Des habitants d’implantations lancent à nouveau des pierres sur les soldats
Suite à cette deuxième attaque en moins de deux jours à proximité de l'implantation d'Yitzhar, l'armée a dispersé les émeutiers en utilisant des grenades assourdissantes
Moins de 48 heures après des affrontements entre les forces de sécurité et des habitants de l’implantation du nord de la Cisjordanie d’Yitzhar, un groupe de 10 habitants d’implantations a lancé des pierres et des bouteilles de peinture sur la police aux frontières dans la même zone, lundi soir.
Un soldat a été touché par une pierre, mais il n’a pas eu besoin de soins. L’armée a dispersé les émeutiers en utilisant des grenades assourdissantes, selon des médias israéliens.
Dimanche, un bataillon de la police aux frontières a reçu l’ordre de se positionner à proximité de l’implantation d’Yitzhar pour dissuader les habitants de mener d’autres activités violentes dans la zone, a annoncé le diffuseur public Kan. Les gardes-frontières avaient procédé à un déploiement similaire en avril 2014, après une série d’attaques et d’actes de vandalisme en provenance de l’implantation d’Yitzhar et d’un avant-poste alentour, y compris l’attaque d’un campement militaire menée par des résidents.
L’incident de lundi est intervenu après des émeutes dans la nuit de samedi à dimanche impliquant au moins 30 habitants d’implantations, selon l’armée. Ils ont jeté des pierres sur les soldats et crevé les pneus de véhicules militaires. Un soldat a été légèrement blessé par une pierre.
L’armée a répondu en utilisant des moyens de dispersion d’émeutes et en tirant en l’air.
Un soldat a été légèrement blessé par une pierre et a été soigné sur place, a déclaré l’armée.
Aucune arrestation n’a été annoncée.
Plus tôt lundi, l’armée a déclaré que le site de l’attaque, l’avant-poste de Kumi Ori à proximité d’Yitzhar, sera une zone militaire fermée, ce qui signifie que seuls les résidents pourront entrer et sortir de la zone.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui est également ministre de la Défense, et des politiciens des deux camps du paysage politique ont dénoncé la violence de ce weekend. Lundi, le chef du parti Travailliste-Gesher Amir Peretz a demandé à une puissante commission de la Knesset de se rassembler pour traiter l’attaque de samedi soir sur des soldats par des habitants d’implantations, la qualifiant de « terrorisme dans le sens complet du mot ».
La violence du weekend est intervenue après une série d’arrestations de résidents extrémistes d’Yitzhar et de l’avant-poste avoisinant. La première arrestation a eu lieu mercredi quand des soldats ont arrêté un adolescent suspecté d’avoir déclenché un incendie dans un champ possédé par un Palestinien situé à proximité de sa maison. L’avocat du mineur a affirmé que l’officier de la brigade Golani avait utilisé une force disproportionnée pour arrêter son client, qui a été libéré deux jours plus tard et assigné à résidence.
Ce soir-là, un deuxième adolescent a été arrêté dans la zone d’Yitzhar après que l’armée a dit qu’il avait menacé le commandant d’infanterie de la brigade Golani, le lieutenant-colonel Ayoub Kayouf.
L’armée a déclaré que l’incident avait fait l’objet d’une enquête en coopération avec la police israélienne et les responsables locaux, conduisant à l’arrestation du jeune.
« L’armée condamne sans équivoque toute attaque physique ou verbale contre ses soldats et considère cet incident comme étant très grave », a déclaré l’armée.
Les responsables d’Yitzhar ont répété dans un communiqué qu’il n’y avait aucune suspicion que le mineur avait attaqué physiquement l’officier, et ils ont mis en avant leur coopération avec les autorités. Le communiqué critiquait le moment choisi pour procéder à l’arrestation – vendredi soir, lors du Shabbat – le qualifiant « de violation évidente des droits individuels mais aussi de la sainteté du Shabbat ».
Mardi, la chaîne publique Kan a annoncé que, moins de 48 heures avant les accrochages de dimanche matin au cours desquels un soldat a été frappé par une pierre, le secrétariat d’Yitzhar avait prévenu les résidents que la communauté coupait toutes ses communications avec l’armée après qu’elle avait refusé d’annuler un ordre d’éloignement temporaire contre un des résidents de l’implantation.
« À cause du fait que, malheureusement, la demande du secrétariat au [chef du commandement central de larmée le général Naval Padan] d’annuler l’ordre administratif contre le résident d’Yitzhar Neria Zarog n’a pas été approuvée, la communauté gèle toute communication avec l’armée – sauf pour les urgences – au niveau du commandant de brigade jusqu’à ce que la situation soit modifiée », a précisé le communiqué.
Le communiqué précisait que la décision ne concernait pas les activités de routine pour assurer la sécurité de l’implantation.
Dans sa lettre à Padan du mois dernier, le secrétariat d’Yitzhar a prévenu de « perturbations » s’il ne revenait pas sur sa décision de signer un ordre administratif interdisant au jeune Zarog, âgé de 21 ans, de se trouver en Cisjordanie pendant 3 mois, avant une audience. L’ordre administratif permet à Zarog de résider dans l’implantation de Kochav Yaako où habitent ses parents, mais empêche à ce père de deux enfants d’être en contact avec 16 amis d’Yitzhar.
Selon un officiel de la Défense, qui a parlé le mois dernier au Times of Israël sous condition d’anonymat, Zarog est un « extrémiste violent bien connu des forces de sécurité » qui a participé à des altercations contre des Palestiniens, mais aussi des soldats israéliens. Zarog a nié avoir participé à de telles activités.
Zarog a refusé de quitter la zone malgré l’ordre à son encontre. Lundi soir, il a été aperçu en train de danser à Yitzhar avec le Président du conseil régional de Samarie lors d’un événement religieux.
https://twitter.com/roysharon11/status/1186380202072518656
Son sort semble être au cœur des tensions actuelles.
Des groupes de défense des droits de l’homme ont rapporté qu’un groupe d’habitants d’implantations masqués et armés de barres de fer avaient, la semaine dernière, brutalement attaqué un groupe de militants, dont un rabbin âgé de 80 ans, qui aidaient des fermiers palestiniens dans leur récolte d’olives au nord de la Cisjordanie.
L’incident est intervenu alors que la récolte annuelle d’olives vient juste de commencer. Plus de 100 000 familles palestiniennes dépendent des revenus qu’elles obtiennent de leurs olives et 18 % de la production agricole palestinienne vient des olives, selon les statistiques du Bureau des Nations unies pour la Coordination des Affaires humanitaires.
La récolte est une occasion fréquente d’accrochages entre les Palestiniens et les habitants israéliens des implantations.
Samedi, des habitants d’implantations israéliennes ont été filmés en train de lancer des pierres sur des fermiers palestiniens et de voler leurs olives, dans des images fournies par le groupe de défense des droits de l’homme, Yesh Din.
Le Croissant rouge palestinien a déclaré que trois fermiers de la ville du nord de la Cisjordanie de Burin ont été hospitalisés après avoir été battus avec des barres de fer par des jeunes Israéliens. Ils ont été hospitalisés samedi après-midi.
Après avoir chassé les fermiers de leur terrain, plus d’une vingtaine de jeunes Israéliens, arrivés à Burin en provenance de l’avant-poste voisin de Givat Ronen, ont volé une toile utilisée pour collecter des olives, un grand sac d’olives et des objets personnels, a déclaré un militant de Yesh Din.
Après l’arrivée de jeunes Palestiniens sur place, des affrontements ont éclaté entre eux et les habitants d’implantations, les deux camps se lançant des pierres l’un vers l’autre.
Deux Jeeps de la police aux frontières sont arrivées sur place et ont utilisé des moyens de dispersion pour repousser les Palestiniens.
Plus tard samedi soir, l’armée et la police israélienne ont confirmé les accusations de violence des habitants d’implantations. L’armée a déclaré que huit Israéliens avaient lancé des pierres sur les Palestiniens, blessant l’un deux, avant de fuir la scène. Une porte-parole de l’armée a déclaré que les affrontements ont cessé quand des officiers sont arrivés sur place et qu’ils n’ont pas pu procéder à des arrestations.
Une porte-parole du Conseil régionale de Samarie a déclaré que le récit de Yesh Din n’avait « aucun sens », mais n’a pas fourni d’éléments supplémentaires.