Dans une chambre d’enfant à Gaza, des soldats à la découverte de tunnels du Hamas
Le ToI s'est joint aux ingénieurs militaires qui, dans le nord de Gaza, détruisent les constructions souterraines, comme celle découverte sous le lit d'un enfant, dans un quartier balnéaire
Quelques instants après l’arrivée du Times of Israël dans une zone profonde du nord de la bande de Gaza, cette semaine, les soldats du Génie de l’armée israélienne ont découvert le passage vers un autre tunnel appartenant au groupe terroriste Hamas – le 91e depuis le début de l’offensive terrestre d’Israël.
Pour ce qui est de la taille, de l’endroit où il mène et de son utilité, ce tunnel ressemble beaucoup aux 90 premiers découverts dans les parages.
Ce qui le distingue, c’est plutôt son emplacement. Le puits a en effet été découvert par des soldats du 614e bataillon du Génie affectés à l’examen – le second – d’une maison dotée d’une piscine extérieure, située dans un quartier chic du bord de mer.
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À l’intérieur d’une chambre encombrée de vêtements aux couleurs vives, sous l’un des trois lits d’enfant, les soldats ont trouvé un accès vers le repaire des monstres.
« Ce n’est pas éthique, la façon dont le Hamas travaille », explique un réserviste du Génie – dont l’identité est gardée secrète – en désignant le tunnel au Times of Israël ainsi qu’à un autre journaliste.
« Ils utilisent une chambre d’enfant pour cacher un tunnel, un lit d’enfant… C’est ça, la réalité ».
En prenant soin de ne pas tomber dans le puits ouvert sous ses pieds, le Times of Israël a pu voir le tunnel, à deux branches – l’une se dirigeant vers l’ouest, vers la côte, l’autre vers le sud-est, vers la ville de Gaza, où se trouverait le principal réseau de tunnels du Hamas.
Ce réseau est le nœud gordien de l’offensive israélienne à Gaza ; c’est la clé pour paralyser le Hamas, en même temps qu’une entreprise ô combien dangereuse et compliquée pour Tsahal.
Dans la mesure où ces fortifications souterraines se trouvent sous des quartiers résidentiels très densément peuplés, l’armée dit ne pas avoir d’autre choix que de porter le combat dans les maisons, hôpitaux, écoles et cliniques supposés protéger le réseau. Le 7 octobre dernier, des terroristes du Hamas ont pénétré de force dans des maisons israéliennes et transformé des chambres à coucher en zones de guerre.
De manière très malsaine, l’utilisation cynique par le groupe terroriste de civils comme boucliers humains contraint désormais les soldats israéliens à faire de même.
L’armée israélienne assure ne pas souhaiter s’engager dans une guerre de tunnels, dont des sections pourraient être piégées, et privilégier la démolition des tunnels au fur et à mesure de leur découverte.
C’est le Génie qui a été chargé de dégager les routes – à l’aide de bulldozers blindés D9 – afin que les forces terrestres puissent manœuvrer dans la bande de Gaza, et de localiser puis détruire les infrastructures du Hamas, à commencer par les tunnels, lance-roquettes et autres sites non frappés par l’armée de l’air.
L’officier explique que le Génie fouille chaque bâtiment à la recherche de tunnels et d’armes, tandis que l’armée progresse dans Gaza Ville à un rythme lent et méthodique.
« Nous savons que la première fouille peut parfois être rapide, la seconde est plus chirurgicale. Nous allons d’un endroit à un autre jusqu’à ce que nous ayons tout découvert ».
Vingt-huit sites de lancement de roquettes – dont des dizaines de lanceurs et de roquettes – et 91 tunnels ont été découverts dans le nord de Gaza au cours des 10 premiers jours de l’offensive terrestre. 40 autres tunnels et des dizaines d’autres lance-roquettes ont été localisés au sud de la ville.
Le lieutenant-colonel Adoniram (son nom de famille est gardé secret à la demande de l’armée israélienne pour raisons de sécurité), commandant du 614e bataillon du Génie, précise au Times of Israël que la plupart des tunnels et roquettes récemment découverts se trouvaient en-dessous de quartiers et bâtiments civils.
« Nous trouvons beaucoup d’armes, beaucoup de tunnels. Ici, vous en avez vu un sous une chambre d’enfant. Nous en avons aussi découvert dans des cours de récréation, dans des jardins d’enfants et dans des mosquées. Demain matin, on dira : « Pourquoi ont-ils attaqué une mosquée ? » Voilà pourquoi », explique Adoniram.
Tout comme les tunnels, les sites de lancement de roquettes pourraient être difficiles à trouver. Ils sont souvent souterrains, au plus profond des zones résidentielles.
« De notre point de vue, chaque mètre carré est susceptible d’abriter un tunnel », ajoute Adoniram.
« Nous analysons tout avec la plus extrême minutie, en plus des renseignements, qui sont de très bonne qualité. Et nous avons d’autres moyens encore pour localiser et détruire ces tunnels », ajoute-t-il.
« Il y a encore beaucoup à faire, il y a toute la ville de Gaza ».
Juste à ce moment-là se produit une forte déflagration. À une centaine de mètres de là, ses soldats ont fait exploser une roquette du Hamas, trouvée là en creusant entre les bâtiments de ce quartier chic.
Villes fantômes
Le trajet en voiture jusqu’aux lignes de front, dans le nord de Gaza, à bord d’un humvee à toit ouvert est étrangement paisible, à l’exception de quelques explosions à intervalles aléatoires – des frappes israéliennes et des tirs de roquettes palestiniennes qui volent au-dessus de nous en direction d’Israël – et de la poussière soulevée par les chars et véhicules blindés de transport de troupes qui passent.
Les quartiers, le long de la côte nord de Gaza, sont des villes fantômes. Il n’y a pas de civils, pas de voiture en vue.
Adoniram nous confie que son unité n’a croisé aucun civil dans sa zone d’opérations. Nombre d’entre eux ont déjà fui vers le sud ou ont trouvé refuge dans des écoles ou des hôpitaux. Selon les estimations de l’ONU, 1,5 million à 2 millions d’habitants de Gaza ont été déplacés à l’intérieur du pays.
« Je sais qu’il y a des civils ailleurs. Je sais que le Hamas utilise les civils qui sont restés comme boucliers humains », ajoute-t-il. Il a entendu parler d’un incident au cours duquel des civils venus demander de l’eau aux soldats israéliens ont en fait servi de couverture à des hommes armés qui se sont empressés d’ouvrir le feu sur les soldats.
Il y a eu quelques échanges avec des membres du Hamas dans le secteur, mais beaucoup moins que prévu, confie Adoniram. On pense que la plupart des combattants se sont précipités sous terre lorsque les troupes terrestres sont entrées.
Des semaines de frappes aériennes et d’artillerie ont laissé des traces. Dans cette zone, aucun bâtiment n’est intact, et beaucoup sont à l’état de squelettes de béton.
La maison dans laquelle a été découvert le tunnel fait encore bonne figure, mais elle ne sera bientôt plus que décombres.
Les soldats ont découvert un drapeau du Hamas et une veste camouflage à l’entrée du tunnel, en contrebas de la chambre, puis ont placé une grande quantité d’explosifs à l’intérieur.
Tandis que les ingénieurs préparent la destruction du tunnel, le Times of Israël et les soldats se déplacent à une distance de sécurité – 200 mètres environ.
A l’intérieur d’une piscine vide, des soldats du 50e bataillon de la brigade Nahal ont aménagé un lieu de repos ombragé. La piscine est jonchée des déchets abandonnés par les soldats.
Un ingénieur pointe du doigt la surabondance de fournitures, désignant des caisses entières de boîtes de conserve, barres de céréales, brosses à dents et emballages de restauration rapide.
« Ils nous ont apporté des hamburgers hier soir, et même des choses qui viennent de chez Aroma », dit-il, évoquant la plus grande chaîne de cafés d’Israël.
Les soldats, sans accès à leur téléphone depuis près d’un mois, sont très demandeurs de nouvelles d’Israël.
Tandis que les soldats parlent de ce qui se passe chez eux, une énorme explosion retentit, suivie d’un nuage de poussière, de fumée et de débris qui saturent l’air. Les soldats se mettent à l’abri des éclats d’obus.
Une fois le tunnel détruit, les soldats du Génie se mettent à la recherche d’autres entrées cachées que l’explosion aurait pu révéler.
Adoniram affirme qu’il y aura beaucoup de nettoyage des tunnels à faire une fois que l’armée aura pénétré plus loin dans la ville de Gaza.
« L’objectif, en repartant d’ici, est qu’il n’y ait plus aucun tunnel » à Gaza.
Mais comment être sûr qu’il n’y a pas d’autres caches souterraines là où ils fouillent, lorsqu’ils avancent ?
Non, admet Adoniram. Il n’en est pas tout à fait sûr, mais les soldats font en sorte de mener des fouilles les plus exhaustives possibles.
« C’est aussi une question de rythme. Tant que la progression est ordonnés et conforme à notre calendrier, elle est minutieuse », ajoute-t-il. « En ce moment, nous travaillons d’arrache-pied. »
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