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Des sénateurs américains s’allient contre des ventes d’armes à Ryad

Démocrates et républicains sont indignés par la réponse tiède de la Maison Blanche huit mois après le meurtre de Jamal Khashoggi et craignent l'usage d'armes au Yemen

Le bâtiment du Sénat - sur la colline du Capitole à Washington (Crédit : Wikimedia Commons)
Le bâtiment du Sénat - sur la colline du Capitole à Washington (Crédit : Wikimedia Commons)

Des sénateurs républicains et démocrates se sont alliés mercredi au Congrès américain pour tenter de bloquer plusieurs milliards de dollars de ventes d’armes à l’Arabie saoudite autorisées par le président Donald Trump, signe de la contestation croissante de sa politique favorable à Ryad.

Huit mois après le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi par des agents venus de Ryad, la colère ne retombe pas au Congrès. Y compris chez certains fidèles alliés de Donald Trump indignés par la réponse tiède de la Maison Blanche face au prince héritier Mohammed Ben Salmane.

Dans ce contexte déjà tendu à Washington, l’administration Trump a employé des pouvoirs extraordinaires fin mai afin de contourner le Congrès pour autoriser directement 22 ventes d’armes distinctes à l’Arabie saoudite et à Dubaï, pour un montant de 8,1 milliards de dollars.

Elle a invoqué, pour le justifier, une situation d’urgence provoquée par l’Iran.

Cette décision a encore provoqué l’exaspération dans les hémicycles du Congrès, y compris chez des fidèles alliés de Donald Trump qui craignent que ces armes ne soient utilisées contre des civils au Yémen par la coalition menée par Ryad.

Le prince héritier Mohammed ben Salmane, à droite, serre la main de Salah Khashoggi, fils de Jamal Khashoggi, à Ryad, le 23 ocotobre 2018. (Crédit : Agence de presse saoudienne SPA via AP)

Beaucoup sont en outre furieux contre le prince héritier Mohammed Ben Salmane depuis le meurtre de Khashoggi. Le renseignement américain estime qu’il a ordonné cet assassinat mais Donald Trump a toujours refusé de lui en attribuer la responsabilité.

Le sénateur américain Lindsey Graham lors d’une audience de confirmation de la commission judiciaire du Sénat au Capitole, le 20 mars 2017. (AFP Photo/Brendan Smialowski)

Le républicain Lindsey Graham, l’un des plus fidèles soutiens du milliardaire, figure ainsi parmi les sept sénateurs ayant introduit 22 résolutions visant à bloquer chacune de ces ventes d’armes.

« Même si je comprends que l’Arabie saoudite est un allié stratégique, on ne peut pas ignorer le comportement de Mohammed Ben Salmane. Nous ne pouvons pas faire comme si de rien n’était avec l’Arabie saoudite », a déclaré M. Graham, appelant ses collègues de tous bords à soutenir ces résolutions.

Technologie nucléaire civile

« Les efforts de l’administration Trump pour vendre des milliards de dollars d’armes américaines à l’Arabie saoudite et aux Emirats arabes unis n’est qu’un nouvel exemple » de la volonté « de contourner le Congrès et du mépris pour les droits humains », a renchéri le sénateur démocrate Bob Menendez.

Aucune date n’a encore été fixée pour un vote. Et même si ces résolutions venaient à être adoptées, le président pourrait apposer son veto. Il faudrait alors aux deux chambres du Congrès une majorité des deux tiers pour outrepasser ce blocage.

Le journaliste saoudien Jamal Khashoggi au formum économique mondial de Davos, en janvier 2011. (Crédit : AP Photo/Virginia Mayo)

Mais cette initiative au Sénat –contrôlé par les républicains– signale la fronde persistante, y compris dans le parti présidentiel, depuis l’assassinat de Jamal Khashoggi.

Critique du régime, l’intellectuel saoudien qui résidait aux Etats-Unis a été tué et démembré le 2 octobre par un commando d’agents saoudiens venu de Ryad, dans le consulat de son pays à Istanbul où il effectuait des démarches administratives pour se marier. Son corps n’a jamais été retrouvé.

Donald Trump a déjà été forcé d’employer son veto en avril pour bloquer une résolution l’exhortant à mettre fin à tout soutien militaire à la coalition saoudienne au Yémen.

Un nouveau front s’est ouvert mardi avec l’annonce par le sénateur démocrate Tim Kaine – basée sur des documents officiels– que l’administration Trump avait autorisé des transferts de technologie nucléaire civile vers l’Arabie saoudite, y compris deux autorisations faites après la mort de Jamal Khashoggi.

L’Arabie saoudite, plus gros exportateur de pétrole du monde, a lancé un vaste projet de 80 milliards de dollars pour construire seize réacteurs nucléaires. Le prince héritier a en parallèle suscité l’inquiétude en affirmant que le royaume chercherait à s’équiper de l’arme nucléaire si l’Iran, son grand ennemi, le faisait.

Le sénateur Kaine, colistier de la candidate démocrate Hillary Clinton en 2016, a fustigé l’attitude de Donald Trump.

« L’empressement du président Trump à donner aux Saoudiens tout ce qu’ils veulent, malgré les objections » de républicains et de démocrates « au Congrès, porte atteinte aux intérêts américains de sécurité nationale », a déploré M. Kaine. C’est « l’une des nombreuses mesures prises par l’administration qui alimentent une dangereuse escalade de la tension dans la région ».

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