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De la broderie à l’impression digitale : une Palestinienne revisite l’habit traditionnel

Natalie Tahhan coud des capes de tissus imprimés dont les motifs géométriques dessinés sur écran reproduisent presque à s'y tromper les thèmes typiques de la broderie palestinienne

Natalie Tahhan dans son atelier de Jérusalem Est, le 13 avril 2017. (Crédit : Ahmad Gharabli/AFP)
Natalie Tahhan dans son atelier de Jérusalem Est, le 13 avril 2017. (Crédit : Ahmad Gharabli/AFP)

A première vue, on croirait qu’il s’agit des traditionnelles broderies qui ornent les habits de fête et autres robes palestiniennes minutieusement brodées depuis des siècles. Mais nulle broderie dans les créations de Natalie Tahhan : c’est avec un ordinateur qu’elle donne un coup de jeune à la couture palestinienne.

Dans son petit atelier de Jérusalem où elle travaille seule, pas de points de croix ni de longues heures de broderie minutieuses, mais un ordinateur portable et une paire de ciseaux. Les capes que cette jeune designer aux longs cheveux noirs élabore sont faites de tissus imprimés dont les motifs géométriques dessinés sur écran reproduisent presque à s’y tromper les thèmes typiques de la broderie palestinienne.

« Je voulais faire du neuf, du moderne, du jamais vu sur le marché », explique cette Palestinienne de 27 ans établie dans la maison familiale du quartier de Rass al-Amoud, à Jérusalem Est.

Depuis des siècles, les Palestiniennes brodent minutieusement leurs robes traditionnelles, généralement longues et noires, ornées de broderies rouges, encore portées aujourd’hui dans les campagnes ou lors des cérémonies de mariage.

Natalie Tahhan dans son atelier de Jérusalem Est, le 13 avril 2017. (Crédit : Ahmad Gharabli/AFP)
Natalie Tahhan dans son atelier de Jérusalem Est, le 13 avril 2017. (Crédit : Ahmad Gharabli/AFP)

‘Une preuve d’existence’

Les motifs, qui varient selon les villes, ont tous une signification : à travers les couleurs et les dessins, « on peut savoir d’où est originaire la femme qui les porte et si elle est mariée ou célibataire », explique Natalie Tahhan, qui a fait ses études à Londres et à Doha.

Ces broderies sont une part de l’ « identité » des Palestiniens et « la preuve de notre existence dans chaque ville et village palestinien », alors que nombre de ces localités font désormais partie d’Israël, affirme à l’AFP Maha Saca, qui dirige le Palestine Heritage Center de Bethléem, en Cisjordanie.

Les moderniser « en mélangeant motifs palestiniens et coupes d’habits modernes, c’est très bien et très important », poursuit celle qui milite pour que ces broderies soient ajoutées aux uniformes des écolières, au nom de la préservation du patrimoine national.

La barrière de sécurité vue derrière le quartier de Jérusalem Est de Ras al-Amud, en octobre 2014. (Crédit : Miriam Alster/Flash90)
La barrière de sécurité vue derrière le quartier de Jérusalem Est de Ras al-Amud, en octobre 2014. (Crédit : Miriam Alster/Flash90)

Plusieurs jeunes créatrices s’attellent à renouveler le genre pour faire porter à la nouvelle génération les robes de leurs aïeules, de plus en plus délaissées dans le quotidien. Mais Natalie Tahhan est l’une des rares à le faire à Jérusalem, et la seule à avoir abandonné le travail de broderie.

Faute d’imprimerie en Cisjordanie, elle fait réaliser ses tissus imprimés à Dubaï, aux Emirats Arabes Unis. Ils arrivent ensuite chez elle via Doha et Amman, un passage généralement emprunté pour envoyer des biens vers Jérusalem en contournant l’absence de transferts directs des pays du Golfe vers Israël.

La première collection de Natalie Tahhan comprenait cinq modèles de capes de satin blanches, noires ou violettes, recouvertes de motifs géométriques aux couleurs chatoyantes. Elle s’est entièrement vendue en moins de trois mois, principalement dans le Golfe via internet, à 550 dollars pièce.

‘Un petit bout de Jérusalem’

Selon Mme Saca, qui a réuni depuis l’ouverture de son centre en 1991 la plus importante collection de robes palestiniennes, une vraie tenue traditionnelle de qualité peut coûter jusqu’à 2 000 dollars. Un prix qui s’explique par les longues heures de travail et les matériaux utilisés, souvent onéreux.

Parmi les capes de Natalie Tahhan, celle qui s’inspire des motifs de Hébron, la grande ville du sud de la Cisjordanie, est une succession de carrés bleus et roses recouvrant entièrement le tissu noir ouvert aux épaules et garantissant une touche chic et colorée sur n’importe quelle tenue noire.

Ces tissus légers de couleur ont rencontré le succès dans le Golfe où les tenues traditionnelles palestiniennes, noires et fabriquées à base d’épais coton, peuvent rapidement devenir insupportables sous le soleil brûlant.

Natalie Tahhan dans son atelier de Jérusalem Est, le 13 avril 2017. (Crédit : Ahmad Gharabli/AFP)
Natalie Tahhan dans son atelier de Jérusalem Est, le 13 avril 2017. (Crédit : Ahmad Gharabli/AFP)

Autre argument de vente : l’origine du produit. « Ce qui plaît aux gens, c’est d’avoir des pièces faites à Jérusalem, surtout parmi les Palestiniennes de l’étranger », explique la jeune créatrice.

En achetant une cape, « elles ont l’impression d’emporter avec elles un petit bout de Jérusalem », une ville restée chère aux Palestiniens dont plusieurs millions vivent à l’étranger, après avoir été poussés au départ par les guerres ou l’aspiration à une vie meilleure.

Pour Natalie Tahhan, sa réussite est aussi le signe qu’on peut créer à Jérusalem Est, malgré la persistance du conflit avec Israël.

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