté un responsable de l’établissement d’enseignement supérieur auprès du New York Jewish Week dans la journée de vendredi.

« Le doyen du Columbia College a informé son équipe que trois administrateurs ont été mis en congé, hier, sous réserve des résultats d’une enquête qui a été ouverte sur l’incident survenu, il y a plusieurs semaines, lors de la réunion des anciens élèves du College. Le doyen a répété qu’il était déterminé à tirer les leçons de cette situation et des autres incidents survenus l’année passée dans le but de construire une communauté respectueuse et d’ouvrir un dialogue sain », a écrit l’officiel dans un courriel.

Des suspensions qui ont été décidées alors que cette université de l’Ivy League, à New York, fait encore face à des accusations d’antisémitisme sur son campus – des accusations qui sont lancées depuis des mois – dans le contexte de la guerre à Gaza qui avait été déclenchée par l’attaque meurtrière commise par le groupe terroriste du Hamas en Israël, le 7 octobre. Ce jour-là, les hommes armés avaient massacré près de 1 200 personnes dans le sud de l’État juif et ils avaient kidnappé 251 personnes, qui avaient été prises en otage dans la bande de Gaza.

Le campus de Columbia s’était retrouvé au centre de l’attention au mois d’avril quand des étudiants propalestiniens et anti-israéliens avaient dressé un campement sous forme de protestation – une initiative qui avait essaimé dans tous les États-Unis et qui, selon les critiques, avait entraîné un environnement hostile et menaçant pour les étudiants juifs. Plus de cent étudiants avaient été arrêtés dans ce camp de tentes et lors de l’intervention policière qui avait suivi la prise d’assaut d’un bâtiment qui se trouvait sur le campus. L’établissement d’enseignement supérieur avait rapidement annulé, en conséquence, sa cérémonie de remise des diplômes, au mois de mai.

Le campus est aujourd’hui plus calme alors que l’année universitaire vient de s’achever – mais le groupe de travail sur l’antisémitisme mis en place par l’université dans les semaines qui avaient suivi le 7 octobre devrait rendre un rapport consacré aux incidents où des étudiants juifs ont été pris pour cible.

Une pancarte du campement de manifestants pro-palestiniens et anti-israéliens à l’Université Columbia à New York, le 22 avril 2024. (Crédit : AP Photo/Stefan Jeremiah)

Parmi ces incidents, un professeur avait notamment interpellé un étudiant dont le nom était à consonance juive, lui demandant son avis sur la guerre à Gaza, selon un reportage paru dans le quotidien Haaretz. Un autre professeur avait déclaré devant une classe que les médias mainstream « sont la propriété des Juifs ». D’autres auraient poussé leurs étudiants à rejoindre le mouvement de protestation anti-israélien ou ils auraient donné leurs cours au campement, a ajouté le journal.

Pendant la discussion de panel du 31 mai, qui était intitulée : « La Vie juive sur le campus : Passé, présent et avenir », les quatre administrateurs avaient échangé des messages alors que les intervenants évoquaient le problème de l’antisémitisme sur le campus – ce que montrent les photos qui avaient été initialement publiées dans le Free Beacon.

Certains des messages pouvaient être compris de plusieurs manières. « C’est dur à écouter mais je tente de conserver mon ouverture d’esprit », avait écrit Chang-Kim à Sorett. « Ouais », avait répondu ce dernier.

Mais d’autres avaient été clairement plus désobligeants. Sur une image apparaissait ainsi Patashnick, qui évoquait un intervenant non-identifié et qui écrivait : « Il sait très exactement ce qu’il fait et il a tout intérêt à profiter au maximum de ce moment. Un potentiel énorme en matière de collecte de fonds ».

« Beurk », avait répondu Chang-Kim.

Dans un autre échange, Kromm avait rédigé un message en insérant des émoticônes « Vomi » en référence à une lettre ouverte qui avait été écrite par le rabbin du groupe Hillel au sujet de l’antisémitisme sévissant sur le campus, une lettre ouverte intitulée « Actionner la sonnette d’alarme ».

Dans un autre échange qui a été partagé, vendredi, avec le journal New York Jewish Week, Chang-Kim avait parlé par texto avec Sorett pendant une allocution de Brian Cohen, directeur exécutif du groupe Hillel au sein de Columbia. « C’est notre héros », avait écrit Chang-Kim avec sarcasme. « EXPLDR », avait répondu Sorett – ce qui signifie, dans le jargon internet, « explosé de rire. » Sollicité pour un commentaire, Sorett n’avait pas répondu à notre demande au moment de l’écriture de cet article.

L’ancienne élève qui avait pris les photographies – et qui a demandé à conserver l’anonymat pour éviter d’éventuelles représailles – a indiqué au journal New York Jewish Week qu’elle avait été « choquée » par la teneur des échanges et qu’elle avait pris les photos parce qu’elle avait le sentiment que « pour une raison ou une autre, on ne croit pas les Juifs et avancer des éléments qui prouvent ce phénomène est essentiel ».

Elle a ajouté que « l’image que j’ai de ce que doit être un doyen d’université, avec la dignité que confère une telle fonction, est à l’opposé de ce à quoi j’ai pu assister ici ».

Un responsable du comité des anciens élèves de Columbia, très au courant de ce qui s’est passé, a indiqué que Sorett avait discuté de l’affaire avec les administrateurs dans la journée de lundi. Des administrateurs qui ont été mécontents de la manière dont Sorett a géré le cas, estimant qu’il avait minimisé une problématique pourtant importante au sein de l’université.

Le responsable du comité des anciens élèves a indiqué qu’avant l’apparition du texto « EXPLDR », les hauts-responsables avaient pensé que Sorett ne méritait pas d’écoper d’une sanction dans la mesure où il n’avait lui-même transmis aucun message désobligeant. Aujourd’hui, les discussions sur son éventuel remplacement sont en cours, a-t-il ajouté.

Les intervenants, en plus de Cohen, étaient le doyen de la faculté de droit Dean David Schizer qui co-préside le groupe de travail consacré à l’antisémitisme ; Rebecca Massel, une étudiante en journalisme qui travaille aussi pour le Columbia Spectator, le journal du campus et Ian Rottenberg, le directeur du Centre pour la vie religieuse de l’université.

La Commission de l’Éducation du Congrès, qui enquête actuellement sur la question de l’antisémitisme à Columbia et dans d’autres établissements d’enseignement supérieur – elle a organisé une série d’audiences explosives qui ont été consacrées au sujet – a demandé à l’université de lui fournir les textos avant le 26 juin.

Les étudiants anti-israéliens, pour leur part, se sont engagés à continuer leur mouvement de protestation, même si l’année universitaire est dorénavant terminée. Des groupes d’étudiants de New York City et de ses alentours, notamment de Columbia, ont déclaré « un été de résistance, » promettant « des actions non-stop » dans les prochains mois. Une manifestation a ainsi eu lieu, vendredi, au Hunter College. Les groupes de Columbia et d’autres universités de New York affichent un soutien de plus en plus ouvert aux factions terroristes palestiniennes depuis quelques semaines.

Jeudi, l’organisation qui avait pris la tête du mouvement anti-israélien à Columbia, Columbia University Apartheid Divest, a publié sur Instagram des photos d’actes de vandalisme qui ont été commis dans la station de métro qui fait face à l’entrée de l’université, évoquant « une contribution anonyme ».

Le graffiti disait « Intifada », en référence aux deux soulèvements contre Israël des terroristes palestiniens. Au début des années 2000, une série d’attentats kamikazes à la bombe avait ainsi été commise contre des civils. Une autre inscription, « FU Columbia », comportait des triangles roses inversés, un symbole dont le Hamas est à l’origine.

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