Cybercriminalité: les Philippines auraient libéré 8 Israéliens suspectés à tort
Après l'arrestation de centaines de suspects, le procureur général a déclaré que 8 d'entre eux, Israéliens, ne travaillaient pas pour l'entreprise en question au moment des faits

Les autorités philippines ont libéré jeudi huit Israéliens arrêtés la semaine dernière pour participation à une fraude financière en ligne, après que le procureur général du pays a statué qu’ils n’avaient rien à voir avec les crimes dont ils étaient accusés, selon un rapport sur le site d’information Ynet que le Times of Israel n’a pu vérifier de manière indépendante.
La semaine dernière, la police philippine a déclaré avoir arrêté près de 500 personnes – dont les huit ressortissants israéliens – dans l’une des plus importantes opérations de lutte contre la cybercriminalité du pays depuis des années, au motif qu’ils étaient impliqués dans une escroquerie internationale qui a fait des victimes à l’étranger, notamment en Australie et en Afrique du Sud.
Mais dans un revirement complet, le procureur général Jorge Catalan Jr. a établi que les suspects israéliens ne travaillaient pas pour la société d’investissement International Branding Development Marketing Inc., connue sous le nom de IBD, à l’époque où la fraude aurait été commise, et qu’ils ne se trouvaient même pas aux Philippines à ce moment-là, a rapporté Ynet.
Le Times of Israel a demandé à un journaliste de Ynet de consulter le document en question, mais il a refusé de le partager parce que, a-t-il dit, il l’avait reçu de l’avocat des personnes arrêtées à condition de n’en partager qu’une partie, mais pas la totalité du contenu.
Catalan a ordonné la libération des Israéliens sans aucune forme de restriction, et ils sont immédiatement montés à bord d’un en direction d’Israël, selon le site israélien, qui n’a pas cité ses sources.
Selon le rapport, les avocats israéliens Ronen Rosenbloom, Jack Chen et Stav Saar se sont rendus aux Philippines pour offrir une aide juridique aux suspects et ont contribué à accélérer la procédure.
Le procureur général aurait dénoncé l’arrestation des suspects, qui a fait l’objet d’une large publicité, comme étant illégale, mettant la police locale dans l’embarras. Les noms figurant sur les mandats d’arrêt ne correspondaient pas à l’identité réelle de certains des suspects, a déclaré Catalan.

Suite à cette décision, le chef de la police locale Oscar Albayalde a ordonné aux autorités de mettre fin à la pratique des arrestations publiques ou de l’exposition des suspects, selon le rapport.
Il n’était pas précisé dans le rapport si les centaines d’autres suspects non israéliens avaient été libérés de la même manière, mais de nombreux rapports indiquaient il y a quelques jours que seuls les Israéliens étaient détenus et que les autres suspects avaient été libérés.
Le rapport cite une réaction d’IBD, affirmant que l’entreprise « se félicite de la libération de tous ses employés et cadres. La décision parle d’elle-même et nous révèle l’énorme écart entre les allégations formulées et la réalité ».
La semaine dernière, la police a déclaré que 474 employés philippins et les Israéliens avaient été arrêtés à la suite du raid sur trois bâtiments de Clark Freeport, une ancienne base de l’US Air Force au nord de Manille, où la fraude en ligne présumée aurait été commise.
Le chef de la police Marni Marcos avait affirmé à l’époque que les suspects avaient incité les victimes à investir dans des actions étrangères dans une société florissante basée à Londres, puis avaient empoché leur argent grâce à une application en ligne après avoir obtenu leurs coordonnées bancaires et de carte de crédit.
Les Israéliens ont été arrêtés « alors qu’ils étaient en train de gérer, d’exploiter et de faire fonctionner les trois bâtiments cibles » tandis que les Philippins étaient pris en train de communiquer et de faire des transactions en ligne avec des clients étrangers d’Europe, de Nouvelle-Zélande, d’Australie, d’Afrique du Sud et de Russie, avait déclaré Albayalde dans un communiqué.
Une vidéo de la police montrait des policiers avec des fusils d’assaut, appuyés par des unités des forces spéciales, faisant irruption dans un vaste bureau et criant à plusieurs reprises « Les mains en l’air » tout en ordonnant à certains suspects de ne pas toucher à leur ordinateur. Certains Israéliens pouvaient être vus en train d’être emmenés menottés.
La police a recueilli des preuves sur les ordinateurs, alléguant qu’il s’agissait d' »une activité commerciale frauduleuse en ligne qui porte sur des millions de dollars américains qui a fait des victimes parmi des ressortissants étrangers dans le monde entier », avait déclaré M. Albayalde.
Certaines victimes étrangères se sont rendues aux Philippines et ont signalé à la police les détails de la fraude présumée après avoir obtenu des informations de certains membres mécontents de la bande, avait déclaré Marcos aux journalistes.