Comme l’an dernier, Washington appelle Israël à la retenue avant le Ramadan
Les conseillers de Biden, Sullivan et Blinken, ont partagé leurs inquiétudes lors de leurs visites, ils craignent une nouvelle recrudescence des tensions pendant les fêtes
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
L’administration Biden a déclaré, pour la deuxième année consécutive, le mois sacré musulman du Ramadan comme un catalyseur potentiel de nouvelles éruptions de violence entre Israéliens et Palestiniens.
De hauts responsables américains ont profité de leurs visites à Jérusalem ces deux dernières semaines pour exhorter Israël à prendre des mesures préventives dans les semaines à venir afin de s’assurer que cette période sensible ne soit pas marquée par de nouvelles effusions de sang, ont déclaré jeudi au Times of Israel et sous couvert d’anonymat, deux responsables américains et israéliens.
Le mois sacré du calendrier musulman doit commencer autour du 22 mars.
Les discussions sur les efforts visant à désamorcer les tensions en sont encore à leurs débuts et aucune demande spécifique n’a été faite à Israël par le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan, en visite en Israël la semaine dernière, ni par le secrétaire d’État Antony Blinken, en visite dans le pays cette semaine, a déclaré le responsable israélien.
Les principaux assistants de M. Biden ont néanmoins clairement fait savoir que les États-Unis étaient préoccupés par cette question et ont demandé à leurs homologues israéliens comment ils envisageaient de l’aborder.
Selon le responsable américain, lors des réunions avec Sullivan et Blinken, l’accent aurait été mis sur une confirmation de la part d’Israël du respect du statu quo sur le mont du Temple de Jérusalem, qui voit une hausse notoire du nombre de visiteurs palestiniens pendant le Ramadan.
« Nous avons des raisons de penser que les violences risquent d’être pires cette année, étant donné que le nouveau gouvernement israélien est plus enclin à agir de manière punitive. Le Premier ministre Netanyahu semble toutefois tenir à maintenir le calme afin de pouvoir se concentrer sur la question de l’Iran et de la normalisation avec l’Arabie saoudite, ce qui aura un impact sur ses décisions », a déclaré un ancien fonctionnaire américain connaissant bien le dossier.
Le fonctionnaire israélien a déclaré que le Premier ministre Benjamin Netanyahu, lors des deux réunions, a assuré l’administration Biden qu’il n’autoriserait pas les violations de la politique non écrite, selon laquelle les musulmans sont autorisés à prier sur le mont du Temple, tandis que les non-musulmans ne peuvent s’y rendre que pendant certains créneaux horaires.
Selon le responsable israélien, les États-Unis n’auraient pas demandé à Netanyahu d’empêcher le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, de se rendre une nouvelle fois sur le site sensible. Sa visite du site le mois dernier a suscité une avalanche de condamnations à travers le monde.
Le représentant spécial des États-Unis pour les Affaires palestiniennes, Hady Amr, et la secrétaire d’État adjointe aux affaires du Proche-Orient, Barbara Leaf, sont restés après le départ de Blinken, mardi, pour s’entretenir avec des responsables israéliens et palestiniens dans le but de parvenir à établir une série de mesures pouvant être appliquées dans les semaines à venir pour désamorcer les tensions, a déclaré le responsable américain.
L’ancien fonctionnaire, qui a précédemment servi dans une administration démocrate, a déclaré que les États-Unis « devront viser bas en termes de ce qu’ils peuvent accomplir. »
La source a expliqué que l’Autorité palestinienne (AP) a « une liste de dix mesures unilatérales » auxquelles elle s’oppose à Jérusalem-Est et en Cisjordanie.
Cette liste comprend la création d’implantations, la légalisation d’avant-postes, les raids de l’armée israélienne dans la zone A de la Cisjordanie contrôlée par l’Autorité palestinienne et les violations du statu quo sur le Mont du Temple.
Alors que l’AP a exhorté les États-Unis à obtenir d’Israël qu’il s’engage à cesser ce type d’opération, l’ancien fonctionnaire américain a déclaré que de telles « garanties publiques » de la part du nouveau gouvernement dur de Netanyahu étaient « très improbables ».
Les responsables de Biden ont eu des conversations similaires avec leurs homologues israéliens et palestiniens au cours des mois précédant le Ramadan de l’année dernière. À l’époque, les responsables craignaient que la convergence du ramadan, de Pessah et des fêtes de Pâques sur la même période ne provoque des frictions religieuses.
À l’époque, les États-Unis avaient également exhorté Israël à prendre des mesures préventives pour maintenir le calme avant et pendant le Ramadan, notamment en suspendant les expulsions et les démolitions de maisons et en renforçant la présence policière dans la Vieille Ville et ses environs.
Le pays était alors dirigé par les anciens Premiers ministres Naftali Bennett et Yair Lapid, dont le gouvernement d’unité modérée s’était efforcé de s’aligner à Washington.
Un an plus tôt, les tensions vaguement liées au Ramadan avaient dégénéré en une guerre entre Israël et le Hamas à Gaza ainsi qu’en une violence endémique dans les rues des villes mixtes juives et arabes.
La période précédant le Ramadan 2022 a été marquée par d’importantes effusions de sang, avec notamment des attaques terroristes en mars à Beer Sheva, Hadera et Bnei Brak, au cours desquelles 11 Israéliens et ressortissants étrangers ont été tués. Quatre autres civils ont été tués dans des attaques par balles à Tel Aviv et dans l’implantation d’Ariel vers le début et la fin du mois sacré.
Quatre autres personnes ont été tuées dans une attaque à l’arme blanche à Elad quelques jours après le Ramadan, dont une personne qui a succombé à ses blessures mercredi. Cette attaque avait coïncidé avec le jour de l’indépendance d’Israël.
Durant à peu près la même période – de fin février à fin mai 2022 – 57 Palestiniens ont été tués par les forces israéliennes, selon l’ONU. La plupart de ces décès, mais pas tous, ont eu lieu lors d’affrontements avec les troupes ou de raids de Tsahal dans les villes palestiniennes.