« Comment l’extrémisme veut tromper le peuple » : une expo cri d’alarme au Camp des Milles
L'ancien camp d'internement et de déportation des Milles accueille jusqu'en septembre une exposition de décryptage de la propagande nazie et vichyste

L’exposition temporaire, coproduite avec le mémorial de l’Holocauste à Washington, reconstitue une rue du début du XXe siècle, pour rappeler qu’avant l’arrivée des nazis au pouvoir, alors que l’Allemagne était encore en démocratie, la propagande était déjà « au cœur même de la vie » quotidienne, explique Cyprien Fonvielle, directeur du site-mémorial du camp des Milles, un ancien camp d’internement et de déportation.
Depuis les premières affiches et discours antijuifs jusqu’aux procès de Nuremberg après la guerre, en passant par des campagnes haineuses à destination de « clientèles électorales » à choyer (agriculteurs, familles…), l’exposition décrypte ses mécanismes de stigmatisation.
Une salle est consacrée au régime de Vichy, ses affiches « contre l’ordre ancien » et « pour l’autorité », « contre la vaine liberté » et « pour la justice sociale » et son culte du chef auquel les fonctionnaires doivent prêter serment, le maréchal Pétain.
Au-delà de l’aspect historique, « il s’agit de faire œuvre d’éducation, d’alerter, d’appeler à la vigilance les citoyens sur les moyens que les extrémistes emploient pour être portés au pouvoir légalement avant de mettre à bas la démocratie et de soumettre le peuple », explique un panneau introductif.

« On voit la manière complètement insidieuse dont la propagande va prendre place dans le quotidien des gens. Sa base est le mensonge », explique M. Fonvielle, soulignant la responsabilité, au-delà de « la minorité qui exacerbe les tensions », de « la majorité qui reste passive ».
L’exposition fait écho à l’analyse de la « montée des périls » dans la démocratie française que fait la fondation du camp des Milles. Selon son comité scientifique, les crises et déstabilisations, la recherche de boucs émissaires, les insultes et menaces ont conduit ces derniers mois à une nouvelle étape, alliant rejet de élites, désordres et affaiblissement des contre-pouvoirs qui « ouvre la possibilité d’un basculement institutionnel vers l’instauration d’un régime autoritaire ».
L’exposition complète jusqu’au 17 septembre le dispositif muséographique de cet ancien camp d’Aix-en-Provence, établi en « zone libre » sous administration française, où on été internés dans des conditions inhumaines plus de 10 000 personnes. 2 000 juifs qui y étaient internés ont été déportés vers le camp d’extermination nazi d’Auschwitz.