Décès de Farouk Kaddumi, pro-Hamas et vif opposant aux Accords d’Oslo au sein du Fatah
Kaddumi, l'un des fondateurs du Fatah, prônait un nouvel alignement avec le Hamas ; il était chef de la faction avant de se quereller avec Abbas qu'il avait accusé d'avoir tué Arafat
Farouk Kaddumi, un ancien haut responsable du Fatah et de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) qui s’était opposé aux accords d’Oslo et qui avait soutenu le rapprochement avec le groupe terroriste palestinien du Hamas, est décédé à son domicile à Amman, la capitale jordanienne, à l’âge de 93 ans, a annoncé l’agence de presse de l’Autorité palestinienne.
Kaddumi, également connu sous le nom d’Abu Lutf, était le chef politique de l’OLP et il était également un membre de premier plan de sa faction dominante, le Fatah, dont il était l’un des cofondateurs. Il avait refusé de revenir dans les Territoires palestiniens après l’engagement pris par le chef de l’OLP, Yasser Arafat, de cesser « la lutte armée » contre Israël dans le cadre des Accords d’Oslo, en 1993.
À la mort d’Arafat en 2004, Kaddumi avait accusé le nouveau président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, d’avoir collaboré avec Israël dans le but d’assassiner le défunt. Kaddumi avait par la suite fait amende honorable auprès d’Abbas et ce dernier lui avait rendu visite à Amman au mois de mai 2023.
« Je pleure un frère, un ami et un camarade dans la lutte et dans le travail infatigable en faveur de la Palestine », a dit M. Abbas vendredi, selon WAFA, l’agence de presse officielle de l’Autorité palestinienne.
Le Hamas a également présenté ses condoléances.
« Le défunt Abu Lutf était un exemple de fermeté dans ses principes révolutionnaires et il était une voix forte face à toutes les tentatives de renoncement aux droits de notre peuple ».
Kaddumi avait vu le jour en 1931 à Jinsafut, à proximité de Qalqilya, dans l’actuelle Cisjordanie. Il avait fait ses études dans des écoles de Jaffa et d’Akko avant d’entreprendre un cursus d’économie à l’Université américaine du Caire, où il avait rencontré Arafat, qui était alors étudiant en ingénierie.
En 1960, tous les deux avaient fait partie des fondateurs du Fatah – qui avait mené des attaques violentes à l’encontre d’Israël. Le Fatah avait ensuite été intégré à l’OLP, créée en 1964 par une série de nations arabes dans le but de représenter officiellement la population palestinienne.
Kaddumi avait occupé diverses fonctions diplomatiques au sein de l’OLP et, en 1973, il avait été nommé à la tête de son Bureau politique – que le roi Hussein de Jordanie avait banni d’Amman, le transférant à Beyrouth, trois ans auparavant. Avec les autres dirigeants de l’OLP, Kaddumi s’était réfugié à Tunis en 1983 lors de la Première guerre du Liban – au cours de laquelle Israël avait envahi Beyrouth.
Kaddumi était opposé aux négocations de paix avec Israël. Lorsqu’Arafat avait signé les accords d’Oslo avec le Premier ministre israélien de l’époque, Yitzhak Rabin, Kaddumi avait refusé de se rendre en Cisjordanie, où l’Autorité palestinienne tout juste formée avait pris le pouvoir. Il était ultérieurement retourné à Amman.
Il avait été à la fois chef de l’OLP et du Fatah jusqu’à ce qu’il soit démis de ses fonctions au sein de la faction lors de son Congrès de 2009 – c’était le premier en l’espace de vingt ans. La destitution de Kaddumi était intervenue après que l’homme a attribué la responsabilité de la mort mystérieuse d’Arafat à Abbas, affirmant que le président avait organisé son assassinat en collaboration avec Israël.
Quand les États-Unis avaient envahi l’Irak en 2003, pendant la seconde Intifada, Kaddumi avait appelé les États arabes à aider les Irakiens et les Palestiniens à « faire face à l’agression américano-britannique ». Hussein avait fortement soutenu la Seconde Intifada.
Après la victoire du Hamas aux élections législatives de l’Autorité palestinienne en 2006, Kaddumi avait appelé le Fatah à conclure un accord avec le groupe terroriste, accusant les négociateurs des deux partis de faire preuve d’intransigeance.
« Leur obstination conduira à un conflit sanglant entre les factions », avait-il déclaré avec clairvoyance. Au mois de juin suivant, le Hamas avait pris le contrôle de la bande de Gaza à l’issue d’un conflit sanglant avec les forces de l’Autorité palestinienne dirigées par le Fatah.
Dans une interview accordée en 2007 au journal saoudien Al-Quds Al-Araby, Kaddumi avait déploré l’engagement du Fatah en faveur de la non-violence à l’égard d’Israël.
« Le plus grand péché a été d’abandonner la lutte armée ; c’est inacceptable », avait-il affirmé.