Des cellules de cannabis – 12 fois plus puissantes – cultivées dans un bioréacteur
Selon la compagnie israélienne à l'origine de cette technologie, chaque gramme du produit sera beaucoup plus utile dans les traitements médicaux que l'équivalent issu des plants
Une firme israélienne a cloné des cellules de chanvre, utilisant un bioréacteur pour les cultiver. De cette culture, il sortira ensuite une substance contenant tous les principes actifs du cannabis mais avec une puissance et une efficacité multipliées par douze.
BioHarvest Sciences a indiqué que ces avancées pourraient mettre à disposition du public tous les avantages médicaux du cannabis sous une forme moins coûteuse, plus propre et plus verte. L’entreprise a commencé à demander les autorisations nécessaires pour fabriquer et pour vendre son produit, en vue d’un usage strictement médical, en Israël et aux États-Unis.
« Nous ne faisons absolument pas pousser la plante », explique le directeur-général de BioHarvest, Ilan Sobel, au Times of Israel. Le processus consiste à « répliquer » des cellules extraites d’un plant de chanvre dans de gros réservoirs appelés bioréacteurs dans le but de produire un nombre immense de cellules identiques.
« Nous les cultivons dans de gros bioréacteurs en seulement trois semaines – il faut 14 à 23 semaines de culture pour le cannabis habituellement », continue Sobel. « Notre technologie permet également d’augmenter de manière significative les niveaux de substances actives en pourcentage de poids, et ce comparativement à ce qui se trouve normalement dans le plant ».
Ainsi, chaque gramme sorti du bioréacteur de Rehovot nécessite moins d’eau et autres ressources pour se développer que ce n’est le cas pour un gramme de plant de cannabis – et son utilité est également bien plus grande s’agissant de traiter les malades, note Sobel.
Il dit s’attendre à ce que l’impact de cette innovation sur le marché du cannabis soit « époustouflant ». Il refuse d’entrer dans le détail de la technologie utilisée, tout en précisant que l’efficacité du produit – il est douze fois plus puissant que le cannabis habituel – résulte du changement d’environnement à l’intérieur du bioréacteur.
Sobel explique : « En adaptant les conditions spécifiques auxquelles les cellules sont exposées, nous sommes en mesure de créer les compositions différentes désirées en matière de principe actif, ce qui signifie que nous pouvons augmenter ou réduire les cannaibinoïdes [composants] variés ».
La biomasse qui sort du bioréacteur est un amas de cellule identiques à celles trouvées dans le cannabis qui vient des plantes et il n’y a aucune modification génétique, poursuit Sobel. Les patients peuvent la fumer ou la prendre sous forme de pilule, de gouttes ou de chewing gum, entre autres.
En plus du niveau élevé de principe actif, la biomasse couvre l’intégralité du spectre – ce qui signifie qu’elle contient la pleine variété de composantes chimiques trouvées dans les plants de cannabis, et non seulement quelques-unes.
« Il y a, dans notre composition, une importante quantité des deux cannabinoïdes majeurs, comme le CBD et le THC, ainsi que des quantités significatives de ce qu’on appelle des cannabinoïdes mineurs », précise Sobel.
L’environnement contrôlé du bioréacteur permet de dépasser deux difficultés de la culture du cannabis : les contaminations et les récoltes qui présentent des niveaux variés de principe actif. Selon Sobel, l’environnement protégé du bioréacteur garde à distance d’éventuelles contaminations comme celles des champignons, et la nature contrôlée de la méthode permet d’obtenir un produit qui présente des niveaux constants de cannabinoïdes.
BioHarvest affirme que si sa biomasse parvient à décoller commercialement, les avantages présentés par le cannabis médical seront accessibles à un prix moins onéreux et avec un coût moindre, également, en termes d’impact environnemental. Parce que, selon les calculs de la firme, chaque kilowatt d’électricité produit huit fois plus de substance dans le bioréacteur que ce n’est le cas du côté des plants. Les exigences en matière de terre nécessaire sont aussi réduites de plus de 90 %.
Ces techniques, qui épargnent les ressources, sont déjà utilisées dans la viticulture et dans la culture des olives et des grenades, fait remarquer Sobel.
« Ce qui est important ici, c’est que nous pouvons rendre le cannabis et le chanvre beaucoup plus utiles que ce n’était le cas auparavant et à un coût moindre en matière de ressources planétaires », commente-t-il. « C’est une solution de bien-être qui est durable, une solution offerte par Israël qui est susceptible d’apporter une contribution réellement inspirante au monde ».