Dans la bande de Gaza, des déplacés impatients de rentrer chez eux
"J'attends dimanche matin l'entrée en vigueur du cessez-le-feu", confie un Gazaoui, ajoutant préférer "mourir sur sa terre" plutôt qu'en tant que "déplacé"

Dans la bande de Gaza ravagée par la guerre, des Palestiniens déplacés tentent de recréer un semblant de normalité, mais après l’annonce d’une trêve entre Israël et le groupe terroriste palestinien du Hamas, ils n’attendent désormais qu’une chose : rentrer chez eux.
Préparant du pain plat dans des fours d’argile, jouant aux cartes ou balayant les rues entre les tentes, des déplacés du camp de Nousseirat dans le centre de l’enclave, tentent de s’occuper l’esprit, en attendant de pouvoir rentrer chez eux.
Ils font partie des 2,4 millions de Gazaouis dont la majorité a été déplacée par quinze mois de conflit dévastateur déclenchée par le pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre 2023 dans le sud d’Israël.
Parmi eux, Oum Khalil Bakr espère retrouver son foyer prochainement, bien qu’elle ne se fasse aucune illusion sur l’état des lieux.
« Je vais […] retirer les décombres de la maison et placer ma tente sur les gravats, où je vivrai avec mes dix enfants », dit-elle à l’AFP.
« Nous savons qu’il fera froid et que nous n’aurons pas de couvertures pour nous coucher, mais ce qui importe, c’est de retourner sur notre terre », ajoute-t-elle, entourée d’enfants s’appuyant paresseusement sur les parois d’une tente.

Sa détermination à reconstruire et retrouver sa vie d’avant est partagée par d’autres habitants du camp.
Peu importe ce qui les attend, la vie dans le camp est bien pire, affirme pour sa part Oum Mohamad al-Tawil.
« Quelles que soient les difficultés auxquelles nous serons confrontés, nous retournerons [chez nous] », confie-t-elle, debout entre des tentes de fortune en toile et en plastique.
Car, ici, ajoute-t-elle, « ce n’est pas la vie et ce n’est pas notre vie. »
Plus au sud, à Deir el-Balah, la famille Moqat emballe déjà ses quelques affaires dans des cartons, prête à retourner à Beit Lahia, dans le nord.
Elle s’affaire pour trouver un camion qui pourrait les ramener chez eux, explique Fatima Moqat. « Nous prendrons la tente avec nous […] et nous y vivrons comme nous avons vécu ici. »
« Nous habiterons dans la tente jusqu’à ce qu’ils trouvent une solution pour la reconstruction », poursuit-elle.

Jeudi, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré que la reconstruction du système de santé du territoire nécessiterait à elle seule dix milliards de dollars et cinq à sept années.
Selon les Nations unies, au 1er décembre, près de 69 % des bâtiments de la bande de Gaza ont été détruits ou endommagés. Le Programme de l’ONU (PAM) pour le développement a estimé l’année dernière qu’il faudrait jusqu’en 2040 pour reconstruire toutes les maisons détruites.
Mais pour Fatima Moqat, c’est le chagrin des vies perdues pendant la guerre qui sera le plus difficile à surmonter.
« Gaza a été détruite et reconstruite une centaine de fois auparavant. Les maisons peuvent être remplacées, mais les gens ne peuvent pas l’être », se désole-t-elle.
Plus de 46 000 personnes seraient mortes à Gaza depuis le début de la guerre, selon le ministère de la Santé du Hamas. Les chiffres publiés par le groupe terroriste sont invérifiables, et ne font pas de distinction entre civils et terroristes.
La guerre à Gaza a éclaté lorsque quelque 6 000 Gazaouis dont 3 800 terroristes dirigés par le Hamas ont pris d’assaut le sud d’Israël le 7 octobre 2023, tué plus de 1 200 personnes, principalement des civils, enlevé 251 otages de tous âges, et commis de nombreuses atrocités et en utilisant la violence sexuelle comme arme à grande échelle.
De retour à Nousseirat, allongé sur le sol à l’intérieur de sa tente recouverte de moquette, Nasr al-Gharabli se dit impatient de rentrer chez lui.
« J’attends dimanche matin l’entrée en vigueur du cessez-le-feu […] J’irai embrasser ma terre », confie-t-il d’une voix rocailleuse, ajoutant préférer « mourir sur sa terre » plutôt qu’en tant que « déplacé ».