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Comment la BBC a échoué à mettre en garde contre la Shoah en Hongrie

75 ans après la marche des nazis vers la Hongrie, le ToI a enquêté pour savoir si le radiodiffuseur d'Etat britannique a fait trop peu - trop tard - face à la Solution finale

Photo d'illustration : Anthony Eden uvre une réubion du Conseil de l'organisation pour la coopération économique européenne à Paris, entre 1948 et 1957. (Crédit : Domaine public)
Photo d'illustration : Anthony Eden uvre une réubion du Conseil de l'organisation pour la coopération économique européenne à Paris, entre 1948 et 1957. (Crédit : Domaine public)

LONDRES — Le 17 décembre 1942, le secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères britanniques, Anthony Eden, se levait de son siège à la chambre des Communes et révélait que les nazis étaient en train de mettre en oeuvre la menace souvent répétée par Hitler « d’exterminer le peuple juif en Europe ».

Il avait ensuite condamné cette « politique bestiale d’extermination de sang-froid ».

Après avoir fait cette déclaration – effectuée en coordination avec d’autres gouvernements alliés – les députés s’étaient tenus debout et ils avaient observé une minute de silence.

A ce moment-là, le radiodiffuseur public au Royaume-Uni, la BBC, avait déjà apporté la preuve du meurtre massif de Juifs dans l’est de l’Europe.

Les informations portant sur les horreurs qui étaient en train d’être commises avaient également été répercutées sur le continent, par le biais de canaux européens – comme le service polonais de la BBC, en Pologne – là où étaient en train de se produire les plus grands crimes.

Mais il y a eu toutefois une exception bizarre et troublante : Le silence des programmes de la BBC, en Hongrie, concernant le destin qui avait été réservé aux Juifs.

Ce silence avait été une politique délibérée. Une politique qui, de surcroît, était restée en place jusqu’au moment où les Allemands – qui craignaient à juste titre que le dirigeant autoritaire de la Hongrie, l’Amiral Miklós Horthy, ne renonce à l’allégeance qu’il avait prêtée aux puissances de l’Axe et ne change de camp – ont occupé le pays, il y a aujourd’hui 75 ans.

La position des Juifs hongrois est longtemps restée précaire.

Ils avaient subi une série de lois et de restrictions antisémites dans le pays – dont les toutes premières avaient largement précédé l’accession de Hitler au pouvoir – et un grand nombre de membres de la communauté étaient morts après l’enrôlement d’environ 50 000 hommes dans les bataillons de travail, qui avaient été envoyés sur le front oriental.

Les Hongrois avaient également été complices dans d’autres atrocités. Des milliers de Juifs non-hongrois avaient été livrés aux nazis par le régime de Horthy et massacrés ensuite en Ukraine.

Les forces hongroises avaient aussi assassiné approximativement 3 000 Juifs et autres civils à Novi Sad, dans le nord de la Serbie, au mois de janvier 1942.

Mais les pressions répétées exercées par les Allemands pour obtenir la déportation des Juifs hongrois avaient été jusque-là rejetées par le gouvernement de Miklós Kállay, Premier ministre de l’époque.

Et en effet, lorsque les informations des massacres, en Ukraine, étaient arrivées à Budapest, les déportations avaient cessé et cinq officiers avaient été traduits devant la cour martiale pour les meurtres commis à Novi Sad.

Et ainsi, à la veille de l’occupation allemande, au mois de mars 1944, la communauté juive hongroise était la plus importante – et la dernière – de toute l’Europe continentale à avoir été majoritairement préservée de la Solution finale.

Cette photo fournie par le musée de commémoration de la Shoah américain montre des soldats hongrois en train d’exécuter des Serbes et des Juifs rue Miletic Street à Novi Sad, en Yougoslavie, le 23 janvier 1942 (Crédit : AP Photo/ Musée d’histoire juive de Belgrade via le musée de commémoration de la Shoah américain)

Le service hongrois de la BBC avait finalement rompu le silence au sujet de l’extermination des Juifs en date du 24 mars 1944, cinq jours après l’entrée des chars d’Hitler à Budapest.

Il avait alors commencé à diffuser des appels à l’aide désespérés lancés aux Hongrois d’assister les Juifs en péril, des appels à la résistance contre les occupants allemands et des mises en garde sur les peines qui seraient infligées à ceux qui seraient amenés à collaborer avec les nazis.

« Dans le passé, il y a eu de nombreuses personnes en Hongrie qui ont laissé s’exprimer leur humanité en aidant les Juifs et les autres victimes des Allemands qui avaient fui en Hongrie », avait suggéré un programme diffusé le 24 mars. « Aujourd’hui, tous les Hongrois qui viennent en aide aux victimes des persécutions n’agissent pas seulement avec humanité mais en plus, ils se mettent au service de leur nation, parce que leur agissements pourront être portés au crédit de leur pays par les Nations unies lors de l’ultime jugement ».

Cela avait été néanmoins trop tard. En quelques semaines, les nazis, aidés et encouragés par les autorités hongroises, avaient mis en marche le meurtre de presque un demi-million de Juifs hongrois.

Alors pourquoi cela a donc pris à la BBC autant de temps pour parler de la Solution finale aux Juifs hongrois, et pourquoi cette approche en Hongrie a-t-elle contrasté de manière si forte avec les autres pays d’Europe ?

Un silence stratégique

La réponse à ces questions se trouve dans une note de service préparée, deux années auparavant, par le plus grand spécialiste britannique de la Hongrie, le professeur Carlile Aylmer Macartney.

Macartney avait suivi la riche carrière d’un homme appartenant à l‘Establishment britannique : Ancien diplomate à Vienne, agent des services secrets, universitaire à Oxford et conseiller, pendant la guerre, du Foreign Office.

Début 1942, Macartney avait travaillé avec le PWE (Political Warfare Executive), une instance gouvernementale qui supervisait les programmes de la BBC à l’étranger.

Elle avait pour objectif de réduire le soutien militaire et l’approvisionnement apportés par les Hongrois à l’Allemagne et « d’obliger l’Allemagne à envoyer un certain nombre de troupes en Hongrie, soit en tant que sauvegarde contre d’éventuels troubles et actes de sabotage, soit en tant que force occupante ».

Photo d’illustration : Les troupes des croix fléchées et les troupes allemandes à Budapest en octobre 1944 (Crédit : Bundesarchiv bild)

Pour résumer, le gouvernement britannique, à travers la BBC, avait tenté de brouiller l’Allemagne nazie et la Hongrie et d’enchaîner les forces de Hitler à l’est.

Comme Gabriel Milland, qui a étudié cette approche de la Solution finale, l’affirme : « Le rôle fondamental du service hongrois de la BBC… était de servir d’arme de guerre politique ».

Mais elle avait toutefois posé un dilemme.

« Pour garantir cette influence, il fallait tout d’abord toucher un public et répondre à ses instincts », note Milland.

Macartney avait suivi son plan avec une note conseillant la BBC sur les contenus les plus susceptibles d’en appeler à ces instincts et sur les sujets à éviter.

Parmi ces derniers, selon Macartney, figuraient le communisme, les grandes entreprises et le capitalisme, l’aristocratie, le libéralisme et la démocratie ainsi que « les Juifs en général ».

Le sujet des Juifs, avait clamé Macartney, ne devait tout simplement pas apparaître dans les grilles de diffusion en Hongrie : « Nous ne devons pas mentionner les Juifs du tout, sauf pour dire que d’un côté, nous voulons une Hongrie nationale et de l’autre, une Hongrie tolérante – un appel aux traditions hongroises, qu’elles soient réelles ou imaginaires ».

Sous-jacent au conseil de Macartney, ce que lui-même appelait le « vote flottant » hongrois.

La « grande majorité » des Hongrois, avait-il dit, n’était ni pro-nazie, ni pro-britannique.

« Les irréconciliables de chaque côté sont vraiment très peu nombreux et ils incluent quelques Magyars [Hongrois ethniques] ; le groupe pro-allemand irréconciliable est majoritairement Swabian [en référence aux Hongrois germanophones] et les pro-Britanniques sont les Juifs », avait-il affirmé.

Et il était, avait-il continué, « plus important de gagner ce vote flottant pour plaire à ces partisans fidèles ».

Afin de gagner une audience en Hongrie, aidant ainsi à l’effort de guerre allié, avait estimé Macartney, il fallait que la BBC prenne en compte l’antisémitisme présumé d’une grande partie de la population hongroise.

D’autres politiques anti-juives de la BBC

Le professeur Frank Chalk s’exprime lors de la commémoration du 99ème anniversaire du génocide arménien à Montréal, en 2014 (Capture d’écran : YouTube)

Alerté sur l’existence de la note en 2012 par le professeur Frank Chalk, directeur de l’institut de Montréal d’études sur les génocides et les droits de l’Homme, le programme « Document » diffusé sur la chaîne de radio de la BBC a décidé de mener l’enquête.

En épluchant les archives du parti, il s’est révélé que la stratégie de Macartney n’était pas sortie de nulle part.

Elle avait été une réponse apportée aux inquiétudes continues portant sur une proximité trop étroite entre le service hongrois et les Juifs.

Une note interne de la BBC du mois de décembre 1939, par exemple, avait détaillé les critiques reçues par le radiodiffuseur – à savoir que les annonceurs du service avaient des voix « qui ressemblent à des voix de Juifs » et que l’équipe du service hongrois, constituée de de six personnes, était « purement juive, ou juive de manière prépondérante ».

Une autre note de service, 18 mois plus tard, avait montré que les critiques n’avaient pas cessé. « L’une des critiques principales de nos diffusions », disait-elle, « évoque des accents juifs ».

Et il a donc été nécessaire d’introduire « un noyau de voix aryennes ».

Le compte-rendu d’une réunion, à laquelle Macartney et d’autres avaient assisté, qui avait été l’occasion de débattre des défauts présumés du service, disait sarcastiquement que « pour le moment, [les auditeurs ont le sentiment que] les programmes sont écrits et retransmis par des piliers de bar hongrois pour d’autres piliers de bar à Budapest avec, au final, peu d’utilité ».

Le personnel présent devait, en conséquence, être limogé et des contenus « plus appropriés à la masse des citoyens hongrois » diffusés.

Le plan de Macartney qui avait suivi avait été mis en oeuvre avec assiduité par le service hongrois au cours des deux années suivantes, l’historien lui-même devenant un intervenant régulier.

Ses programmes évoquaient en hongrois la vie en Grande-Bretagne et faisaient l’analyse de la situation dans le monde. Il parlait également de la politique suivie par la Hongrie en temps de guerre. Ses interventions, a estimé un universitaire hongrois, « maintenaient un équilibre difficile entre le soutien au régime hongrois et la critique de sa soumission à une politique étrangère… ouvertement pro-allemande ».

Le Régent de Hongrie Miklós Horthy de Nagybánya avec Adolf Hitler, année non précisée. (Crédit : Wikimedia Commons)

Mais, comme le programme « Document » de la BBC l’a aussi révélé, la stratégie de Macartney – et l’impression qu’il affichait une trop grande sympathie pour le régime de Horthy – aura suscité l’inquiétude dans les cercles du gouvernement, entraîné le trouble du service et la colère des Hongrois vivant en Grande-Bretagne.

Au mois d’août 1942, Robert Bruce Lockhart, directeur-général du PWE, était intervenu.

« Je n’ai jamais été très satisfait de l’orientation générale prise par notre politique de propagande en direction de la Hongrie », avait écrit Lockhart dans un courrier adressé au chef du service hongrois de la BBC. « L’image d’une Hongrie pro-britannique a toujours eu quelque chose de l’ordre de l’illusion optique ».

Il fallait, avait-il ordonné, « accorder un repos à Macartney, loin des ondes ».

Ces inquiétudes n’avaient pas semblé néanmoins provoquer un changement marqué dans le ton ou l’orientation des programmes, même après l’intervention d’Eden devant le Parlement, au mois de décembre 1942.

L’historienne officielle en charge des archives de la BBC, Jean Seaton, devait admettre devant l’équipe de « Document » qu’elle n’avait trouvé aucune preuve dans les archives auxquelles elle avait eu accès de ce que cette annonce ait entraîné une discussion interne sur la manière dont la corporation pouvait aider à – selon ses propres mots – « sauver les Juifs d’Europe ».

Une mise en garde restée lettre morte

Il est possible de soutenir toutefois que la BBC a eu, en réalité, une responsabilité particulière vis-à-vis des Juifs de Hongrie. La stratégie qu’elle avait adoptée – même si c’était au nom du PWE – devait forcer Hitler à envoyer des troupes en Hongrie.

Une telle initiative – on le savait dès 1942 – aurait des conséquences terribles pour la communauté juive du pays.

Au mois d’octobre 1943, l’Agence juive, à Londres, avait averti le Foreign Office que toute défection de Horty en faveur des Alliés provoquerait à ce moment-là l’invasion allemande.

Le résultat en serait « l’extermination de la dernière communauté juive la plus importante restant en Europe ».

Mais dans ses recherches intensives sur le sujet, Chalk n’a jamais détecté de signe que ces inquiétudes aient entraîné une remise en cause de la stratégie.

Des soldats allemands et hongrois emmènent des Juifs arrêtés au théâtre Varosi de Budapest, en octobre 1944 (Crédit : Bundesarchiv bild)

« Je n’ai trouvé aucune preuve dans les archives », a-t-il écrit, « de ce que les Britanniques aient demandé à la Hongrie de reporter la rupture de son alliance avec l’Allemagne, ou de ce qu’ils aient pris en compte les vies des Juifs hongrois ».

« La politique britannique et le service hongrois de la BBC ne travaillaient que pour atteindre un seul objectif : Faire avancer la cause d’une victoire des Alliés », a-t-il ajouté. Pour le gouvernement britannique, bien sûr, cet objectif et la fin de la Solution finale étaient indissociables.

Et pourtant, au cours des premiers mois de l’année 1944, avant l’occupation allemande, le service hongrois avait recommandé de manière répétée de commettre des actes de résistance, encourageant un soulèvement pour augmenter la pression exercée sur le régime de Horthy.

Comme Milland l’a détaillé de manière exhaustive, après l’entrée des Allemands en Hongrie, la BBC devait commencer à émettre des bulletins et à diffuser des programmes soulignant la menace imminente à l’encontre des Juifs du royaume.

Le 25 mars, par exemple, elle avait diffusé une déclaration de Roosevelt sur les crimes de guerre et la nécessité de protéger « les centaines de milliers de Juifs qui ont trouvé un refuge sûr en Hongrie face à la mort – et qui sont dorénavant menacés d’extermination ».

Les Hongrois pouvaient résister aux nazis, avait clamé un programme diffusé le lendemain, en faisant « de leur mieux pour aider tous ceux, Hongrois ou autres, qui sont persécutés par les Allemands et par leurs agents dans le pays ».

Il y avait eu aussi des avertissements insistants sur les jugements qui, après la guerre, s’abattraient sur les Hongrois ayant participé à « faire couler le sang des innocents », comme l’avait dit un programme.

De tels individus, avait-il été précisé, seraient « punis sans pitié ». Le PWE avait aussi donné pour instruction au service hongrois de diffuser des propos de Roosevelt, qui avait affirmé que les responsables des autorités hongroises dont la participation à des « persécutions raciales » serait avérée devraient répondre de « crimes de guerre ».

Les programmes en avaient appelé avant tout au patriotisme hongrois en le reliant à la destinée réservée aux Juifs et en présentant des rappels sans équivoque des actions héroïques des Danois.

« Ce qui est en jeu, en Hongrie, c’est la réputation de sa population, la question est de savoir si oui ou non… dans une communauté de nations libres, le nom du pays sera entaché de l’insigne jaune de la lâcheté et de la pusillanimité », avait dit l’un d’eux.

Des soldats allemands et hongrois emmènent des Juifs arrêtés au théâtre Varosi de Budapest, en octobre 1944 (Crédit : Bundesarchiv bild)

Le service hongrois avait également essayé de cibler soigneusement ses appels. Ainsi, des personnalités religieuses comme l’archevêque de Canterbury avaient été déployées pour transmettre des messages aux « chrétiens de Hongrie », leur disant que leur « foi chrétienne » exigeait qu’ils fassent tout ce qui était en leur pouvoir pour venir en aide aux Juifs persécutés.

Les syndicats avaient eu également l’occasion de s’exprimer au micro pour lancer un appel aux ouvriers des principales industries, comme le transport ferroviaire.

Une majorité de questions sans réponses

Toutefois, il reste des questions difficiles sur la raison pour laquelle le service hongrois – malgré ses appels lancés au nom des Juifs « persécutés »- semble avoir tardé à transmettre des informations portant sur la déportation et très certainement les meurtres de masse, alors que les autres branches de la BBC le faisaient déjà.

Et en effet, l’enquête réalisée par Milland sur les programmes suggère que ce n’est que le 1er juillet 1944 que le service hongrois a mentionné pour la toute première fois que les Juifs déportés étaient massacrés dans « un camp allemand célèbre en Galicie polonaise ».

Après, ce sont des messages explicites qui avaient été diffusés. Aux ouvriers du transport ferroviaire hongrois, un syndicaliste britannique éminent avait lancé un simple appel : « Retardez les trains de la mort ! Aidez les Juifs à s’échapper ! »

Il y avait eu toutefois une ironie particulièrement cruelle dans le fait que ces appels aient été diffusés peu de temps après que Horthy – sous les pressions intenses de l’église catholique, des Alliés et de la Suède neutre – ait défié les Allemands en ordonnant que les déportations cessent.

Qu’est-ce qui a pu justifier ce retard du service hongrois à annoncer le début du génocide ? Même sans informations dument confirmées, s’interroge Milland, la BBC ne pouvait-elle pas simplement s’appuyer sur sa connaissance de la destinée rencontrée par les Juifs dans les autres pays occupés par les nazis ? Mais un tel positionnement, continue-t-il, « aurait été contraire à la politique de la BBC qui est de seulement communiquer des informations dont la véracité a été confirmée de manière absolue – ce qui fait crucialement partie de sa stratégie pour s’attacher un public ».

Le leader du parti des Croix fléchées et Premier ministre hongrois installé par les Allemands Ferenc Szalasi entre au palais présidentiel de Sandor, le 18 octobre 1944 (Crédit : Bundesarchiv bild)

Le répit ordonné par Horthy avait néanmoins été trop bref.

Au mois d’octobre, les Allemands avaient finalement destitué ce régent indigne de confiance après la tentative de ce dernier de conclure un armistice avec leurs ennemis. Les Croix fléchées fascistes dirigées par Ferenc Szálasi, qui partageait le même désir que Hitler d’annihiler les 200 000 Juifs hongrois environ qui avaient survécu jusque-là, étaient dorénavant arrivés au pouvoir.

Les déportations avaient commencé et les Croix Fléchées avaient entrepris de massacrer les Juifs de Budapest. Et encore une fois, le service hongrois de la BBC avait gardé le silence sur ces événements tragiques, dans l’incapacité d’obtenir les confirmations qui étaient nécessaires pour diffuser l’information.

Il reste une question difficile, à laquelle il est finalement impossible de répondre : Celle de savoir si le service hongrois aurait pu aider à réduire le nombre de Juifs assassinés par les nazis et leurs collaborateurs hongrois s’il avait agi de manière différente. Les historiens sont divisés sur cette question, comme sur celle de la quantité d’informations qui était parvenue aux Juifs de manière plus générale.

« Il est fortement probable, au vu de l’autorité qu’avait la BBC dans les esprits des Juifs hongrois, que les mises en garde explicites émises spécifiquement dans leur direction auraient brisé les barrières psychologiques qui immobilisaient leur système de défense », écrit Chalk.

Des soulèvements et des actes plus grands de résistance auraient pu suivre, ralentissant le rythme des meurtres et immobilisant les soldats allemands.

« Un très grand nombre de Juifs seraient morts quoi qu’il arrive mais leurs morts en résistant et en tentant de s’échapper aurait eu plus de sens, et la guerre se serait terminée plus rapidement », continue-t-il.

Mais pour Milland, la « réponse simple » à la question de savoir si la BBC aurait pu sauver des vies est « non ».

« Une fois que l’Allemagne a occupé la Hongrie, les Juifs ont été ses prisonniers », écrit-il. « Dans ce contexte, l’impact potentiel et réel de la BBC sur la communauté allemande juive était très limité. »

Et en effet, souligne-t-il, les appels lancés aux Hongrois de venir au secours de leurs voisins juifs étaient largement restés vains.

Feu David Cesarani, l’un des plus grands experts de la Shoah, avait adopté un positionnement similaire.

« Ce n’était pas le travail de la BBC d’avertir les Juifs que les nazis venaient pour les chercher. La responsabilité est ailleurs. La BBC a fait tout ce qu’elle pouvait pour aider à gagner la guerre », avait-il dit devant les caméras de « Document » en 2012.

« Certains auraient pu construire des bunkers, des cachettes, d’autres auraient pu essayer d’obtenir de faux papiers. Mais on parle ici de 750 000 personnes, qui étaient entourées par une population hostile, par des pays qui étaient soit alliés des nazis, soit occupés par les Allemands. Il y avait nulle part où se cacher, nulle part où fuir », avait-il ajouté.

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