Congrès: 73 Démocrates exhortent Biden à annuler les mesures pro-Israël de Trump
La lettre demande au président de reconnaître que les implantations sont illégales, que la Cisjordanie est occupée et de dénoncer systématiquement les parties qui nuisent à la paix
JTA – Une lettre signée par 73 Démocrates de la Chambre des représentants des États-Unis, dont un certain nombre occupent des postes majeurs, exhorte le président Joe Biden à prendre un certain nombre de mesures pour inverser ce qu’ils appellent « l’abandon par l’administration Trump de la politique américaine bipartisane de longue date » sur les relations israélo-palestiniennes.
La lettre envoyée mercredi demande, entre autres choses, à Joe Biden de considérer fermement les implantations israéliennes comme « illégales » et la Cisjordanie comme « occupée », deux choses que l’administration Trump a déclaré ne plus vouloir faire.
« Faites clairement savoir que les États-Unis considèrent que les implantations sont incompatibles avec le droit international, en publiant à nouveau les directives pertinentes du département d’État et des douanes américaines à cet effet », indique la lettre.
Elle insiste également pour que tous les « documents et communications officiels américains pertinents » fassent « à nouveau systématiquement référence au statut de la Cisjordanie et de la bande de Gaza comme étant occupées ».
Parmi les signataires de la lettre, figurent sept présidents de commission, dont les représentants Rosa De Lauro du Connecticut, qui dirige la puissante commission des Crédits, et John Yarmuth du Kentucky, qui dirige la commission du Budget, ainsi que la présidente adjointe de la Chambre, la représentante Katherine Clarke du Massachusetts.
Sept démocrates juifs ont signé la lettre, dont la représentante Jan Schakowsky de l’Illinois, qui en est à l’origine. Les autres sont les représentants Alan Lowenthal de Californie, Andy Levin du Michigan, Sara Jacobs de Californie, John Yarmuth du Kentucky, Steve Cohen du Tennessee et Jamie Raskin du Maryland.
Donald Trump a bouleversé des décennies de politique américaine dans la région en ouvrant la voie à l’annexion par Israël de certains pans de la Cisjordanie, en reconnaissant la souveraineté d’Israël sur le plateau du Golan et en transférant l’ambassade des États-Unis à Jérusalem.
Les responsables de l’administration Biden ont été réticents à critiquer ouvertement Israël, se méfiant des tensions qui ont assailli l’administration Obama, lorsque ses responsables ont publiquement interpellé Jérusalem sur des différences de politique.
M. Biden a préféré garder ses différends avec Israël derrière des portes closes. Au cours du conflit avec Gaza le mois dernier, il a vigoureusement rejeté les appels de la gauche du parti à faire pression sur Israël pour que ce dernier mette fin au conflit.
Dans une ligne vague mais lourde de sens, la lettre demande à Biden de condamner « systématiquement » dans des déclarations publiques toute « action spécifique qui viole les droits de l’une ou l’autre des parties ou compromet les perspectives de paix ». L’expression ouverte des différences est une pratique que les dirigeants israéliens et la communauté pro-israélienne traditionnelle rejettent catégoriquement.
Mais Biden est favorable à certaines des huit recommandations spécifiques de la lettre, notamment la reprise de l’envoi d’aide aux Palestiniens et la réouverture d’un consulat distinct à Jérusalem pour les relations avec les Palestiniens.
La lettre demande également à M. Biden d’abandonner le plan de paix de M. Trump, qui prévoit l’annexion par Israël de certaines parties de la Cisjordanie. Elle lui demande en outre de faire pression sur Israël pour que le pays mette fin à l’expulsion prévue de familles palestiniennes d’un quartier de Jérusalem-Est – ce qui a contribué à créer un environnement instable à l’origine du violent conflit du mois dernier entre Israël et Gaza.
Le document reflète les appels croissants parmi les Démocrates à adopter une position plus dure avec Israël.
JStreet, groupe politique juif libéral qui s’intéresse au Moyen-Orient, a salué la lettre, notant qu’elle avait été signée par un tiers du groupe parlementaire démocrate. Jeremy Ben-Ami, président de JStreet, a déclaré dans un communiqué qu’il « incombe à l’administration Biden de faire tout ce qui est en son pouvoir pour reconstruire des liens productifs avec les dirigeants palestiniens et de faire savoir très clairement que les États-Unis ne toléreront pas l’expansion illégale des implantations, l’annexion de facto et les déplacements de population ».
La lettre a été envoyée à un moment où le nouveau gouvernement israélien, dirigé par le Premier ministre Naftali Bennett et le ministre des Affaires étrangères Yair Lapid, cherche à réparer les relations avec les Démocrates, érodées sous l’ancien Premier ministre Benjamin Netanyahu.
La politique américaine sur la légalité des implantations au regard du droit international a évolué en fonction des présidents. Les présidents Richard Nixon, Gerald Ford et Jimmy Carter ont insisté sur ce qu’ils considéraient comme l’illégalité des implantations, tandis que Ronald Reagan a déclaré qu’il ne pensait pas que les implantations étaient illégales. Les administrations suivantes ont recommencé à considérer les implantations comme illégales, mais la plupart du temps uniquement lorsque les responsables étaient sommés de clarifier leur position.
Trois des six membres du groupe de représentants progressistes qui ont ouvertement critiqué Israël au Congrès le mois dernier ont également signé : les représentants Ilhan Omar du Minnesota, Ayanna Pressley du Massachusetts et Jamaal Bowman de New York.
Les représentantes Rashida Tlaib du Michigan, Alexandria Ocasio-Cortez de New York et Cori Bush du Missouri n’ont pas signé la lettre. En effet, la missive met l’accent sur le soutien à la solution à deux États, ce que Tlaib rejette, privilégiant un État binational.