Dayan : Israël néglige les Juifs réformés et conservateurs
Le consul israélien à new York déplore l’absence de compréhension et de volonté des Israéliens pour discuter avec les courants libéraux du judaïsme
Stuart Winer est journaliste au Times of Israël
Israël n’a pas besoin du soutien financier ou politique de la communauté juive américaine, a déclaré lundi son consul général à New York, qui a cependant conseillé que le pays prenne néanmoins ses responsabilités pour permettre la préservation de l’identité juive aux Etats-Unis.
Sur la radio publique israélienne, Danny Dayan a déploré les vives critiques adressées récemment par certains Israéliens aux membres des courants réformé et conservateur, dans le cadre d’un conflit sur les droits à la prière au mur Occidental de Jérusalem et sur la conversion au judaïsme. Il a rejeté la possibilité, à la mode dans les médias israéliens, que les Juifs américains envisagent de retirer leur soutien financier à l’Etat juif.
La dynamique de la relation entre Israël et les Juifs des Etats-Unis a changé, a dit Dayan, et, alors qu’Israël était autrefois dépendant du soutien de la communauté juive américaine, c’est maintenant Israël qui droit prendre la responsabilité des défis qu’elle affronte.
« La relations entre Israël et les Juifs des Etats-Unis s’est inversée, a-t-il dit. Il y a cinquante, soixante ans, nous avions besoin de leur soutien financier, nous avions même besoin de leurs conserves alimentaires, et, évidemment, de leur soutien politique. Aujourd’hui, nous n’avons pas réellement besoin de leur soutien financier, il est agréable de l’avoir […], mais nous pouvons vivre sans. »

« En ce qui concerne leur soutien politique, sous la présidence de [Donald] Trump, la vérité est que nous n’en avons pas tellement besoin non plus. Aujourd’hui, nous sommes les responsables du futur de la communauté juive mondiale, y compris des Juifs des Etats-Unis, et nous ne répondons pas à ce défi. C’est comme si nous étions devenus un état pour les Israéliens, et non un état pour les Juifs. Ceci se voit dans l’intérêt réduit portant sur les Juifs américains, ainsi que par ce qui est dit sur les Juifs américains, ce qui, pardonnez-moi, est simplement insultant. »
« Des gens qui n’ont aucune idée de ce à quoi ressemble un livre de prières réformé font comme s’ils avaient décidé que Sion avait été supprimé du livre de prières réformé », a-t-il dit, faisant référence aux opinions insultantes de certains Juifs orthodoxes et traditionnels qui affirment que les mouvements réformé et conservateur sont des versions édulcorées du judaïsme qui ont abandonné les croyances et les principes fondamentaux en faveur d’une idéologie politique.
Comme exemple, il a cité les opposants au rabbin Rick Jacobs, qui dirige le mouvement réformé, et qui a été accusé de « détester Israël ».
« Je suis tout simplement écœuré, a dit Dayan. Cet homme soutient Israël de tout son cœur et de toute son âme, et pourtant je ne suis d’accord politiquement avec lui sur rien. Mais dire qu’il ne soutient pas Israël ? C’est de la diffamation d’un homme qui est un sioniste dans toutes les fibres de son être. »

Fin juin, le Premier ministre Benjamin Netanyahu et son gouvernement sont revenus sur un projet adopté en janvier 2016, qui reconnaissait officiellement une zone de prière pluraliste à l’Arche de Robinson, à côté de la place principale du mur Occidental. Ce compromis avait été négocié pendant des années avec les associations juives libérales israéliennes et américaines, et les autorités israéliennes.
La plupart des préoccupations sur l’arrêt des dons des Juifs américains à Israël en représailles à cette décision se trouve dans les médias israéliens, et non chez les Juifs des Etats-Unis, a affirmé Dayan.
« Le dialogue porte sur les préoccupations pour le futur, sur comment influencer la prochaine génération de jeunes Juifs, sur savoir s’ils s’éloigneront du judaïsme, d’Israël, a-t-il dit. Il n’y a pas de discussion sur les donations. »