Des lycées juifs parmi les meilleurs de France
Une bonne nouvelle pour la communauté juive qui a été frappée par plusieurs épreuves au cours des derniers mois
JTA — Lorsque les médias français s’intéressent aux écoles juives, cela ne présume généralement rien de bon.
De temps en temps, il y a des polémiques autour du financement public de ces institutions dans un pays qui est connu pour son principe de laïcité, à savoir la séparation entre la religion et l’État.
Bien souvent, les informations s’inscrivent dans le contexte de la sécurité autour des écoles juives qui font l’objet d’une importante protection de la police et de l’armée pour les protéger des fanatiques islamiques comme Amedy Coulibaly qui a tué quatre juifs dans un supermarché casher le 9 janvier. Un petit accrochage avec un véhicule a conduit à l’échec de son premier plan qui était initialement d’attaquer une école primaire juive de Montrouge.
Le semaine dernière, les médias français évoquaient les établissements juifs parce qu’ils occupaient le haut de deux des listes annuelles dans lesquelles les médias français classent les 4 300 lycées du pays.
Le lycée Beth Hanna, qui fait partie du réseau Chabad Loubavitch en France, a pris la première place sur la liste du classement du Parisien, grâce à un taux de réussite de 99 % au baccalauréat parmi les élèves présentant l’examen et 32 points de « valeur ajoutée », qui sont déterminés selon des critères aditionnels comme le pourcentage d’étudiants qui ont passé l’examen, les moyennes des étudiants, le taux d’abandon et de participation en cours des écoles.
Dans la liste préparée par France Télévisions, une autre école juive est arrivée en tête : le lycée de l’Alliance dans la banlieue de Paris en Seine Saint-Denis.
Les médias français juifs ont rapidement annoncé que le meilleur lycée de France était juif en présentant aux lecteurs une nouvelle plume sur le chapeau communautaire après la victoire du prix Nobel de Littérature pour Patrick Modiano l’an dernier. Mais une étude plus approfondie des classements, aussi appelés « Le Palmarès de Lycées », montre que le titre de meilleur lycée n’est pas une distinction aussi simple à interpréter.
Tout d’abord, il y a au moins six classements réputés des lycées français, chacun présentant une sélection très différente.
La liste où l’Alliance est en tête a, par exemple, 99 autres lycées, mais Beth Hanna n’est pas l’un d’entre eux.
La liste du Parisien où Beth Hanna est en tête a aussi 100 autres écoles mais l’Alliance n’est pas présente.
Et sur la liste du Figaro, aucuns des lycées juifs n’est arrivé en tête, avec Beth Hanna classé 46ème et l’Alliance classé 88ème.
Les variations sont dues à comment les média qui préparent les listes calculent les nombreux critères pertinents, y compris le nombre d’étudiants et d’enseignants par classe, les heures d’enseignement, les langues enseignées et les autres critères.
Tandis que le titre de meilleur lycée en France peut être sujet à débat, les listes montrent bien que même sous une haute protection qui les fait ressembler à des forteresses, les lycées juifs ont réussi à briller cette année.
Quant à l’Alliance, sa nomination par France Télévisions comme le meilleur lycée de France est arrivée comme une surprise pour la directrice de l’établissement Dominique Dahan qui a déclaré au site JSSnews.com que c’est la première fois que son école reçoit cette distinction même si ses résultats ont été constants au cours des dernières années. Elle explique que 40 % des élèves poursuivent des carrières médicales.
Pourtant, la combinaison d’excellence et l’accent porté par l’école sur l’identité juive ont un prix, reconnaît-elle.
« Effectivement, il y a une coupure avec le monde extérieur à tous les niveaux : culturel, social et religieux », a-t-elle déclaré lorsqu’on lui a demandé si son lycée juif était de fait isolé de la société française.
Le lycée essaie de contrebalancer cette isolation en impliquant ses étudiants dans des activités de charité et des excursions culturelles au Louvre et à l’Opéra de Paris, explique-t-elle.
« Notre judaïsme est tolérant et ouvert, a ajouté Dahan. Nous encourageons sa mise en pratique dans l’environnement urbain ».