Dermer a prôné le déplacement des Gazaouis dans le Sinaï auprès d’un officiel égyptien
Ce proche du Premier ministre a affirmé que le public égyptien était moins opposé à cette idée que son gouvernement, alarmant Le Caire qui a depuis cherché à le faire venir dans le pays pour pouvoir discuter davantage de ce sujet brûlant
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

Le ministre des Affaires stratégiques, Ron Dermer, a rencontré un responsable égyptien à la fin du mois dernier à Jérusalem. Au cours de cette réunion « tendue », l’officiel s’est efforcé de présenter au mieux le positionnement du Caire qui s’oppose farouchement à tout déplacement des Gazaouis dans la péninsule du Sinaï, ont déclaré au Times of Israel un responsable israélien et une source proche du dossier.
L’officiel égyptien a fait savoir que le Caire était alarmé par les appels lancés par les hommes politiques israéliens à pousser les Palestiniens hors de la bande de Gaza, soulignant que l’Égypte considérait ce type d’initiative comme une menace existentielle, selon les deux sources.
Dermer a répondu en affirmant que le peuple égyptien n’était pas si défavorable à l’idée d’accueillir les résidents de l’enclave que peut l’être, de son côté, le gouvernement égyptien.
Inquiets de cette réponse – avec laquelle ils sont aussi en désaccord – les officiels égyptiens cherchent depuis à rencontrer à nouveau Dermer, en présence de dirigeants de premier plan du pays, dans le but de pouvoir évoquer plus en détail les arguments avancés par le Caire concernant un éventuel déplacement des Palestiniens dans le Sinaï.
Si l’Égypte espérait que cette réunion aurait lieu au début du mois, elle ne s’est pas encore concrétisée.
Un porte-parole de Dermer a fait savoir que son bureau ne ferait aucun commentaire sur les réunions privées.

Dermer s’est rendu au Caire pour la dernière fois au mois de janvier, dans le cadre d’un déplacement discret qui lui a permis de prendre part à des réunions consacrées à la coordination bilatérale en matière de sécurité, ont indiqué les sources.
L’idée de déplacer les Palestiniens en Égypte a été également avancée par le président américain Donald Trump, qui a proposé que les États-Unis prennent le contrôle de Gaza en réinstallant ses deux millions d’habitants dans d’autres pays.
Une proposition qui a rapidement été rejetée par l’Égypte dont le leader, le président Abdel-Fattah el-Sissi, s’est abstenu de rencontrer Trump à la Maison Blanche – malgré les offres de Washington. Une visite au cours de laquelle le chef de l’État se serait probablement trouvé dans l’obligation de commenter le plan avancé par Trump, ont déclaré les deux sources au Times of Israel.
La réunion tendue qui a eu lieu le mois dernier à Jérusalem s’est déroulée dans un contexte de crispations déjà latentes entre les gouvernements israélien et égyptien, ont précisé les deux sources.
Ces derniers mois, les politiciens israéliens ont évoqué, à l’occasion de rencontres avec des députés américains venus sur le sol israélien, des violations présumées du traité de paix conclu entre Jérusalem et le Caire, reprochant à l’armée égyptienne d’avoir déployé en masse ses soldats le long de la frontière avec Gaza.
L’ambassadeur d’Israël aux États-Unis a lancé les mêmes accusations lors d’une réunion avec les leaders de groupes juifs américains.

« L’Égypte contrevient très sérieusement à notre accord de paix dans le Sinaï. C’est une question qui va être mise en avant parce qu’elle n’est pas tolérable », dit ainsi Yechiel Leiter aux dirigeants juifs américains dans un enregistrement obtenu par le Times of Israel.
« Nous avons des bases en train d’être construites qui ne peuvent être utilisées que pour des opérations offensives, avec des armes offensives – c’est une violation évidente », a-t-il affirmé. « Pendant longtemps, ce problème a été mis de côté, et ça continue. C’est une problématique que nous allons mettre très bientôt sur la table et de manière très catégorique ».
Leiter a également accusé la famille de Sissi de profiter du désespoir des Palestiniens qui cherchent à fuir la bande de Gaza et de jouer un double jeu au profit du Hamas.
Des propos qui ont entraîné la colère au Caire et les responsables en ont parlé lors de la réunion qui a eu lieu avec Dermer le mois dernier, ont déclaré l’officiel israélien et la source proche du dossier.
Contrairement aux leaders politiques israéliens, les responsables israéliens de la sécurité n’ont pas fait part à leurs homologues du Caire de leurs inquiétudes concernant d’éventuelles pressions militaires de la part de l’Égypte dans la péninsule du Sinaï, ont indiqué les deux sources.
Certains ont évoqué des images qui ont été diffusées il y a peu, révélant une présence importante de chars égyptiens dans le Sinaï – des images qui n’ont pas été vérifiées toutefois. Par ailleurs, un officiel des services de sécurité israéliens a noté qu’elles n’étaient pas récentes.