Des milliers de personnes aux funérailles de Dvir Sorek
Yoav Sorek a décrit son fils comme un "cadeau" dont sa famille avait le privilège de profiter pendant près de 19 ans
Des milliers de personnes ont assisté jeudi aux funérailles d’un jeune étudiant en yeshiva et soldat israélien retrouvé poignardé près d’une implantation juive en Cisjordanie, un décès qui a plongé Israël dans l’émoi.
Les funérailles de Dvir Sorek ont eu lieu dans l’implantation d’Ofra, à une cinquantaine de kilomètres au nord du lieu où son corps avait été découverte à l’aube. Les forces de sécurité israéliennes ont écarté jeudi le soupçon selon lequel l’attaque meurtrière perpétrée à l’arme blanche constituait une tentative d’enlèvement ratée.
Environ 2 000 personnes ont formé le cortège qui a accompagné dans le silence le jeune homme à sa dernière demeure, a constaté un journaliste de l’AFP.
« Dvir avait des yeux lumineux, mais il a été tué par une personne qui portait le meurtre dans ses yeux », a déclaré son père, Yoav Sorek. « Cher cher cher Dvir, dans quelques jours, nous étions censés célébrer ton 19e anniversaire », a poursuivi Yoav Sorek. « Je pense à ces 19 ans et je ne peux pas éviter de sourire, car ta mémoire me rappelle un visage radieux, une pensée positive, l’innocence et l’amour de l’humanité. »
Yoav Sorek a décrit son fils comme un « cadeau » dont sa famille avait le privilège de profiter pendant près de 19 ans et a déclaré que son meurtre n’avait aucunement terni son « innocence ».
« Un cadeau qui répand la lumière et la bonté à l’intérieur et à l’extérieur de la famille. Sans prétention et sans cynisme. Pour ce cadeau, j’ai dit et je le répète : Dieu donne et Dieu reprend », a-t-il déclaré. « Les mauvais amoureux de la mort t’ont pris la vie, mon Dvir, mais ils n’ont pas nui à ton innocence, à ta lumière et à ton amour. Tu nous as laissés purs et nous allons essayer d’apporter de la lumière et du bien, de renforcer notre famille malgré la douleur et choisir la vie », a ajouté Yoav Sorek.
Des hommages pleuvaient en ligne avec le portrait du jeune homme esquissant un sourire, des papillotes glissant sur les côtés de son visage.
מצמרר: מאות שרים 'תפילה לעני' בהלוויית דביר שורק הי"דhttps://t.co/X6ocfBcwnI pic.twitter.com/Salyo78lzF
— סרוגים (@SrugimNews) August 8, 2019
Le rabbin Schlomo Wilk a raconté à la radio publique que le soldat était « parti pour Jérusalem » mercredi « afin d’acheter un cadeau pour ses professeurs ». « Trente minutes avant d’être assassiné, il était en contact avec nous alors qu’il était dans un bus en route vers la yeshiva », a-t-il ajouté.
Le corps de Dvir Sorek, dont le grand-père a été tué lors d’une attaque palestinienne en 2000, a été retrouvé tout près de la yeshiva où il étudiait.
Dvir Sorek, 19 ans, ne portait ni arme, ni uniforme quand il a été tué, selon l’armée. Son corps a été retrouvé près de Migdal Oz, entre les villes de Bethléem et Hébron en Cisjordanie.
Originaire d’Ofra, le jeune étudiait à Migdal Oz, dans une yeshiva, un centre d’étude de la Torah dans le cadre d’un programme spécial combinant études religieuses et service militaire, a précisé le directeur de son école, le rabbin Schlomo Wilk.
L’annonce de son décès, attribué à des « terroristes » par l’armée et le Premier ministre Benjamin Netanyahu, a bouleversé Israël. D’importants effectifs de policiers, soldats et membres du Shin Bet, le service de sécurité intérieure, ont quadrillé le secteur où le corps a été retrouvé.
Des dizaines de soldats et policiers ont pénétré dans la ville palestinienne voisine de Beit Fajjar, allant de maison en maison pour mettre la main sur des caméras de sécurité, des enregistrements qui pourraient permettre d’identifier les mouvements de suspects potentiels.
Netanyahu s’est rendu à Migdal Oz, promettant que « ceux qui ont perpétré ce meurtre odieux » seraient rapidement trouvés. « Nous avons perdu Dvir ici, un membre précieux de la famille Sorek qui a également perdu son grand-père il y a des années. Nos cœurs sont avec eux et nous les embrassons dans leur moment difficile. »
« Aujourd’hui, un de nos meilleurs enfants est encore tombé (…) Ces terroristes tordus viennent détruire alors que nous sommes là pour construire », a-t-il dit plus tôt lors d’un déplacement à Beit El, pour assister à l’inauguration de 650 nouveaux logements.
Le chef de Kakhol lavan, Benny Gantz, principal rival politique de Netanyahu aux élections de septembre, a également effectué une tournée près du site de l’attaque.
« L’armée et les forces de sécurité poursuivront [les coupables] et les arrêteront – morts ou vivants », a déclaré Gantz.
« Pas loin d’ici… trois jeunes ont été kidnappés et assassinés il y a cinq ans », a ajouté l’ancien chef d’état-major, événement qui a déclenché une guerre dans la bande de Gaza en 2014, qu’il avait menée aux côtés de Netanyahu.
Gantz a fait écho aux propos du Premier ministre qui avait promis qu’Israël continuerait à construire dans les principaux blocs d’implantations.
« Nous ferons cela ici dans le Gush Etzion et dans tout autre domaine stratégique qui semble approprié », a-t-il déclaré.
Les groupes terroristes palestiniens du Jihad islamique et du Hamas n’ont pas revendiqué le meurtre du soldat mais l’ont salué comme une réponse « légitime » et « normale » à la « colonisation » et à la destruction, fin juillet, par Israël de logements pour Palestiniens à Wadi Hummus, au sud de Jérusalem.
« L’opération Etzion est la meilleure réponse aux tentatives d’annexion de la Cisjordanie occupée par l’occupation », a déclaré le porte-parole du Hamas dans un communiqué.
« L’opération héroïque est une réponse naturelle aux crimes et au terrorisme de l’occupation, au détriment de notre peuple, de notre terre et de nos lieux saints. Notre peuple est en droit de réagir à la destruction et à la démolition des maisons de Wadi Hummus, un crime qui impose une réponse douloureuse et dissuasive », a déclaré le Jihad islamique, groupe terroriste palestinien dans un communiqué publié sur son site.