Combats et état d’urgence en Ethiopie : plusieurs Israéliens mis hors de danger
13 Israéliens et 7 autres ressortissants étrangers ont été extraits de Gondar ; le Conseil natioral de Sécurité envisage d'envoyer un convoi de sauvetage armé
Plus d’une dizaine d’Israéliens se trouvant dans le nord de l’Éthiopie, déchirée par la guerre, ont été mis hors de danger par les sauveteurs, selon les médias israéliens, lundi en fin de journée, alors que l’on s’attend à ce que Jérusalem intervienne pour mettre ses citoyens à l’abri à mesure que les affrontements entre la population locale et l’armée s’intensifient.
Quelque 50 ressortissants israéliens ainsi que 60 autres personnes pouvant prétendre à la citoyenneté israélienne se trouveraient dans la région de Gondar, dans le nord de l’Éthiopie, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères publié vendredi. Ce communiqué les exhorte à se mettre à l’abri, alors que le Conseil des ministres éthiopien a décrété l’état d’urgence dans la région.
Les affrontements et les manifestations de masse dans la région de Gondar se sont intensifiés ces derniers jours en raison d’un projet visant à intégrer les forces régionales dans l’armée. Le gouvernement fédéral a tenté de centraliser les pouvoirs en matière de sécurité après la fin d’un conflit dévastateur qui a duré deux ans dans la région du Tigré, où les forces et les milices régionales Amhara étaient les principales alliées de l’armée fédérale.
Les habitants de la région d’Amhara, durement touchés par ce conflit, accusent le gouvernement fédéral de vouloir affaiblir leur région. Dimanche, le gouvernement fédéral éthiopien a déclaré avoir perdu le contrôle de certains districts et de certaines villes de la région au profit de miliciens.
Depuis la semaine dernière, les habitants de la région d’Amhara ont signalé des combats, des miliciens ayant attaqué des unités de l’armée et des manifestants ayant bloqué des routes. Les vols à destination de Gondar et d’une autre ville touristique populaire, Lalibela, ont été suspendus. L’accès à Internet a été perturbé.
Lundi matin, les équipes de PassportCard et de Magnus Search and Rescue, en coordination avec les autorités locales, les diplomates israéliens à Addis Abeba et le ministère des Affaires étrangères à Jérusalem, ont réussi à joindre 13 Israéliens et sept ressortissants étrangers dans la ville de Debark, au nord de Gondar, a rapporté Walla.
Le groupe a été amené à la ville de Shire, près de la frontière avec l’Érythrée, et devrait être transporté par avion à Addis Abeba, a rapporté le média. Magnus Search and Rescue travaille avec des compagnies d’assurance voyage pour venir en aide aux Israéliens à l’étranger.
Vendredi, le ministère des Affaires étrangères a appelé les Israéliens à rester dans des lieux sûrs et à essayer de maintenir le contact avec l’ambassade à Addis Abeba, tout en exhortant les autres à reconsidérer leurs projets de voyage dans le pays.
Le Conseil national de sécurité d’Israël a tenu une réunion d’urgence lundi pour examiner les moyens de sauver les Israéliens de Gondar, a rapporté la Douzième chaîne.
Le reportage, qui affirme que 70 Israéliens sont bloqués dans la région de Gondar, indique que les responsables ont discuté de l’envoi d’un convoi de sauvetage armé, en coordination totale avec l’armée éthiopienne et la milice rivale, pour une mission qui durerait 14 heures.
Happening now in Gondar #AmharaResistance pic.twitter.com/D4FRV4eVuo
— ????Soስna (እሙ????)???????? (@Emuye06) August 7, 2023
Depuis des décennies, Gondar abrite la communauté Falash Mura d’Éthiopie, qui fait pression pour obtenir le droit d’émigrer en Israël, arguant de son héritage juif. Des milliers de personnes se trouveraient encore dans des camps à Gondar et ailleurs, dans l’attente de l’autorisation d’émigrer.
Selon le reportage, toute opération de sauvetage n’impliquerait pas d’efforts pour faire venir les Éthiopiens qui attendent d’immigrer. Alors qu’Israël a ramené des milliers d’Éthiopiens de la communauté Beta Israel lors d’une série d’opérations de sauvetage audacieuses dans les années 1980 et 1990, les responsables craignent maintenant des images similaires à celles qui ont été vues lorsque les États-Unis se sont retirés d’Afghanistan en 2021, avec des mères jetant leurs bébés sur ceux qui partaient et des personnes s’accrochant à l’extérieur des avions.
Le réseau a déclaré que les Israéliens imploraient des secours le plus rapidement possible, signalant des explosions et des tirs constants et des corps gisant dans les rues, tout en craignant que la nourriture et l’eau ne viennent à manquer.
La deuxième région la plus peuplée d’Éthiopie est en proie à l’instabilité depuis avril, lorsque les autorités fédérales ont décidé de désarmer les forces de sécurité d’Amhara après la fin de la guerre dévastatrice qui a duré deux ans dans la région voisine du Tigré. L’année dernière, les autorités ont également tenté de démanteler la milice informelle amhara connue sous le nom de Fano.
En mai, trois Éthiopiens de Gondar qui attendaient d’immigrer en Israël ont été tués lorsque les forces gouvernementales ont ouvert le feu lors d’une manifestation.
L’état d’urgence décrété la semaine dernière interdit plusieurs activités, y compris les manifestations. Les contrevenants risquent jusqu’à 10 ans d’emprisonnement. Le décret accorde également aux autorités la possibilité de détenir des suspects sans décision de justice, de procéder à des perquisitions et d’imposer des couvre-feux.
Le décret précise que ces pouvoirs s’appliquent à la région d’Amhara, mais qu’ils peuvent être étendus à d’autres parties de l’Éthiopie si cela s’avère nécessaire.