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Covid-19 : embrasser ou pas, telle est la question pour les fidèles à Jérusalem

Au mur Occidental et à l'église du Saint-Sépulcre, certains se contentent de toucher les pierres vénérées, d'autres sont trop absorbés spirituellement pour éviter un baiser

Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

Des personnes priant au mur Occidental, à Jérusalem, le 10 mars 2020. (Crédit : Jacob Magid/Times of Israel)
Des personnes priant au mur Occidental, à Jérusalem, le 10 mars 2020. (Crédit : Jacob Magid/Times of Israel)

Après avoir terminé ses prières au mur Occidental mardi, Mendel Leib, 22 ans, a froncé et pressé ses lèvres contre le calcaire ancien et froid, maintenant le contact physique pendant trois lentes secondes alors qu’il fermait intensément les yeux dans un dernier appel personnel.

Ce geste est habituel parmi les fidèles se recueillant au Kotel – le site le plus sacré où les Juifs sont autorisés à prier -, Mendel Leib était ainsi loin d’être le seul à embrasser le mur ce matin-là. Mais étant donné la férocité de l’épidémie de coronavirus en cours et les appels de plus en plus pressants des responsables de la santé pour éviter les poignées de mains, la décision de placer sa bouche sur une surface touchée par des milliers de mains, et de bouches, semblait extraordinaire.

Lorsqu’on lui demande s’il a des doutes sur cette décision alors qu’il démêle ses phylactères, l’étudiant de yeshiva ultra-orthodoxe hausse les épaules. « Ils n’ont rien dit à ce sujet, alors je pense que c’est bon. »

En effet, la Western Wall Heritage Foundation qui administre le site n’a donné aucune directive déconseillant le fait d’embrasser ou de s’appuyer contre le Kotel. Cela ne veut pas dire que l’organisation ne respecte pas les directives du ministère de la Santé visant à contenir l’épidémie. Après que le gouvernement a mis à jour jeudi son interdiction de rassemblement de plus de 100 personnes pour y inclure les événements organisés dans des zones ouvertes, la fondation a publié une déclaration indiquant qu’elle diviserait le grand site en zones séparées et n’autoriserait qu’un nombre limité de personnes dans chacune d’elles.

Des personnes priant au mur Occidental, à Jérusalem, le 10 mars 2020. (Crédit : Jacob Magid/Times of Israel)

Mais en ce qui concerne le contact intime avec le mur, les fidèles seront apparemment autorisés à décider eux-mêmes si c’est un risque qu’ils sont prêts à prendre.

Beaucoup, semble-t-il, ont évité de visiter le mur Occidental. Il était 11 heures du matin un mardi et la plupart des offices du matin étaient déjà terminés, mais le site était encore inhabituellement vide, avec à peine quelques centaines de personnes sur la place de 10 000 mètres-carrés, qui peut en contenir 400 000. Les personnes présentes ce jour-là étaient en grande partie des habitués ultra-orthodoxes, comme Mendel Leib, et des touristes étrangers.

« J’admets que c’est un peu moins émouvant que ce à quoi je m’attendais avec si peu de monde ici, mais je suis content d’être venu », commente Karl, venu d’Allemagne. « J’ai touché le mur, mais je ne l’ai pas embrassé », ajoute-t-il en riant.

Derrière lui, dans la section mixte de la place, les Hemed se sont rassemblés pour une photo de famille élargie après avoir célébré une bar-mitsva au mur.

Le père, Yossi, rapporte que certains de ses collègues étaient surpris qu’il ait même fait le trajet depuis la ville de Tibériade, au nord, pour cette occasion spéciale. « Je pense que certaines personnes en font tout un plat. Bien sûr, il faut être prudent, et nous nous sommes tous lavé les mains avant et après l’approche du mur, mais nous n’allons pas arrêter complètement nos vies ».

Des personnes priant au mur Occidental, à Jérusalem, le 10 mars 2020. (Crédit : Jacob Magid/Times of Israel)

Voyager tout en étant allemand

Sur la place plus exiguë devant l’église du Saint-Sépulcre, une attitude similaire peut être observée chez la poignée de touristes déterminés à visiter tous les lieux saints que la Vieille Ville de Jérusalem a à offrir.

« Nous sommes déjà ici, donc bien sûr nous allons les visiter », indique Sandra, qui a quitté l’Allemagne avant que le gouvernement israélien n’impose une quarantaine rétroactive de 14 jours à toutes les arrivées.

Elle a dit avoir touché la Pierre d’Onction à l’intérieur de l’église, mais a évité d’embrasser la plaque de marbre rouge comme il est de coutume chez les pèlerins chrétiens qui se rendent sur le site de la crucifixion, de l’enterrement et de la résurrection de Jésus.

Sandra n’était pas la seule touriste à prendre des précautions en raison de l’épidémie virale. Alors qu’une demi-dizaine de visiteurs étaient agenouillés pour toucher la Pierre d’Onction, un seul d’entre eux a trouvé nécessaire de se prosterner complètement au-dessus et d’asséner un baiser.

Des fidèles chrétiens, portant un masque de protection par crainte du coronavirus, prient la Pierre d’onction de l’église du Saint-Sépulcre dans la Vieille Ville de Jérusalem, le 12 mars 2020. (Crédit : Yossi Zamir/Flash90)

Parmi ceux qui ont évité le contact buccal avec la pierre, il y avait un couple plus âgé de l’Indiana en visite en Israël avec un groupe de touristes chrétiens. « J’ai beaucoup de lingettes Clorox et de désinfectant pour les mains », explique l’Américaine en montrant son sac à main. « Nous sommes prudents, mais nous ne sommes pas vraiment inquiets d’être ici. »

Pour Sandra, ce qui était plus inquiétant que l’épidémie, c’était l’accueil qu’elle recevait des Israéliens. « Dès que les gens reconnaissent que vous êtes allemand, ils vous disent ‘Oh mon Dieu’ et essaient de s’en aller. »

« Au bout d’un moment, j’ai commencé à en rire parce que c’est tout simplement ridicule », dit-elle en secouant la tête et en souriant.

De retour dehors, un guide italo-israélien a attendu que son groupe ait fini de marcher dans l’église. Lorsqu’on lui a demandé comment, selon lui, le coronavirus affectait la conduite dans les lieux saints, il était visiblement agacé. « Il vaut mieux que vous ne me posiez pas de telles questions », a-t-il dit.

« Vous tous dans les médias suscitez la peur, et cela me fait perdre des affaires », a-t-il ajouté avec colère avant de me chasser.

« Il a raison. C’est un gagne-pain », commente la femme de l’Indiana qui a demandé à ne pas être nommée. « Mais je suppose que tout le monde est un peu sur les nerfs ces jours-ci. »

L’église du Saint-Sépulcre dans la Vieille Ville de Jérusalem, le 10 mars 2020. (Crédit : Yossi Zamir/Flash90)

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