Israël en guerre - Jour 338

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Des militants pro-Israël se confient sur les otages, l’hostilité sur les campus aux US

Des centaines de personnes, plaidant pour la libération des otages, se sont rassemblées en s'attardant sur le campement anti-israélien dressé sur le campus et sur la crainte ressentie par les étudiants juifs de l'institution face au mouvement pro-palestinien

Des manifestants pro-israéliens se rassemblent lors d'un rassemblement 'Bring Them Home Now' aux abords de l'université de Columbia à New York, le 26 avril 2024. (Crédit : AP Photo/Yuki Iwamura)
Des manifestants pro-israéliens se rassemblent lors d'un rassemblement 'Bring Them Home Now' aux abords de l'université de Columbia à New York, le 26 avril 2024. (Crédit : AP Photo/Yuki Iwamura)

NEW YORK — Des centaines de personnes sont rassemblées derrière des barrières métalliques, en cette matinée de vendredi, aux abords des portes encore fermées de l’université de Columbia. Leurs objectifs : Mettre en avant la situation critique des 133 otages qui se trouvent dans les geôles du Hamas, à Gaza, depuis le 7 octobre et montrer aux étudiants juifs et israéliens qu’ils ne sont pas seuls à un moment où un mouvement de protestation particulièrement dur, sur le campus, entre dans sa dixième journée.

« J’ai eu le sentiment qu’il fallait que je sois là pour utiliser mon droit à la liberté d’expression et pour exercer des pressions en faveur de la libération des otages. Quand je constate ce qui se passe sur le campus, quand j’entends ce que les gens peuvent dire, il y a des choses violentes, il y a des choses douloureuses », déclare Adina Shoulson, ancienne élève de Columbia. Sur sa veste, une broche porte le chiffre : « 203 », soir le nombre de jours depuis l’attaque barbare et sadique commise par le Hamas et ses complices civils le 7 octobre.

« J’ai commencé à porter la broche au centième jour, comme Rachel [Goldberg-Polin], pour faire le décompte du nombre de jours de détention des otages », dit-elle, en référence à la mère de Hersh Goldberg-Polin, une ressortissante américano-israélienne enlevée par le Hamas en date du 7 octobre.

253 personnes avaient été kidnappées et emmenées dans la bande de Gaza lors de l’attaque meurtrière du 7 octobre. Des milliers de terroristes du Hamas avaient envahi, en cette matinée de Shabbat, le sud d’Israël. Ils avaient tué près de 1 200 personnes de tous les âges, exécutant froidement des familles entières et se livrant à des atrocités, violant, torturant, mutilant.

Baignés dans un océan de drapeaux – israélien, américain, hongrois et mexicain – les manifestants scandent : « Ramenez-les à la maison maintenant ». Ils chantent la Hatikvah, l’hymne national israélien. Ils lisent à voix haute le nom des otages encore en captivité – les vivants, mais aussi ceux qui ont été tués par leurs ravisseurs. Ils recouvrent de vieilles affiches, certaines ayant été déchirées par les activistes anti-israéliens, par des neuves qui montrent toujours les mêmes visages d’otages.

« Au cours des six derniers mois et en particulier la semaine dernière, nous avons été placés sous le joug de ce qui est devenu un point focal de haine, avec un environnement à la fois menaçant et hostile », commente Omer Lubaton-Granot, organisateur issu de la branche du Forum des familles d’otages et de portés-disparus à New York et étudiant à l’école des Affaires internationales et publiques au sein de l’université de Columbia.

Cette réalité, ajoute-t-il, « est contraire aux valeurs de l’université où nous avons choisi de faire nos études – nous sommes pris pour cible en tant qu’étudiants juifs et israéliens, ce qui rend impossible toute adhésion à la communauté ou toute possibilité de résider dans l’environnement direct de l’université. »

Adina Shoulson, une manifestante pro-israélienne, aux abords de l’université de Columbia à New York City, le 26 avril 2024. (Crédit : Cathryn J. Prince)

Alors que des étudiants, portant des keffiehs leur tombant des épaules, passent devant le groupe, des tasses de café glacé à la main, la police anti-émeute demande à tous ceux qui ne se trouvent pas derrière les barrières de continuer leur chemin.

En sweat-shirt noir et pantalon de jogging, Kosha Dillz, un rappeur israélo-américain, est venu au regroupement directement après son footing matinal.

« Je veux seulement afficher mon soutien. La guerre n’avait pas commencé depuis deux semaines que les gens déchiraient déjà les affiches à l’effigie des otages. Les universités, ici, ne contrôlent pas les campus et aujourd’hui, on ne peut être Juif que si on désapprouve tout ce qui est israélien. C’est dément », s’exclame-t-il.

Le rappeur israélo-américain Kosha Dillz lors d’une manifestation pro-israélienne, aux abords de l’université de Columbia à New York City, le 26 avril 2024. (Crédit : Cathryn J. Prince)

Une manifestation qui a lieu alors que cela fait déjà dix jours que les activistes anti-israéliens ont dressé un campement sur le campus de Columbia, sur la pelouse Ouest. En conséquence, les activités, à l’université, ont été quasiment réduites à néant. Les supplications, les menaces de l’administration et les négociations lancées par cette dernière avec les protestataires, demandant à ce que le campement soit levé, sont pour le moment restées vaines.

Les étudiants ont largement fait état d’une rhétorique antisémite qui ne cesse de s’accroître sur le campus, ces derniers mois – le camp devenant à la fois un point focal de cette haine et un facteur d’aggravation. De nombreux étudiants juifs ont décidé de quitter le campus, craignant pour leur sécurité et désireux de fuir l’hostilité, le harcèlement ou la mise à l’isolement de la part de leurs pairs et des personnels.

La police de New York a enlevé les tentes de la pelouse, la semaine dernière, et elle a procédé à l’arrestation de cent personnes pour effraction et obstruction. Un nouveau camp a été érigé dans les heures qui ont suivi.

Des manifestants pro-palestiniens et anti-Israël se rassemblent devant l’université Columbia à New York, le 23 avril 2024. (Crédit : Charly Triballeau/AFP)

Depuis, la présidente de l’université de Columbia, Minouche Shafik, a négocié la fin de l’occupation de la pelouse Ouest avec les leaders du mouvement de protestation qui demandent à l’établissement d’enseignement supérieur de désinvestir d’Israël et de rompre les liens académiques entretenus par l’université de New York et celle de Tel Aviv. Elle a prolongé de manière répétée l’échéance donnée pour la levée du campement.

Un grand nombre de personnes venues afficher leur soutien aux otages, en cette matinée ensoleillée de vendredi, expliquent être décontenancés par la prise en charge de la situation de la part de l’université.

« Tous ces étudiants privilégiés qui paient 800 000 dollars par an pour aller à l’université alors que des jeunes sont détenus à Gaza – des gosses qui ne peuvent pas aller à la faculté », dit Laura Green, qui est venue manifester pour Israël.

Elle montre une photographie qu’elle tient à la main, qui montre un otage encore entre les mains du Hamas. « C’est Omer Neutra, il devait aller à la SUNY-Binghamton. Il n’y est jamais allé ».

Des manifestants pro-israéliens réunis , aux abords de l’université de Columbia à New York City, le 26 avril 2024. (Crédit : Cathryn J. Prince)

Elle ajoute que les jeunes protestataires palestiniens « se focalisent sur Israël alors qu’ils devraient se focaliser sur le Hamas ».

Green est rejointe par deux de ses amies, Karen Kosowsky et Veronica Lurvey, qui tiennent des cartons de lait plus grand que nature à l’effigie des captifs.

En plus de dénoncer les atrocités du Hamas, les manifestants condamnent aussi le fait que dans les six mois et plus de leur détention, les Nations unies, la Croix Rouge et autres organisations humanitaires ont été dans l’incapacité de leur rendre visite.

De gauche à droite : Veronica Lurvey, Karen Kosowsky et Laura Green manifestent pour Israël aux abords de l’université de Columbia à New York City, le 26 avril 2024. (Crédit : Cathryn J. Prince)

« J’ai eu le sentiment qu’il était nécessaire que je vienne au campus, aujourd’hui, pour témoigner. Les otages sont en captivité depuis trop longtemps et je suis très triste de voir que ces portes sont fermées », indique Felicia Kohn qui est originaire de Milan, en Italie.

Ce mouvement de protestation a aussi lieu quarante-huit heures après que le Hamas a diffusé une vidéo de Hersh Goldberg-Polin, un ressortissant américano-israélienne de 23 ans, qui avait été kidnappé par les hommes armés au festival de musique électronique Supernova, qui était organisé à proximité du Kibboutz Reim. Près de 1 200 personnes avaient trouvé la mort ce jour là – et 364 jeunes avaient été abattus de sang-froid alors qu’ils prenaient part à la rave-party.

« Et où est l’indignation aux États-Unis ? Nous ne laisserons pas Morningside Heights et l’Amérique détourner le regard face à ça », s’exclame Lurvey.

Des manifestants pro-israéliens réunis , aux abords de l’université de Columbia à New York City, le 26 avril 2024. (Crédit : Cathryn J. Prince)

Jeudi, le président américain Joe Biden et 17 autres dirigeants du monde ont émis un appel conjoint au Hamas, réclamant la remise en liberté immédiate des otages en captivité. L’otage le plus jeune a un an et le plus âgé en a 86.

« Nous appelons à la libération immédiate de tous les otages détenus par le Hamas depuis plus de 200 jours. Il y a, parmi eux, nos propres compatriotes américains. Le sort réservé aux captifs et à la population civile de Gaza, qui sont protégés par le droit international, est une question qui préoccupe le monde entier », expliquent les organisateurs du mouvement de protestation.

Len Gutman, qui habite New York, est venu à de nombreux rassemblements depuis l’attaque sanglante commise par le Hamas dans le sud d’Israël, le 7 octobre.

« Habituellement, il y a peu de gens. Je suis heureux de voir qu’il y a tant de participants. Je suis heureux de voir cette contre-manifestation organisée en face des activistes pro-palestiniens, dans le camp. Cela réchauffe le cœur », explique Gutman, qui tient la laisse de son chien dans une main et une affiche montrant le visage d’un otage dans l’autre.

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