Des maires haredim annoncent qu’ils ne coopéreront pas lors des confinements
Dans une lettre envoyée à Netanyahu, les édiles lui reprochent d'avoir "déclaré fermeture après fermeture des villes haredim. Elles n'ont jamais apporté de véritable changement"

Les maires de quatre villes ultra-orthodoxes ont adressé dimanche une lettre enflammée au Premier ministre Benjamin Netanyahu dans laquelle ils affirment qu’ils mettront fin à toute coopération concernant les fermetures prévues dans leurs villes en raison de la décision d’appliquer de nouvelles mesures sanitaires.
Dans la lettre, les maires de Bnei Brak, Elad, Beitar Illit et Immanuel affirment que Netanyahu « n’a jamais demandé notre avis, pour comprendre les difficultés et essayer de pousser des initiatives réalistes pour aplatir la courbe des contaminations ».
« Vous n’étiez pas attentifs à nos besoins et vous n’avez pas pris la peine de demander, de comprendre et d’apprendre ce qui caractérise une partie importante de la population israélienne ».
Ils lui reprochent également d’avoir « déclaré fermeture après fermeture des villes haredim. Elles n’ont jamais apporté de véritable changement… Vous avez transformé le public haredi en punching-ball public israélien, sans un instant de répit à la souffrance de dizaines de milliers de personnes ».
Ils ont ajouté que « l’ensemble de la population ultra-orthodoxe n’oubliera pas le mal qui lui a été fait. Nous n’oublierons pas qui est l’homme qui a signé à maintes reprises pour nous transformer en vecteurs de maladies et en ennemis du peuple ».
Le pays a passé ce week-end le cap des 1 000 morts à cause du nouveau coronavirus, triplant ainsi le nombre de décès pendant les mois d’été qui ont d’ailleurs été émaillés de manifestations contre la gestion des crises sanitaire et économique par le Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Le 1000e mort n’est pas passé inaperçu dimanche. Le quotidien Yediot Aharonot, le plus vendu du pays, a noirci sa une avec les noms des victimes du Covid-19, évoquant dans ses pages « un échec honteux de la gestion de la crise depuis mai ».
Selon les données collectées par l’AFP, l’Etat hébreu est depuis deux semaines le cinquième pays au monde en termes de cas d’infection par habitant, devant notamment le Brésil et les Etats-Unis.
Plus de 3 000 nouveaux cas quotidiens de contamination ont été enregistrés la semaine dernière, un record pour ce pays de neuf millions d’âmes et un contraste saisissant avec les premiers mois de la pandémie.
Début mars, Israël avait pris très au sérieux la pandémie. Les vols vers l’étranger avaient été presque tous annulés, les commerces non essentiels fermés et la population placée en confinement pendant plusieurs semaines.
Le pays a même connu mi-mai deux jours sans nouveau cas.
Ces chiffres avaient permis au gouvernement d’accélérer le déconfinement avec la réouverture des bars, restaurants et cafés, des lieux de culte et avec l’autorisation des mariages tout en maintenant l’obligation du port du masque.
Mais le nombre de cas a quintuplé depuis depuis juillet pour passer à environ 125 000. Certains évoquent un déconfinement trop rapide doublé de faibles mesures d’aide économique aux plus affectés ainsi poussés à un retour précipité au travail, d’autres une désorganisation du système de santé.
Dans le « rouge »
Critiqué dans la rue, le Likud de Benjamin Netanyahu l’est aussi en son for intérieur avec un ténor du parti, Nir Barkat, qui a demandé ces derniers jours la démission du ministre des Finances Israël Katz.
Pour lutter contre la propagation du virus, les autorités ont divisé les villes en quatre catégories -rouge, orange, jaune et vert – selon leur taux d’infection.
Retour en arrière dès lundi pour une partie d’Israël avec la fermeture des écoles et des commerces non essentiels dans une trentaine de villes « rouges ». Et l’armée va mettre à contribution 7 000 réservistes pour épauler la police dans ces villes.
« Il faut en finir avec l’indifférence et le mépris », a déclaré ces derniers jours le médecin en chef de la lutte anti-coronavirus Ronni Gamzu, en mettant en garde les secteurs ultra-orthodoxes et arabes, considérés comme des viviers du virus.
Or ce ne pourrait être que le début…
« Avec 3 000 cas par jour, il n’y a pas de villes vertes, le virus passe d’une ville à l’autre », a déclaré dimanche le ministre de l’Energie Yuval Steinitz sur la radio publique.
« Il n’y a pas d’autre choix que de tout fermer, il vaut mieux confiner tout le pays pendant deux semaines et redevenir un pays vert plutôt que de continuer à rester dans le rouge pendant des mois », a-t-il ajouté.
D’autres ténors au sein du gouvernement d’union de Benjamin Netanyahu craignent de voir l’économie du pays péricliter à nouveau en cas de confinement généralisé.
Et c’est sans compter les formations ultra-orthodoxes, membres du gouvernement, qui sont opposées à la fermeture des synagogues à l’approche des fêtes juives de Rosh HaShana et de Yom Kippour, du 18 au 29 septembre.