Israël en guerre - Jour 570

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Des proches d’Abbas prônent un État palestinien avec une souveraineté « soft »

Hussein Agha et Ahmad Samih Khalidi proposent des rôles sécuritaires à la Jordanie et à l'Egypte et la normalisation avec les Saoudiens si l'élargissement des implantations cesse

Stuart Winer est journaliste au Times of Israël

Des Palestiniens protestent contre l'accord de paix entre Israël et les Émirats arabes unis et Bahreïn, dans la ville de Ramallah en Cisjordanie, le 15 septembre 2020. (Crédit : AP Photo/Majdi Mohammed)
Des Palestiniens protestent contre l'accord de paix entre Israël et les Émirats arabes unis et Bahreïn, dans la ville de Ramallah en Cisjordanie, le 15 septembre 2020. (Crédit : AP Photo/Majdi Mohammed)

Deux hauts-conseillers du président de l’Autorité palestinienne (AP) Mahmoud Abbas qui étaient intervenus dans les négociations avec Israël ont vivement recommandé dans un éditorial que les Palestiniens renoncent à leur campagne en faveur d’un État indépendant et qu’ils recherchent plutôt une souveraineté « soft » qui confierait à la Jordanie et à l’Égypte la responsabilité des affaires relatives à la sécurité frontalière.

Dans la dernière édition du magazine Foreign Affairs, Hussein Agha et Ahmad Samih Khalidi déclarent que les accords de normalisation entre les États arabes et Israël exigent que les Palestiniens fassent le réexamen de leur approche face à la paix et à un éventuel État.

« Les perspectives d’obtenir une souveraineté ‘dure’, sur la base des notions de l’État-nation telles qu’elles étaient envisagées au 19e siècle, avec un contrôle total et complet des terres, des frontières et des ressources, sont bien loin de nous », ont-ils écrit.

Ainsi, les Palestiniens pourraient devoir choisir entre « la chimère contre-productive de la souveraineté dure » ou « l’adoption de versions plus ‘douces’, » ont-ils continué.

Ils ont affirmé que la confrontation pan-arabe avec Israël était sur le point de s’achever avec les accords récemment signés entre Jérusalem et certains pays arabes. Et en même temps, ont-ils averti, les Palestiniens ont été laissés pour compte.

« Il est évident que les Palestiniens ont besoin d’une nouvelle approche – une approche fondée sur une vision stratégique réexaminée et sur des aspirations recalibrées », ont écrit les deux négociateurs. « Il est nécessaire de redéfinir la notion de souveraineté palestinienne, de réexaminer les visions palestiniennes de la sécurité, et il faut s’abstenir d’éluder nos responsabilités ou de recourir à des menaces qui ne sont pas crédibles ».

« Sous une souveraineté ‘douce’, des arrangements sécuritaires aux frontières devraient être trilatéraux en Cisjordanie (avec les Jordaniens, les Israéliens et les Palestiniens) ainsi qu’à Gaza (avec les Égyptiens, les Israéliens et les Palestiniens) », ont-ils proposé.

La Jordanie, à travers toute son histoire et de par sa situation géographique, est liée de manière inextricable à la Cisjordanie et l’Égypte, de manière similaire, est liée à la bande de Gaza, ont noté les auteurs de l’éditorial.

« De nouveaux rôles tenus par les Égyptiens et les Jordaniens pourraient être des suppléments efficaces à un moment où les Palestiniens ont été dans l’incapacité de sécuriser leur territoire de toute intrusion israélienne », ont-ils continué, appelant les deux pays à s’impliquer directement à l’avenir dans toute négociation de paix entre l’État juif et les Palestiniens.

La frontière entre Israël et la Jordanie dans la région de la vallée du Jourdain appelée Naharayim, ou Baqura en arabe, au nord d’Israël, lundi 22 octobre 2018 (AP Photo/Ariel Schalit)

Agha and Khalidi, qui vivent tous les deux à Londres, sont depuis longtemps impliqués dans les négociations entre Israël et les Palestiniens.

Dans leur éditorial paru dans Foreign Affairs, ils ont cité les récents accords de normalisation qui ont été signés entre Israël, les Émirats arabes unis, Bahreïn et le Maroc, écrivant que l’Arabie saoudite a, elle aussi, pris « des initiatives sans précédent dans cette direction ».

Oman devrait aussi normaliser ses relations diplomatiques avec l’État juif tandis que les autres gouvernements arabes « maintiennent des relations importantes, quoique discrètes, avec Israël ».

« De nouvelles initiatives en faveur de la normalisation semblent n’être qu’une question de temps », ont-ils prédit, accusant les gouvernements arabes qui ont déjà fait le choix d’établir des relations diplomatiques avec Israël d’avoir agi de façon égoïste.

La normalisation a sapé ce qui était, dans le passé, un positionnement commun qui avait été ancré dans l’Initiative de paix arabe, en 2002, sur la base d’un échange de la paix contre un territoire – et qui précisait que la mise en place de relations diplomatiques avec Jérusalem ne serait faite qu’après le retrait d’Israël aux lignes d’avant 1967. Israël, ont-ils estimé, n’a que peu d’incitations aujourd’hui à faire la paix avec les Palestiniens.

« Dépourvus dorénavant d’une profondeur en termes de stratégie arabe – c’est-à-dire de la volonté des États arabes à soutenir la cause palestinienne – les Palestiniens doivent dorénavant réfléchir réellement à la manière de réorganiser leur lutte, à la manière de s’attaquer à ce qui les a amenés dans cette situation et à la manière de changer les choses », ont-ils poursuivi.

Ils ont remarqué que la colère initiale qui avait animé les Palestiniens lors des accords de normalisation était retombée et que les Palestiniens eux-mêmes avaient perdu leur capacité à s’opposer en insistant sur le droit de la nation à « une volonté indépendante ». Une telle politique autorise les autres nations à « revendiquer le droit de répondre à leur propre volonté souveraine et à forger leur propre chemin », ont-ils écrit.

« Pour résumer, la diplomatie palestinienne a connu un échec massif », ont-ils expliqué. « Il faut un talent exceptionnel pour transformer un consensus presque total parmi les Arabes et les musulmans sur l’avenir de la Palestine et de Jérusalem en un simple dossier figurant à l’ordre du jour surchargé des États arabes ».

Mais malgré leur scepticisme face à la normalisation entre l’État juif et les pays arabes, les deux négociateurs ont présumé que des accords, à l’avenir, pourraient offrir des opportunités aux Palestiniens, notamment en conditionnant les relations de l’Arabie saoudite avec Israël « à la fin de l’annexion israélienne de facto de la Cisjordanie par le biais de l’expansion des implantations ».

Ce point de vue a divergé de celui qui a été présenté lundi dans une lettre ouverte publiée dans le quotidien palestinien Al-Quds et écrite par un ancien haut-conseiller saoudien qui a souligné que le royaume ne normaliserait ses liens avec l’État juif qu’à l’issue de l’établissement d’un État palestinien pleinement indépendant.

Le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas prend la parole lors d’une réunion des dirigeants palestiniens à Ramallah, en Cisjordanie, le 3 septembre 2020. (Flash90)

Agha et Khalidi ont aussi attaqué l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), qui représente officiellement les Palestiniens, disant qu’elle avait « perdu toute crédibilité en tant que décisionnaire ou organisme de représentation » et en disant qu’elle était dépassée, ne reflétant plus la politique au sein de la société palestinienne et « conservant une forme de zombie » en comparaison avec l’Autorité palestinienne, le véritable cœur politique palestinien.

Ils ont également critiqué l’AP qui « n’a guère offert [de] modèle séduisant de bonne gouvernance, de vie meilleure ou de plus grande liberté. »

Ils ont néanmoins rendu hommage à Abbas qui, selon eux, a su réduire l’idée de « combat armé » dans la population palestinienne au sens large.

Les négociations de paix entre Israël et les Palestiniens sont gelées depuis 2014.

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