Dans le quartier de Nahalat Binyamin à Tel Aviv, un mélange sauvage d’architecture éclectique
Cela a commencé il y a un siècle comme un quartier modeste de la classe ouvrière. Venez voir à quoi il ressemble aujourd'hui
- L'entrée du Palm Tree House, Nahalat Binyamin (Crédit : Shmuel Bar-Am).
- L'extravagante Palm Tree House au n ° 8 de Nahalat Binyamin, Tel Aviv (Crédit : Shmuel Bar-Am)
- Faire les magsins sur Nahalat Binyamin, Tel Aviv (Crédit : Shmuel Bar-Am)
- L'hôtel Nordau, Nahalat Binyamin (Crédit : Shmuel Bar-Am)
- L'entrée du 12 Nahalat Binyamin (Crédit : Shmuel Bar-Am)
- Le bâtiment Polishuk, Nahalat Binyamin. Une monstruosité ? (Crédit : Shmuel Bar-Am)
- L'intersection à six croisement de la rue Magen David Square, Tel Aviv (Crédit : Shmuel Bar-Am)
- Les carreaux en céramiques bibliques à la Maison Levy, Nahalat Binyamin (Crédit : Shmuel Bar-Am)
- La maison des Cruches, rue Rambam, Nahalat Binyamin (Crédit : Shmuel Bar-Am)
- Le ‘Eyebrow House’, Nahalat Binyamin (Crédit : Shmuel Bar-Am)
En 1909, 66 familles juives riches ont fondé Ahuzat Bayit, le noyau originel de la florissante métropole qu’est aujourd’hui Tel Aviv. Assistant de loin comment ces nouveaux venus s’installaient dans la Vieille Ville sale et dense plusieurs dizaines de petits artisans, ouvriers, commerçants, un boulanger et une blanchisseuse se sont demandés : pourquoi n’auraient-ils pas eux aussi leur joli petit quartier.
Mais il y avait un problème : non seulement ils n’avaient pas l’argent nécessaire pour se construire des maisons, mais ils ne pas disposaient non plus ce qu’il fallait pour acheter les terrains sur lesquels les construire.
Évidemment, le groupe, appelé l’Association Nahalat Binyamin, a eu besoin d’un peu d’aide. Mais le Fonds national juif (KKL), qui avait acquis le terrain pour Ahuzat Bayit, a refusé de les aider.
Les banques ont aussi refusé les demandes répétées de fonds – jusqu’en 1911, quand un journaliste a écrit sous le nom de plume de « Rabbin Binyamin » un article cinglant accusant à la fois les banques et le KKL de favoriser les riches au détriment des gens ordinaires qui travaillaient dur.
Peu de temps après, ils ont réussi à obtenir une longue bande de dunes de sable. Les premières maisons d’un étage, très modestes, sont apparues en 1914, le long d’un chemin de terre qu’ils ont appelé Nahalat Binyamin. Des ouvriers – surtout des femmes – ont pavé la rue une dizaine d’années plus tard.
La rue Nahalat Binyamin est une combinaison unique d’immeubles simples, d’art-déco sauvage, de bâtiments éclectiques et de maisons Bauhaus des années 30. Elle commence à la place Magen David, où six rues se croisent : Shenkin, King George, HaCarmel, Allenby (dans les deux sens) et Nahalat Binyamin. La place tire son nom des ambulances du Magen David Adom qui jadis faisaient bruyamment leur chemin vers l’hôpital Hadassah à proximité.
En 1939, des manifestations contre le Livre blanc britannique limitant l’immigration juive se sont tenues sur la place ; moins d’une décennie plus tard, des milliers de personnes y dansaient de joie quand l’Etat d’Israël a été proclamé en mai 1948. Ce fut aussi le site du premier escalier mécanique en Israël. Il a été appelé dragnoa, une combinaison des mots hébreu pour « se déplacer » et « marches. »
Il n’y avait pas de plan cohérent pour des rues dans les nouveaux quartiers sans cesse croissants de Tel Aviv, et le résultat a été une pléthore d’embouteillages dont l’un dans ces rues parmi les plus bruyantes et les pires de la ville. En effet, avant que Nahalat Binyamin n’ait été transformée en une rue piétonne au milieu des années 1980, jusqu’à 60 000 véhicules y passaient chaque jour.
Construit en 1934, Beit Polishuk au croisement était si différente des autres maisons de Tel Aviv des années 1930 qu’elle était considérée comme une monstruosité. Le style a peut-être été influencé par les navires sur lesquels les architectes avaient navigué pour se rendre dans le pays et par d’autres bâtiments similaires où il y a des fenêtres circulaires qui ressemblent étrangement à des hublots.
Au départ, Yehuda Polishuk avait prévu de remplir le bâtiment avec des bureaux et des commerces. Les Israéliens qui ont grandi à Tel Aviv dans les années 1950 se souviennent avec émotion de Naalei Pil (les chaussures Elephant), car elle a été la première entreprise dans la ville à offrir des ballons et des yoyos à ses jeunes clients satisfaits. Outre ses 15 magasins et 50 bureaux, Beit Polishuk abritait une imprimerie clandestine de l’Etzel.
L’un des bâtiments les plus extravagants de la rue Nahalat Binyamin a été construit en 1922 (au n° 8). Connu comme la Maison du Palmier (Beit Hadekel), c’est un excellent exemple de la fantaisie de style Art Nouveau. L’architecte Y.Z. Tabachnik avait l’intention de créer un type juif unique d’architecture pour les bâtiments de la Terre d’Israël, et avait même demandé un copyright pour son style.
En effet, quand il a envoyé son plan pour approbation, il a écrit : Tous droits réservés, Style juif d’origine.
Tabachnik a reçu la permission pour presque tout ce qu’il voulait. A une exception près : la municipalité ne l’a pas laissé ériger des Tables de la loi avec les Dix Commandements sur le toit, insistant sur le fait que celles-ci ne pouvaient être utilisées que sur des bâtiments publics religieux.
Donc Tabachnik a dû se satisfaire des cornes de l’autel, de menorahs forgées dans les grilles, et de deux étoiles de David. Il y avait aussi un palmier, mais celui-ci a été volé il y a quelques années et remplacé seulement lors de la récente réfection de la maison.
Sur le trottoir d’en face (au n° 5) une autre création étonnante de Tabachnik a finalement été restaurée après des décennies de désolation.
La maison simple construite bizarrement au dessus d’une autre (au n° 11) est un bon exemple des vieilles maisons du quartier.
À côté de cette habitation, le très éclectique maison Shmouel Levy de 1926 est célèbre pour ses carreaux de céramique avec des thèmes bibliques. Ils ont été créés par un diplômé de l’école des Beaux-Arts Bezalel de Jérusalem, et sont l’expression d’un désir passionné d’intégrer des thèmes juifs dans les nouvelles constructions.
Juste en face (au n ° 12) se dresse un édifice étonnant composé uniquement d’angles et de balcons arrondis. L’entrée est encore plus rare, avec un look parfait pour la porte d’une synagogue.
Dès que la Maison des Cruches est apparue au coin de la rue Rambam en 1927, les gens craignaient que les amphores posées sur ses bords ne tombent et tuent un jour quelqu’un. Près d’un siècle plus tard, elles sont encore accrochées à l’immense édifice surmonté d’un dôme.
Tout à côté de la Maison des Cruches il y a un bâtiment étrange que Joseph Berlin a construit avec des briques de silicate non recouvertes de plâtre. Non seulement le motif ressemble à des fermetures éclair à moitié ouvertes, mais les fenêtres ont des petits « sourcils » pour créer de l’ombre. Berlin était convaincu que les briques tiendraient mieux que le grès souvent utilisé dans la construction à Tel Aviv, et il avait raison : les étages supérieurs, datant de 1931, sont restés en excellent état.

Rami Meiri, l’artiste de Tel Aviv dont les peintures sur les kiosques et les murs extérieurs ont égayé la ville, s’est surpassé au n° 18. La belle peinture au coin arrondi est si réaliste, que vous devez regarder par deux fois l’homme qui cherche quelque chose sur le trottoir avant de réaliser qu’il n’est pas réel. Pendant des décennies, c’était aussi le coin où vous pouviez acheter les meilleurs hot-dogs de la ville.
Initialement connu sous le nom d’Hôtel Spector, ce bâtiment clair magnifique a abrité à un moment l’hôpital Hadassah de Tel Aviv. La pierre angulaire de l’hôpital avait été posée rue Balfour en 1914. Mais la construction a été interrompue avec le début de la Première Guerre mondiale, après que les Turcs au pouvoir aient confisqué les matériaux de construction pour les utiliser comme barricades.
Puis, quand une horrible émeute arabe a éclaté à Jaffa en 1921, il n’y avait pas de lieu approprié où soigner les nombreuses victimes juives. L’Hôtel Spector, construit pendant la guerre, mais encore inoccupé, a fonctionné comme hôpital jusqu’à ce que la construction de Hadassah de Tel Aviv ait été achevée en 1925. Plus tard, une partie de l’ancien hôtel a servi de QG pour la communauté gay de Tel Aviv ; aujourd’hui, c’est un petit restaurant.
L’Hôtel Nordau au coin de la rue Gruzenberg est une création entièrement éclectique de Megidovitz, arborant un dôme argenté qui est finalement devenu la marque de fabrique de Megidovitz.
Achevé en 1927, cet hôtel est le plus ancien ayant fonctionné en continu à Tel-Aviv, et la façade a été restaurée mais pas modifiée de façon significative. Sous les balcons se trouvent des petits triangles en fer forgé qui portaient autrefois des lumières la nuit.
Quiconque envisage de visiter Tel Aviv devrait le faire les mardis et vendredis. C’est quand la rue entière devient une foire d’art de haute qualité dans laquelle les artisans exposent leurs créations.
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Merci aux guides touristiques de Tel Aviv Yona Wiseman et Helen Berman pour leur contribution à cet article.
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Aviva Bar-Am est l’auteur de sept guides en anglais sur Israël.
Shmuel Bar-Am est un guide agréé qui propose des visites privées personnalisées en Israël pour les individus, les familles et les petits groupes.
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