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Des émojis pour expliquer les hiéroglyphes ? La trouvaille du musée d’Israël

"Il y a une similarité dans le dessin et la forme, [...] très intéressant car des milliers d'années et de grandes différences culturelles séparent les deux systèmes", dit le musée

La commissaire Shirly Ben-Dor Evian présente l'exposition « Emoglyphs: Picture-Writing from Hieroglyphs to the Emoji » au Musée d'Israël à Jérusalem, le 19 décembre 2019. (Crédit : MENAHEM KAHANA / AFP)
La commissaire Shirly Ben-Dor Evian présente l'exposition « Emoglyphs: Picture-Writing from Hieroglyphs to the Emoji » au Musée d'Israël à Jérusalem, le 19 décembre 2019. (Crédit : MENAHEM KAHANA / AFP)

Comment faire comprendre le système des hiéroglyphes au grand public scotché aux smartphones ? A cette question, le département d’archéologie du musée d’Israël, à Jérusalem, a trouvé une réponse originale : les comparer à des émojis.

« Je me suis rendue compte que le public était fasciné par les hiéroglyphes mais qu’il m’était très difficile de les expliquer », indique à l’AFP Shirly Ben-Dor Evian, égyptologue et commissaire de l’exposition « Emoglyphes : l’écriture idéographique, des hiéroglyphes aux émojis », qui a ouvert ses portes cette semaine.

« En réalité, il est désormais plus facile de les expliciter puisque nous écrivons tous avec des images », relève-t-elle, en faisant référence aux émojis, dont le terme signifie littéralement « image-lettre » en japonais.

Coeur, visage souriant, pinte de bière : ces pictogrammes, apparus à la fin des années 1990, égayent depuis par centaines les discussions sur les réseaux sociaux et les messageries en ligne.

La commissaire Shirly Ben-Dor Evian présente l’exposition «Emoglyphs: Picture-Writing from Hieroglyphs to the Emoji» au Musée d’Israël à Jérusalem, le 19 décembre 2019. (MENAHEM KAHANA / AFP)

Et certains d’entre eux, veut croire Mme Ben-Dor Evian, ont leur équivalent parmi les hiéroglyphes, comme celui d’une personne haussant les épaules, comme pour dire « je n’en sais rien ».

Ou l’émoji d’un danseur se déhanchant dans son costume violet, dont l’ancêtre égyptien se livrait à un mouvement similaire, une main en l’air, il y a 3 000 ans.

Ce type de pictogrammes se ressemblant figure sur un mur à l’entrée de l’exposition.

« Il y a une similarité dans le dessin et la forme, ce qui est très intéressant car des milliers d’années et de grandes différences culturelles séparent les deux systèmes », souligne Mme Ben-Dor Evian.

Dans le système égyptien, les hiéroglyphes pouvaient désigner un objet ou une idée (idéogrammes), indiquer le son du mot (phonogrammes) ou servir de « déterminatifs » précisant la catégorie sémantique du mot.

Un visiteur regarde d’anciennes statues égyptiennes portant des hiéroglyphes, à l’exposition « Emoglyphs: Picture-Writing from Hieroglyphs to the Emoji » au Musée d’Israël à Jérusalem, le 19 décembre 2019. (Crédit : MENAHEM KAHANA / AFP)

Les émojis, eux, se suffisent à eux-mêmes en désignant une idée, un sentiment ou un objet, et n’ont pas vocation à être accumulés pour former une phrase, note Mme Ben-Dor Evian.

Toute l’idée de l’exposition, qui présente des objets antiques ornés de hiéroglyphes en expliquant leur sens et met en parallèle des émojis leur ressemblant, est de montrer que l’homme utilise l’écriture idéographique car elle véhicule avec davantage de force une idée, explique la commissaire.

« Quand vous utilisez l’écriture idéographique, l’image devient plus puissante que le mot », dit-elle, en prenant pour exemple l’émoji du revolver, qui a été remplacé par Apple en 2016 par un pistolet à eau.

« C’est plus effrayant de recevoir un message avec l’image d’une arme qu’avec le mot ‘arme' ».

Selon la commissaire, la différence principale entre les deux systèmes tient à ce que chacun peut utiliser les émojis à sa manière, tandis que les hiéroglyphes étaient considérés comme sacrés, et leur usage strict et réservé à une élite.

Un visiteur prend des photos de plaques égyptiennes anciennes à l’exposition « Emoglyphs: Picture-Writing from Hieroglyphs to the Emoji » au Musée d’Israël à Jérusalem, le 19 décembre 2019. (Crédit : MENAHEM KAHANA / AFP)

L’exposition sur les « émoglyphes », ouverte jusqu’en octobre 2020, présente par ailleurs des antiquités égyptiennes jamais dévoilées au public.

Parmi elles figure un collier fait de lin et de papyrus et recouvert d’or, datant d’environ 100 avant J.-C., qui porte l’inscription d’un coléoptère, symbole de résurrection.

Ce coléoptère n’est pas sans rappeler l’émoji coccinelle, d’après Mme Ben-Dor Evian.

« En tant qu’égyptologue, mon objectif est de montrer qu’il ne faut pas ignorer ce qui est ancien », a-t-elle déclaré. « Car ce qui est ancien est toujours pertinent dans notre vie aujourd’hui ».

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