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Coronavirus au Moyen-Orient : agir maintenant pour éviter le chaos (OMS)

Selon l'OMS, plus de 111 000 cas de nouveau coronavirus et plus de 5 500 décès ont été enregistrés dans 22 pays de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord

Des bénévoles d'une organisation caritative désinfectent les allées d'un quartier pauvre afin d'endiguer la propagation du virus à Islamabad au Pakistan, le mercredi 15 avril 2020. (AP Photo/Anjum Naveed)
Des bénévoles d'une organisation caritative désinfectent les allées d'un quartier pauvre afin d'endiguer la propagation du virus à Islamabad au Pakistan, le mercredi 15 avril 2020. (AP Photo/Anjum Naveed)

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) estime qu’il est encore temps au Moyen-Orient et en Afrique du Nord de « saisir l’opportunité » d’agir pour éviter le chaos qu’entraînerait une diffusion explosive de la pandémie de Covid-19 dans la région.

« On a vraiment une opportunité pour agir dans la région car l’ascension des cas n’a pas été rapide », explique dans un entretien avec l’AFP jeudi le Dr Yvan Hutin, directeur du département maladies transmissibles au bureau régional de l’OMS en Méditerranée orientale, basé au Caire.

Selon l’organisation onusienne, plus de 111 000 cas de nouveau coronavirus et plus de 5 500 décès ont été enregistrés à ce jour dans 22 pays de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (Mena), que l’OMS étend du Maroc au Pakistan en excluant l’Algérie.

Un bilan modéré, face aux plus de deux millions de cas et 140 000 décès officiellement recensés dans le monde.

Selon le Dr Hutin, il est pour le moment difficile d’expliquer l’ascension restreinte des cas dans la région, hormis en Iran qui déplore plus de 77 000 cas et près de 5 000 décès.

« Il est possible qu’il y ait des facteurs démographiques parce qu’on a affaire à des pays extrêmement jeunes », dit-il avec prudence.

Dans les pays en conflit ou en « situation d’urgence » comme le Yémen, la Libye ou la Syrie, les cas de nouveau coronavirus sont même quasi-inexistants.

Des membres de la Défense civile yéménite sont photographiés avec des équipements de protection dans la capitale yéménite de Sanaa en pleine épidémie de coronavirus (COVID-19), le 12 avril 2020. (Crédit : Mohammed HUWAIS / AFP)

Mais selon l’épidémiologiste, « ce n’est pas parce qu’on a évité une situation difficile la première fois, qu’on va éviter (cela) la deuxième fois ».

En Egypte, où le Dr Hutin a conduit une mission d’évaluation fin mars, « il est clair qu’on a plus de transmissions actuellement qu’il y a quelques semaines. Mais il n’y a pas encore de situation de transmission exponentielle ».

Pour éviter une situation comparable à l’Europe ou aux Etats-Unis avec des dizaines de milliers de morts, il est nécessaire, selon lui, de mettre en place « les ‘piliers de la réponse' » : engagement de la population, mobilisation des systèmes de santé, préparation des hôpitaux pour l’arrivée de cas sévères.

« Les choses qui peuvent être faites ne sont pas forcément très compliquées », dit-il en citant l’isolement de malades peu sévères « dans des hôtels, des écoles ou des dortoirs de l’armée ».

Pour les cas sévères, « on peut faire beaucoup en transformant des lits d’hospitalisation classique en lits de soins intensifs ».

Des personnes en vêtements de protection passent devant des rangées de lits dans un hôpital provisoire de 2 000 lits pour les patients atteints du coronavirus, mis en place par l’armée iranienne au centre d’exposition international du nord de Téhéran, en Iran, le 26 mars 2020. (Crédit : AP Photo/Ebrahim Noroozi)

Autre mesure possible pour éviter une explosion de la maladie Covid-19 dans la région : l’augmentation des capacités de dépistage, qui selon l’épidémiologiste peut se faire avec notamment des « petites machines qui donnent des résultats de test rapides ».

Selon lui, s’il est « inévitable » de passer à côté de cas, « plus on teste les personnes qui ont de la fièvre et de la toux, plus on va découvrir de cas ».

Le taux de mortalité est considéré comme un indicateur permettant de savoir si des cas ont pu passer inaperçus.

« On sait qu’environ 1 % des personnes infectées vont décéder, donc quand on a des pays qui rapportent que 5 % des personnes infectées décèdent, ça suggère qu’on rate une partie des cas », dit le spécialiste.

Or dans la région, le taux de mortalité se situe autour de 5 %, ce qui implique « des besoins d’augmenter la capacité de tester ».

Un pharmacien porte un masque derrière une porte recouverte de plastique pour éviter la contamination, à Casablanca, au Maroc, le 27 mars 2020. (Crédit : AP Photo/Abdeljalil Bounhar)

Etant donné « la gravité potentielle et la capacité de ce virus à mettre à genou le système de santé », la région Mena doit se préparer « à l’éventualité où les choses se passent mal », alerte le Dr Hutin.

La région, peuplée majoritairement de musulmans, s’apprête par ailleurs à célébrer le ramadan à partir de fin avril.

En prévision de ce mois de jeûne durant lequel l’activité sociale est intense, l’OMS a publié cette semaine une série de recommandations.

L’annulation d’événements religieux devrait être « considérée sérieusement », préconise notamment l’OMS, en rappelant qu’une « distance physique d’au moins un mètre à tout moment » devrait être observée entre les fidèles.

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