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Décès du résistant français et déporté juif Jacques Bloch à 98 ans

Après avoir rejoint la Résistance en février 1944, l’homme a participé à la libération de Guéret (Creuse), puis a été arrêté par la Gestapo, torturé et envoyé à Buchenwald

Jacques Bloch, résistant français et déporté juif. (Crédit : capture d’écran Musée de la Résistance en ligne)
Jacques Bloch, résistant français et déporté juif. (Crédit : capture d’écran Musée de la Résistance en ligne)

Jacques Bloch, résistant français et déporté juif, est décédé ce samedi à Paris à l’âge de 98 ans, a rapporté France Bleu.

Né le 7 juillet 1924 à Paris, d’une mère originaire de Lorraine et d’un père d’origine juive alsacienne, le jeune Jacques a 15 ans quand la guerre éclate.

En 1941, son père, après avoir été mobilisé, fait prisonnier de guerre puis libéré, a été révoqué du lycée où il enseignait en tant que professeur de philosophie car Juif. Deux jours plus tard, leur maison a été réquisitionnée par les nazis, et la famille a été contrainte de prendre la fuite – d’abord en Indre-et-Loire, où ils ont été prévenus par un garde-champêtre qu’ils allaient être arrêtés, puis en Creuse début 1942, où la famille a reçu la protection des habitants jusqu’à la fin de la guerre. Ils retrouvent dans le village un cousin du père, Marc Bloch, cofondateur des Annales et grand historien.

Dans le même temps, Jacques a lui rejoint la Résistance sous le pseudonyme de « Jacques Binet », cultivateur dans la Creuse, en février 1944, recevant l’aide de Marc Bloch pour intégrer ces réseaux. (Marc Bloch, grand résistant, a été exécuté par les nazis quelques mois plus tard.)

Le 7 juin 1944, après la libération de la ville de de Guéret (Creuse) par les maquisards, Jacques Bloch a lui été gravement blessé par balles au bras dans des affrontements avec la division « Das Reich ».

La fausse carte d’identité de Jacques Bloch, dit « Binet », durant la guerre. (Crédit : collection familiale)

Emmené à l’hôpital, il s’est fait amputer le bras. Dans le même temps, un milicien l’a dénoncé, et il a été arrêté alors qu’il allait quitter l’hôpital. Échappant de peu à une exécution immédiate, il a été livré à la Gestapo et torturé pendant huit jours. Un médecin allemand, qui demandait à ses bourreaux nazis de cesser les violences et son calvaire, s’est fait abattre par les SS devant ses yeux – malgré d’intenses recherches, Jacques Bloch n’a, à regret, jamais pu trouver le nom de ce médecin allemand qui voulait le sauver.

Le Résistant est finalement incarcéré et, en cette fin de guerre, lui et les autres maquisards emprisonnés sont utilisés comme otages par les nazis. Alors que plusieurs sont libérés, d’autres – dont Jacques Bloch en septembre 1944 – sont envoyés en déportation, au camp de Buchenwald, en Allemagne. Le fait d’être déporté en tant que Résistant et non en tant que Juif – il a été arrêté sous son nom de maquisard – lui donne une potentielle chance de survie.

Faisant partie des derniers convois de déportés depuis la France, celui au matricule 85235 et avec un bras en moins est placé au bloc des invalides. Il est notamment chargé de transporter du bois vers les cuisines, ce qui lui permet de chaparder de la nourriture.

Pendant sa déportation, le jeune homme écrit des poèmes sur des bouts de papier volés à l’administration du camp nazi. Sur l’un d’eux, il compare son sort à celui d’un point de suspension.

Le camp est finalement évacué en avril 1945, et il s’enfuit pendant une marche de la mort. Il parvient à rejoindre une avant-garde américaine après trois jours d’errance, alors qu’il ne pesait plus qu’une trentaine de kilos. Il retrouve finalement sa famille, qui a survécu, après son rapatriement en France.

Jacques Bloch a reçu la Médaille de la Résistance française en août 1946. Après avoir renoncé à la médecine, il est devenu administrateur au Sénat, poste qu’il a occupé jusqu’à sa retraite.

Il a eu quatre enfants avec sa femme Josette. Il retournait chaque année à Guéret pour commémorer la libération de la commune, et est allé il y a quelques années en visite à Buchenwald. Un long portrait du Monde lui a été consacré en janvier 2020.

Malgré son parcours héroÏque et sa carrière en tant que haut fonctionnaire au Sénat, l’homme n’a reçu que peu d’hommages publics.

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