3 Ethiopiens qui attendaient leur alyah tués dans des combats à Gondar
Les victimes faisaient partie des milliers de candidats à l'émigration relevant des Falash Mura
Trois citoyens éthiopiens qui attendaient, à Gondar, pour partir rejoindre leur famille en Israël ont été tués dans des fusillades liées à un conflit au sein des forces armées, a déclaré jeudi un coordinateur de la communauté.
Selon une personne de Gondar qui vient en aide aux candidats à l’immigration en Israël et qui a expressément demandé à rester anonyme pour des raisons de sécurité, les victimes ont trouvé la mort plus tôt ce mois-ci, dans la ville de Gondar, où les forces spéciales de la région éthiopienne d’Amhara se sont soulevées, opposées à la décision prise par le gouvernement de les dissoudre.
« Les soldats des forces spéciales ont tiré sans discernement, sans viser, et les balles ont fini par toucher des gens qui vaquaient à leurs occupations à Gondar. Malheureusement, il y a eu des victimes », a déclaré la source au Times of Israel, ajoutant que six autres candidats à l’immigration en Israël, parmi lesquels un garçon au moins, avaient été blessés mais s’étaient rétablis.
Joseph Feit, président de Struggle to Save Ethiopian Jewry [NDLT : Sauvons la communauté juive éthiopienne], ONG qui coordonne l’aide aux candidats à l’immigration en Israël en Éthiopie, a confirmé les décès, ajoutant qu’il n’y avait aucune raison de croire que les trois victimes avaient été victimes d’antisémitisme.
Les victimes étaient membres d’une communauté connue sous le nom de Falash Mura – péjoratif pour certains – dont les ancêtres étaient des Juifs convertis de force au christianisme au 19e siècle. La procédure d’immigration que leur impose Israël est plus compliquée que celle qui prévaut pour les Juifs éthiopiens dont les ancêtres n’ont pas été convertis de force, connus eux sous le nom de Beta Israël.
Depuis 1992, les gouvernements israéliens qui se sont succédés ont autorisé l’entrée d’au moins 25 000 Éthiopiens qui n’étaient pas des bêta-israéliens, soit un quart du nombre total d’Éthiopiens installés en Israël, à la demande de Juifs éthiopiens bêta-israéliens désireux de faire venir leurs parents non bêta-israéliens.
Les Éthiopiens non bêta-israéliens ne sont autorisés à devenir israéliens que s’ils ont déjà de la famille en Israël, en vertu d’un décret gouvernemental distinct de la Loi du retour pour les Juifs et leurs proches.
Leur naturalisation est conditionnée à une conversion au judaïsme orthodoxe. Les dirigeants communautaires et proches de la communauté assurent qu’ils sont juifs : un grand nombre d’entre eux prient à la synagogue ou dans les centres communautaires mis en place pour eux par l’ONG Struggle to Save Ethiopian Jewry.
Certains candidats à l’immigration attendent des années la réponse à leur demande, auxquelles s’en ajoutent d’autres dans l’attente de la délivrance de l’autorisation définitive et des billets d’avion, inabordables pour nombre d’Éthiopiens, dans un pays où le salaire mensuel moyen est d’environ 130 dollars. La plupart des candidats ont des parents au premier degré qui ne sont pas admissibles à l’immigration.
Les Juifs éthiopiens sont divisés sur la question des descendants des convertis de force. Certains, parmi lesquels des chefs religieux, estiment qu’ils sont juifs. Par le passé, les autorités rabbiniques, dont le défunt grand rabbin Ovadia Yosef, affirmaient qu’ils étaient effectivement juifs. Mais il est des Juifs éthiopiens, aujourd’hui, qui contestent la validité du jugement envers les Éthiopiens qui attendent d’immigrer.
En 2020, le gouvernement et l’Agence juive ont lancé une initiative pour faire venir en Israël 3 000 d’entre eux, issus de la communauté des descendants, dans le cadre d’une opération baptisée Zur Israël. L’opération, retardée par la COVID-19 et le déclenchement de multiples conflits en Éthiopie, se poursuit.