Des résidents d’implantation investissent une maison de Hébron contestée
Une commission juge légal l'achat collectif de la moitié de la maison Machpela par des Israéliens, 17 mois après l'éviction de squatteurs, mais la maison doit d'abord être divisée
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
Un groupe de résidents d’implantation israéliens a réinvesti cette semaine une maison contestée à Hébron après qu’une commission du ministère de la Défense a autorisé l’achat de la moitié du bâtiment.
L’occupation de la maison Machpela, près d’un mois et demi après que des squatteurs israéliens se sont vus ordonner de la quitter, semble cependant prématurée, puisqu’il reste encore une étape judiciaire devant déterminer quelle partie de la maison leur appartient.
Mercredi dernier, la commission de l’Administration civile a statué que l’achat en 2012 de la moitié de la maison Machpela par le groupe de résidents d’implantation al-Aaidoun Lil-Aqarart était légal malgré les plaintes de la famille Abu Rajab, propriétaire de l’autre moitié du bâtiment, qui affirme le contraire.
Les membres de la commission ont invoqué les arrestations réalisées par des représentants de l’Autorité palestinienne (AP) de membres de la famille Abu Rajab comme preuve qu’ils avaient vendu la maison à l’organisation al-Aaidoun Lil-Aqarart. En vertu de la loi palestinienne, tenter de vendre ou vendre des terres à des Juifs israéliens est un délit.
Cependant, la décision précise que la propriété de la bâtisse doit être « partagée » entre les deux parties. Il faut ainsi déterminer quelle partie appartient à qui.
Cette étape nécessite la coopération des deux camps — ce qui est sans doute beaucoup demander étant donné le conflit entourant l’achat de la maison. En outre, la famille Abu Rajab devrait faire appel de la décision de l’Administration civile.
Pour Shlomo Levinger, membre de l’organisation de résidents d’implantation Harhivi responsable du recrutement de familles israéliennes prêtes à emménager dans le bâtiment, l’achat initial de la maison Machpela avait déjà donné lieu à sa répartition entre Israéliens et Palestiniens et qu’un processus supplémentaire n’était donc pas nécessaire. Ceci n’a néanmoins pas été mentionné dans le verdict de la semaine dernière et Shlomo Levinger n’a pas présenté de documents prouvant que la propriété avait déjà été divisée.
Plusieurs familles israéliennes — environ 40 personnes — ont malgré tout déjà emménagé à Machpela, située au sud du site sacré du tombeau des Patriarches, célébrant leur arrivée dimanche et recouvrant l’édifice de drapeaux israéliens.
L’armée israélienne a fait savoir dans un communiqué que leur retour n’avait pas été coordonné avec Tsahal, même si Levinger a insisté pour dire que l’approbation de l’armée n’était pas nécessaire.
« Tellement content d’apprendre le retour des Juifs dans la maison Machpela à Hébron. Une vraie salutation pour tous ceux qui participent à l’expansion d ela présence juive dans la plus vieille ville hébraïque du monde », a applaudi le ministre ultra-nationaliste des Transports Bezalel Smotrich dans un communiqué.
« Mais d’un autre côté, il est profondément honteux que cela ait pris autant de temps », a-t-il ajouté, critiquant la commission quasi-militaire ayant remis la décision. « Le long chemin que les juristes ont obligé de faire prendre aux résidents d’implantation afin d’investir une maison achetée légalement. Le fait que ces juristes administrent encore la vie en Judée-Samarie (Cisjordanie) et que nous n’avons pas appliqué la souveraineté là-bas est également gênant ».
Les habitants d’implantation avaient initialement emménagé dans la maison Machpela en 2012 mais en avait été expulsés par l’armée une semaine plus tard après que l’Administration civile — l’entité chargée d’autoriser les acquisitions de biens en Cisjordanie — a estimé qu’al-Aaidoun Lil-Aqarart n’avait pas assez de preuves attestant de leur achat.
Ils avaient fait appel du jugement en 2015, et une audience supplémentaire avait été ordonnée. En juillet 2017 — avant que toute décision n’ait été prise — des dizaines d’Israéliens avaient réinvesti le bâtiment pendant huit mois avant que la Haute Cour de Justice n’ordonne à l’armée de les en chasser de nouveau. Les intéressés avaient accepté d’en partir après la promesse de l’Administration d’accélérer sa prise de décision.