Des gravures de bateaux sur une citerne vieille de 2000 ans gravée à Beer Sheva
Les archéologues estiment que ceux qui ont gravé des navires dans ce bassin de conservation d'eau enclavé avaient des connaissances techniques sur leur construction
Amanda Borschel-Dan édite la rubrique « Le Monde Juif »
Un bassin de rétention d’eau qui vient d’être découvert dans la ville de Beer Sheva, ville enclavée dans le désert, présente des dessins gravés dans la pierre, vieux de 2000 ans, représentant 13 navires et même un marin.
Des détails techniques figurent dans certains de ces dessins gravés dans les murs en plâtre du bassin, ce qui suggère que l’artiste avait des connaissances pratiques en construction de bateau, a affirmé la docteure Davida Eisenberg-Degen, spécialiste en art et dessins sur pierres au sein de l’Autorité des antiquités israéliennes (AAI) dans un communiqué émis par l’institution.
Cette citerne recouverte d’œuvres artistiques a été trouvée pendant des fouilles de l’AAI en amont de la construction d’un nouveau quartier à Beer Sheva, Rakefet. Ce bassin d’approximativement 12 mètres de profondeur et de 25 mètres-carrés aurait été utilisé par une résidence romaine avoisinante datant du premier siècle, et ce jusqu’à une période récente. En fouillant les sédiments, les archéologues ont découvert des tessons en céramique remontant à la Première guerre mondiale, des boîtiers de munitions et autres parties d’armement.
« La forme et la configuration de la citerne, la technique de taille et de plâtrage suggèrent que cette citerne date du premier ou du deuxième siècle de l’ère commune et qu’elle a probablement servi la résidence d’un site datant de la période romaine situé à environ 800 mètres et qui a été récemment fouillé par les docteurs Fabian et Cohen-Sason de l’université Ben Gurion du Negev », a dit Eisenberg-Degen dans un communiqué de presse de l’IAA.

En fouillant la citerne, les archéologues Eisenberg-Degen et Avishay Levi-Hevroni ont trouvé des éléments de gravures sur ses murs, et notamment des bateaux et un marin ainsi que des zoomorphes – ou représentation de formes animales.

Il n’est pas rare de découvrir des dessins lors de fouilles archéologiques mais jusqu’à récemment, peu d’archéologues avaient étudié en profondeur ces dessins informels. Un livre récemment écrit par le docteur Karen B. Stern, du Brooklyn College, à l’université de New York, aura largement aidé à combler ce manque.
Dans un livre en anglais publié par les éditions Princeton Press, « Writing on the Wall: Graffiti and the Forgotten Jews of Antiquity »,” Stern évoque la « grandeur » de cette catégorie artistique et de ses nombreuses expressions.
Stern affirme que ces dessins « comportent des informations dont manquent de manière distinctive la majorité des autres genres d’éléments textuels ou documentaires ». Contrairement à ce que les textes académiques ou religieux classiques maintiennent minutieusement et transmettent à travers les générations, les dessins, écrit-elle, mettent en lumière « des types de données archéologiques totalement appropriés au débat consacré à la vie quotidienne juive ».

Et souvent, ces dessins sont préservés dans les tombeaux. Stern cite le complexe funéraire de Beit Shearim en Basse-Galilée, qui est approximativement contemporain aux gravures découvertes à Beer Sheva. Il y a là-bas « pléthore de bateaux de types et de formes variés, à des degrés d’élaboration différents ». De manière similaire aux dessins de Beer Sheva, ces navires sont dépeints avec des détails techniques, notamment une coque et un mât arrondis, une voilure gonflée, des rames et des ancres, écrit Stern.
Dans ce livre fascinant, Stern fait référence à d’autres dessins de bateaux retrouvés dans des tombeaux, notamment dans le « tombeau de Jason », datant de la période des Maccabées, situé dans le quartier Rehavia de Jérusalem, ainsi que dans d’autres sites funéraires dans les régions de Shefala et ailleurs, comme à Rome et Malte, dans un contexte juif.

Peut-être ces bateaux ont-ils à voir avec la croyance d’un voyage de la vie touchant à son terme, écrit Stern. Elle reconnaît que s’il y a probablement une signification dans l’usage du symbolisme du bateau dans les tombeaux, l’explication précise « reste quelque peu indéfinie ».
L’explication de la représentation du bateau sur la citerne de Beer Sheva reste également mystérieuse. Toutefois, le public pourra bientôt décider par lui-même : grâce à une subvention de l’accord-cadre et du développement des nouveaux quartiers de Beer Sheva, la citerne sera préservée et incorporée dans les « espaces verts » de Rakefet.