Décès d’Inge Deutschkron, survivante de la Shoah allemande-israélienne
Devenue journaliste et correspondante en Allemagne du quotidien Maariv après la guerre, elle a notamment couvert les procès contre les SS d'Auchwitz à Francfort
Inge Deutschkron, survivante de la Shoah allemande-israélienne, femme de lettres et journaliste, est décédée le 9 mars dernier à Berlin.
Née le 23 août 1922, Deutschkron et sa mère sont parvenus à éviter la déportation et à survivre en multipliant les cachettes et différentes combines. Elles ont notamment été cachées par une famille de Témoins de Jéhovah et ont effectué différents emplois, notamment dans une usine d’IG Farben, puis dans l’entreprise de fabrication de balais et de brosses d’Otto Weidt, reconnu Juste parmi les nations, qui employait des handicapés juifs, des aveugles ou des sourd-muets (Inge avait alors prétexté une blessure au genou pour pouvoir être embauchée).
Après la guerre, elles ont quitté l’Allemagne pour Londres, où le père de famille était parvenu à fuir dès 1939 – la déclaration de guerre entre l’Allemagne et le Royaume-Uni ont empêché Inge et sa mère de le suivre et d’émigrer en Angleterre plus tôt.
Inge est alors devenue secrétaire de l’Organisation internationale socialiste. Elle est revenue en Allemagne en 1955, où elle est devenue journaliste et correspondante en Allemagne du quotidien israélien Maariv. Elle a ainsi notamment couvert les procès contre les SS d’Auchwitz à Francfort.
Elle est devenue citoyenne israélienne en 1966 et s’est installée à Tel Aviv en 1972.
Inge Deutschkron (1922-2022) écrivain et journaliste israélienne et allemande, a vécu clandestinement à Berlin pendant la guerre. En 1979, elle accorde un entretien de trois heures à Claude Lanzmann. Une partie de son témoignage se passe dans la gare de Grunewald… pic.twitter.com/7qSe6oLOQN
— Fabien Louis (@EidFabien) March 9, 2022
Elle a publié de nombreux livres, dont Tel était leur enfer, les enfants dans les camps de concentration et Je veux vivre, juive à Berlin, 33-45, tous deux traduits en français.
Elle a longtemps témoigné de son expérience auprès des jeunes, se rendant dans de nombreuses écoles.
Pour ses actions, elle a reçu l’Ordre du Mérite de Berlin, le Prix Moses-Mendelssohn et la Médaille Louise-Schroeder.
Le président allemand Frank-Walter Steinmeier lui a rendu hommage suite à sa mort.
« La mort d’Inge Deutschkron me remplit d’une profonde tristesse », a-t-il déclaré dans un communiqué, ajoutant qu’elle « avait rendu des services exceptionnels à notre pays, à son pays. Nous ne l’oublierons jamais ».
« Malgré tout ce qui lui a été fait par les Allemands, Inge Deutschkron ne s’est pas détournée de l’Allemagne. Elle a travaillé sans relâche pour s’assurer que nous tirions les bonnes leçons des crimes commis par le national-socialisme », a déclaré Steinmeier. « En tant que témoin contemporain, elle a contribué à garder vivante la mémoire de ceux qui ont été persécutés et assassinés et a contribué à former une génération de témoins des témoins. »
Une des grandes voix de la mémoire de la Shoah s’est éteinte: #IngeDeutschkron est décédée hier à l’âge de 99 ans. Son autobiographie «Je veux vivre, juive à Berlin, 33-45» retrace son expérience. Elle se rendait également dans les écoles pour parler aux jeunes générations. pic.twitter.com/KsNWOtlzBL
— Ambassade d'Allemagne en France (@AllemagneDiplo) March 10, 2022