Des soldats filmés en train de danser avec des résidents d’implantations à Huwara
Il y a eu des heurts entre résidents d'implantations et Palestiniens une semaine après le saccage, avec plusieurs blessés, dont un enfant de deux ans ; Tsahal enquête
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.

Des soldats israéliens ont été filmés en train de danser avec des habitants d’implantations dans la ville de Huwara, en Cisjordanie, lundi soir, plus d’une semaine après les violences commises par des dizaines de partisans du mouvement pro-implantations pendant plusieurs heures dans la ville – un incident qui avait été qualifié de « pogrom » par un général israélien de haut rang.
La ville est sous tension et la présence militaire israélienne a été renforcée après l’attaque des résidents d’implantations le 26 février, qui a eu lieu quelques heures après qu’un terroriste palestinien a ouvert le feu sur un véhicule israélien qui circulait dans la ville, tuant deux frères qui se trouvaient à l’intérieur.
Lundi soir, une vidéo partagée sur les réseaux sociaux a montré des habitants d’implantations célébrant la fête de Pourim à Huwara, et des soldats se joignant à eux pour danser.
L’armée israélienne a déclaré qu’elle ouvrirait une enquête sur cet incident, affirmant que le comportement des troupes dans la vidéo n’était « pas digne du comportement requis de la part de combattants en mission opérationnelle ».
Des affrontements entre des résidents d’implantations et des Palestiniens de la ville ont également été signalés lundi en fin de journée, faisant plusieurs blessés parmi les habitants de Huwara. Des résidents d’implantations israéliennes ainsi que des Palestiniens ont signalé que leurs voitures avaient été la cible de jets de pierres alors qu’elles circulaient sur la route principale de cette ville devenue source de tensions, qui est située au nord de la Cisjordanie.
Selon le groupe de défense des droits de l’Homme Yesh Din, quatre Palestiniens ont été emmenés d’urgence à l’hôpital pour y être soignés après avoir été attaqués par des habitants d’implantations déchaînés. Ces derniers ont été filmés alors qu’ils jetaient des pierres et brisaient des vitres de voitures et des façades de magasins lundi soir. Parmi les blessés, une fillette de deux ans aspergée de gaz au poivre par un résident d’implantation qui a pulvérisé le gaz sur les membres de sa famille alors que ceux-ci étaient assis dans leur voiture.
The IDF is also expected to probe this incident of soldiers seen dancing with settlers in Huwara, instead of being on guard duty. pic.twitter.com/u5YpFS7EhZ
— Emanuel (Mannie) Fabian (@manniefabian) March 6, 2023
L’agence de presse officielle de l’Autorité palestinienne, Wafa, a rapporté qu’un partisan du mouvement pro-implantations avait tiré un coup de feu sur une voiture appartenant à des Palestiniens à Huwara, sans faire de blessés.
Yesh Din a affirmé que des soldats de Tsahal se trouvaient sur les lieux au moment de l’attaque mais qu’ils n’avaient rien fait pour arrêter les extrémistes juifs. Ils ont, par la suite, utilisé des méthodes de maintien de l’ordre pour disperser les Palestiniens qui s’étaient rassemblés pour repousser les habitants des implantations.
« Les pogroms à Huwara se poursuivent, cette fois dans le cadre des célébrations de Pourim organisées par les habitants d’implantations. Tout cela se déroule sous les auspices du gouvernement et en l’absence de toute intervention des forces de l’ordre », a déclaré Yesh Din.
Dans un communiqué, Tsahal a indiqué « qu’il y a eu plusieurs rassemblements » à Huwara lundi, et que des « violences entre Palestiniens et citoyens israéliens ont éclaté dans certains cas ».
« Les officiers de Tsahal et de la Police des frontières ont utilisé des méthodes de dispersion d’émeutes pour mettre fin aux affrontements », a affirmé l’armée, ajoutant que « les participants ont tous été dispersés ».
La riposte des résidents d’implantations semble avoir été une réaction à des jets de pierres sur plusieurs voitures portant des plaques d’immatriculation israéliennes par des Palestiniens. Les secouristes israéliens ont déclaré qu’au moins trois véhicules avaient été touchés mais qu’aucun automobiliste n’avait été blessé.
Ces affrontements ont eu lieu un peu plus d’une semaine après le saccage de la ville par des centaines de résidents d’implantations qui ont incendié des maisons, lancé des bombes incendiaires sur des dizaines de véhicules et brisé des vitrines de magasins à coups de pierres lors d’une attaque qui a fait un mort dans des circonstances indéterminées et plus de 100 blessés.
Des images prises après les attaques montrent un groupe d’Israéliens dansant à Huwara avec des soldats de Tsahal.
Surveillance camera footage shows the settlers attack on Palestinians in Huwara this evening.pic.twitter.com/tjZnh9p8ac
— Emanuel (Mannie) Fabian (@manniefabian) March 6, 2023
Plus tôt dans la journée de lundi, le tribunal du district central a réduit la détention administrative de deux individus soupçonnés d’avoir participé à l’attaque perpétrée à Huwara la semaine dernière.
La détention d’un jeune de 17 ans a été réduite lundi de quatre mois à moins de deux mois. La veille, le même tribunal avait réduit la durée de détention du second suspect, David Chai Chasdai, 29 ans, de quatre à trois mois.
Tsahal avait arrêté 16 suspects après les émeutes à Huwara. Ils ont tous été libérés depuis, à l’exception des deux personnes placées en détention administrative.
La pratique controversée de la détention administrative permet de détenir des personnes sans charge pour une durée quasi illimitée sans avoir à divulguer les preuves retenues contre elles. Israël détient actuellement 967 Palestiniens en détention administrative. Le nombre de détenus israéliens se compte sur les doigts d’une main.