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Biden signe un mémo protégeant d’expulsion des milliers de Palestiniens aux États-Unis

Washington a également condamné la démolition d'une maison à Jérusalem-Est et demandé une enquête sur le meurtre d'un Palestino-Américain

Le président américain Joe Biden s'exprimant sur un programme d'aide à l'Ukraine et à Israël de 95 milliards de dollars débattu au Congrès, à la Maison Blanche, à Washington, le 13 février 2024. (Crédit : Evan Vucci/AP Photo)
Le président américain Joe Biden s'exprimant sur un programme d'aide à l'Ukraine et à Israël de 95 milliards de dollars débattu au Congrès, à la Maison Blanche, à Washington, le 13 février 2024. (Crédit : Evan Vucci/AP Photo)

Joe Biden, critiqué par une partie de son électorat pour sa politique de ferme soutien à Israël, a décidé de suspendre pendant dix-huit mois les expulsions de Palestiniens vivant aux États-Unis, a annoncé mercredi la Maison Blanche.

Quelque 6 000 Palestiniens sont éligibles à ce sursis dans le cadre d’un programme d’immigration appelé « Deferred Enforced Departure » (« Départ forcé différé »).

« Au vu du conflit qui se poursuit et des besoins humanitaires sur le terrain », le président américain a signé un mémorandum qui « protègerait la plupart des Palestiniens vivant aux États-Unis, avec certaines exceptions », a expliqué le conseiller à la sécurité nationale américain Jake Sullivan dans un communiqué.

« Cet octroi d’un départ forcé différé offrirait des protections à la plupart des Palestiniens aux États-Unis, à quelques exceptions près », notamment les criminels condamnés et les personnes considérées comme des menaces pour la sécurité publique, a ajouté Sullivan, précisant que ceux qui retourneraient volontairement en Cisjordanie ou dans la bande de Gaza perdraient ces protections.

Cette décision devrait être bien accueillie par les dirigeants des communautés arabes et musulmanes américaines, qui ont critiqué le soutien de Biden à Israël depuis le massacre du 7 octobre perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas, et dont beaucoup se sont engagés à ne pas voter pour le président lors de sa réélection.

Mais le mémo a également accentué la différence entre Biden et le candidat républicain potentiel Donald Trump, qui a appelé à l’expulsion des Palestiniens qui expriment leur soutien au Hamas. Un législateur républicain a présenté un projet de loi – qui n’a aucune chance d’être adopté – visant à révoquer les visas des Palestiniens et à les empêcher d’obtenir le statut de demandeur d’asile aux États-Unis.

Illustration : Des Palestiniens attendant au poste-frontière de Rafah, en Égypte, après avoir été évacués de la bande de Gaza, le 26 décembre 2023. (Crédit : AFP)

La décision de Biden a été prise après que plus d’une centaine de législateurs démocrates ont demandé à la Maison Blanche de recourir soit à un « départ forcé différé », soit à un mécanisme similaire, appelé « statut de protection temporaire », afin de garantir que les Palestiniens qui se trouvent actuellement aux États-Unis ne soient pas contraints de retourner dans les conditions à risque qui ont cours dans la bande de Gaza.

Il est difficile de savoir combien de Palestiniens seraient concernés par la désignation d’un départ différé, mais ils devraient être peu nombreux. Selon la lettre des législateurs datée de novembre, environ 7 241 visas de non-immigrant ont été délivrés à des Palestiniens en 2022 – l’année la plus récente pour laquelle des données étaient disponibles, bien que cela ne corresponde pas exactement au nombre de personnes qui seraient concernées.

La désignation n’est pas un statut d’immigration spécifique, mais les personnes couvertes par la mesure ne sont pas sujettes à l’expulsion. Les conditions d’éligibilité sont basées sur les termes définis par Biden. Les personnes originaires du Liberia et de Hong Kong sont également couvertes par cette politique.

Les États-Unis condamnent la démolition d’une maison à Jérusalem-Est et demandent une enquête sur le meurtre d’un jeune homme en Cisjordanie

Mercredi, les États-Unis ont également reproché à Israël d’avoir démoli la maison d’un activiste palestinien à Jérusalem-Est.

Israël a démoli la maison de Fakhri Abu Diab à Silwan plus tôt dans la journée, affirmant qu’il n’avait pas les permis nécessaires, bien que de telles approbations de construction pour les Palestiniens à Jérusalem-Est et en Cisjordanie soient extrêmement rares.

Le mois dernier, le secrétaire d’État adjoint américain chargé des questions israéliennes et palestiniennes, Andrew P. Miller, s’est rendu dans cette maison pour manifester son soutien à Abu Diab, qui fait campagne contre les démolitions.

Interrogé sur la démolition lors d’une conférence de presse, le porte-parole du Département d’État américain, Matthew Miller, a déclaré que l’impact négatif de cette décision n’était pas seulement ressenti par la famille d’Abu Diab, mais aussi par « l’ensemble de sa communauté qui vit dans la crainte que sa maison soit la prochaine à être démolie ».

M. Miller a souligné que la famille d’Abu Diab vivait dans la maison démolie depuis des générations et qu’une partie de la structure du bâtiment datait d’avant 1967, lorsqu’Israël a pris Jérusalem-Est à la Jordanie lors de la Guerre des Six Jours.

« Ces actes font obstacle aux efforts visant à faire progresser une paix et une sécurité durables qui bénéficieraient non seulement aux Palestiniens mais aussi aux Israéliens », a déclaré Miller.

« Ils nuisent à la réputation d’Israël dans le monde et nous empêchent d’accomplir tout ce que nous essayons de faire dans l’intérêt du peuple israélien. C’est pourquoi nous les condamnons et nous continuerons à demander instamment qu’ils ne se poursuivent pas », a ajouté M. Miller.

Abu Diab a réagi à la condamnation des États-Unis : « Je les remercie, mais ils auraient dû faire pression au préalable sur les Israéliens pour empêcher la démolition de ma maison. »

Fakhri Abu Diab se tenant au milieu des décombres de sa maison démolie par les employés de la municipalité de Jérusalem, dans le quartier de Silwan, le 14 février 2024. (Crédit : Ahmad Gharabli/AFP)

« Ils ont démoli la mémoire, le passé et l’avenir. Ils n’ont pas démoli seulement le plafond ou la maison », a-t-il ajouté, se tenant près des décombres de son ancienne habitation.

« C’était un acte de vengeance, qui fait partie de la campagne menée par les Israéliens contre les Palestiniens de Jérusalem et qui n’a fait que s’amplifier depuis le 7 octobre », a-t-il estimé.

Par ailleurs, les États-Unis se sont déclarés mercredi « dévastés » la récente mort de l’adolescent américano-palestinien Mohammad Ahmad al-Khdour en Cisjordanie et exigent une enquête sur sa mort.

Le Washington Post a rapporté que le jeune homme de 17 ans a été abattu d’une balle dans la tête par les troupes israéliennes à Bidu, près de Ramallah, dans des circonstances peu claires. L’armée israélienne n’a pas encore publié de communiqué sur ces faits.

Mohammad Ahmad al-Khdour. (Crédit : Bureau américain des affaires palestiniennes/X)

« Les États-Unis n’ont pas de plus grande priorité que la sécurité des citoyens américains. Nous demandons d’urgence une enquête rapide, approfondie et transparente, et notamment l’obligation de rendre des comptes », peut-on lire dans un tweet du Bureau des affaires palestiniennes des États-Unis.

La mort d’Al-Khdour s’ajoute à une liste croissante d’incidents concernant des citoyens américains sur lesquels l’administration Biden a demandé des éclaircissements à Israël.

Le mois dernier, un autre jeune homme de 17 ans, Tawfic Abdel Jabbar, a été abattu en Cisjordanie. La police a déclaré qu’un agent des forces de l’ordre qui n’était pas en service, un soldat et un résident d’implantation israélien avaient ouvert le feu sur Jabbar après l’avoir perçu comme une menace. Les États-Unis ont également demandé une enquête.

Plusieurs Américains d’origine palestinienne ont également été arrêtés par Israël en Cisjordanie et dans la bande de Gaza ces derniers jours, suscitant de nouvelles inquiétudes de la part de représentants du gouvernement américain.

L’AFP a contribué à cet article.

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