Des élus du Labour soutiennent une motion d’urgence sur l’antisémitisme
Le chef de l'opposition Corbyn était absent de la réunion au cours de laquelle a été débattue la définition controversée de la haine anti-juive adoptée par le parti

Les parlementaires du parti travailliste britannique ont approuvé dans la journée de lundi une motion d’urgence concernant l’adoption de la définition de l’antisémitisme établie par l’IHRA (International Holocaust Remembrance Alliance) dans un contexte de polémiques sur celle qui a été retenue par la formation et qui, selon ses détracteurs, n’irait pas assez loin.
La motion en elle-même sera votée par les parlementaires et leurs pairs le 5 septembre, ce qui place les députés dans un affrontement avec la direction nationale du parti.
Le leader de l’opposition Jeremy Corbyn, qui a apporté son soutien à la définition controversée actuellement en vigueur, n’a pas assisté à cette réunion.
Margaret Hodge, députée juive issue des rangs travaillistes, a déclaré avoir été déçue par l’absence de Corbyn.

« Il s’agit clairement d’une question totalement centrale à ma famille et à ma politique. Je pense que cela aurait été beaucoup, beaucoup mieux s’il avait été là », a-t-elle commenté auprès du Guardian.
« Je suis très émue, profondément déprimée et au bord des larmes », a déclaré Hodge à l’issue de la réunion, selon Sky News.
« C’est le parti dans lequel j’évolue depuis 50 ans. Le Labour est le foyer naturel des Juifs ».
Elle a ajouté que « c’est un jour sombre, c’est un jour très sombre pour le parti. Je ne comprends pas pourquoi nous ne pouvons pas nous contenter d’adopter la définition transmise par l’IHRA. Si certains estiment qu’il n’y a pas suffisamment d’éléments dans cette définition qui permettent de critiquer le gouvernement israélien, alors on peut ajouter d’autres clauses ».
Une querelle a également éclaté sur l’éventualité d’une sanction disciplinaire pour Margaret Hodge qui a qualifié Corbyn d’antisémite.
Hodge, qui est profondément ancrée dans le parti travailliste, a perdu des membres de sa famille pendant la Shoah. Elle a attaqué Corbyn ces derniers jours et indiqué lundi à la BBC qu’elle ne quitterait pas le parti en dépit d’une série d’abus.
« Je vais combattre au sein même du Labour et il est terrible qu’il faille que je fasse cela en 2018 », a-t-elle expliqué.

Elle a précisé avoir mis du temps à conclure que Corbyn est antisémite mais qu’elle ne reviendrait pas sur ses paroles.
« J’ai toujours, dans le passé, été en désaccord avec ceux qui disaient qu’il était antisémite mais finalement, il faut juger les gens sur ce qu’ils font et non sur ce qu’ils disent. Il faut juger les gens sur leurs actions et non sur leurs paroles », a-t-elle dit.
La crise actuelle dans les rangs du Labour a éclaté après que le comité directeur du parti a proposé une nouvelle définition de l’antisémitisme qui, a adopté le positionnement prôné par l’organisation largement reconnue de l’IHRA (International Holocaust Remembrance Alliance) tout en excluant certains éléments qui sont toutefois, selon l’alliance, antisémites.
Par exemple, l’instance affirme qu’il est antisémite d’accuser les Juifs de se montrer plus loyaux envers Israël qu’envers leurs pays d’origine, ce qui n’a pas été retenu par le Labour. L’alliance explique également qu’il est antisémite de comparer les politiques israéliennes à celles qui avaient été mises en oeuvre par les nazis, un point de vue qui a été rejeté par le parti travailliste de Corbyn.