Une semaine après le saccage de Huwara, les habitants rouvrent leurs magasins
Dans une ville du nord de Cisjordanie, des checkpoints et des murs ont été couverts d'affiches appelant à la vengeance contre les Palestiniens après un attentat terroriste

HUWARA, Cisjordanie – Une semaine après que des centaines d’extrémistes ultra-nationalistes ont saccagé la ville de Huwara, au nord de la Cisjordanie, en réponse à une attaque terroriste meurtrière, et que l’armée a ensuite ordonné la fermeture des magasins, les Palestiniens locaux commencent à se relever, mais les tensions restent palpables.
Lors d’une visite à Huwara dimanche après-midi, des soldats montant la garde par deux étaient visibles environ tous les 100 mètres. Certains étaient postés près des ronds-points, d’autres surveillaient depuis les balcons des bâtiments saisis par l’armée.
Les postes de l’armée aux entrées de la ville, ainsi que le long d’un mur, étaient recouverts d’affiches de partisans du mouvement pro-implantations demandant à l’armée « d’écraser ses ennemis ».
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« L’intifada est là. Nous exigeons de l’écraser ! Nous exigeons de répondre par la guerre ! », disait une affiche.
Sur une autre, on pouvait lire une citation de la Meguilat Esther, qui doit être lue cette semaine pendant la fête de Pourim. « Les Juifs ont vaincu ceux qui les haïssaient. »
La ville de la région de Naplouse, où vivent quelque 7 000 Palestiniens, était animée pour la première fois depuis une semaine, mais l’atmosphère était légèrement plus feutrée que d’habitude.

« Il y a une semaine, cet endroit était une ‘zone de guerre' », a déclaré Iyad Mohareb, le propriétaire d’une casse automobile et d’un atelier de réparation à la limite nord de Huwara, qui a été lourdement endommagé lors des émeutes du 26 février au soir.
Quelque 400 partisans du mouvement pro-implantations avaient brûlé des maisons, des voitures et des vitrines, et agressé des Palestiniens, faisant de nombreux blessés et entraînant la mort d’un Palestinien dans des circonstances encore incertaines.
Ces émeutes sans précédent ont eu lieu en réponse au meurtre de deux frères jeunes israéliens de l’implantation voisine de Har Bracha, alors qu’ils circulaient en voiture sur la Route 60 à Huwara quelques heures auparavant.
Après la fusillade qui a coûté la vie à Hallel Yaniv, 21 ans, et Yagel Yaniv, 19 ans, l’armée a ordonné la fermeture de tous les magasins palestiniens, vraisemblablement pour éviter les affrontements entre les résidents d’implantations et la population locale.
Tous les magasins palestiniens faisant face à la Route 60 sont restés fermés jusqu’à vendredi soir. Au cours de la semaine dernière, les troupes avaient fait respecter la fermeture, arrêtant certains Palestiniens qui cherchaient à entrer dans leur commerce.
Mohareb, dont les fenêtres du bureau ont été brisées – et les pièces détachées de voiture restées en extérieur détruites – a déclaré que la décision de l’obliger à rester fermé pendant près d’une semaine était une « punition collective ».

« Mais qu’est-ce qu’une semaine sans travail ? Ils ont tout brûlé, quand est-ce que je pourrai ne serait-ce que retourner sur mon lieu de travail ? », a déclaré Mohareb au Times of Israel depuis son bureau.
« C’est une punition collective. Après tous ces dégâts causés par la violence des colons, l’armée impose une punition collective aux résidents et aux commerçants », a-t-il dit.
Les pierres que les partisans du mouvement pro-implantations avaient lancées sur les fenêtres de son bâtiment étaient encore sur le sol, ainsi que les éclats de verre des fenêtres brisées.
En regardant les restes carbonisés de voitures et de pièces détachées, Mohareb a déclaré que s’il n’était pas remboursé, il lui faudrait des années pour atteindre le seuil de rentabilité.
Les vitres d’une pile de portières de voitures qui avaient été épargnées par le feu ont toutes été brisées.

Mohareb a déclaré qu’il craignait que les partisans du mouvement pro-implantations reviennent pour lui faire du mal. Un article publié après les émeutes par HaKol HaYehudi – un journal numérique basé dans l’implantation radicale d’Yitzhar – a accusé Mohareb d’être un terroriste.
Mohareb a déclaré qu’une photo de lui brandissant une arme à feu, publiée par le site, avait été prise en 1993, lors des célébrations des Accords d’Oslo entre Israël et les Palestiniens à Jéricho. « Ils disent que je suis un terroriste. C’est bien moi sur la photo, mais il y a longtemps. J’ai aussi été arrêté il y a 20 ans, mais qui n’a jamais été arrêté ? » a-t-il dit.
Munir Qaddous, un activiste du village voisin de Burin, qui travaille fréquemment avec l’organisation de gauche Yesh Din, a déclaré au Times of Israel que « chaque maison ici, de la jonction Yizhar à la jonction Beita a été frappée par les colons. »
À la question de savoir s’il craint que l’armée ferme définitivement les magasins si la violence éclate à nouveau, Qaddous a répondu qu’il n’y avait aucune chance que les résidents se soumettent à un tel ordre.
« En tant que Palestiniens, nous ne fuyons pas et ne bougeons pas. L’armée peut venir avec ses armes et sa force, et fermer les magasins pendant un jour, deux, trois, quatre, cinq … dix jours, mais nous n’abandonnerons pas », a-t-il déclaré.

Sur les 16 suspects interpellés lors des émeutes, tous ont été libérés, mais deux ont été envoyés en détention administrative, une pratique controversée selon laquelle des suspects peuvent être incarcérés pratiquement indéfiniment sur la base de preuves classifiées.
Précédemment, l’armée avait déclaré que « les violentes émeutes qui ont éclaté en plusieurs endroits » en Cisjordanie étaient « traitées » par les troupes et les policiers, sans mentionner l’identité des personnes impliquées.
Néanmoins, le chef d’état-major de Tsahal Herzi Halevi a publiquement condamné les émeutes et s’est engagé à enquêter sur les circonstances. Le général en chef de Cisjordanie, Yehudah Fuchs, a qualifié le déchaînement des extrémistes ultra-nationalistes de « pogrom ».

Qaddous a déclaré que les résidents de Huwara commençaient à se remettre après les violences et la semaine de fermeture imposée par l’armée.
« Mais les gens ici sont inquiets, ont peur, de la prochaine fois que cela pourrait se produire. La prochaine fois, ce sera encore pire, plus violent », a-t-il dit.
« Les colons ont compris qu’ils peuvent s’en tirer. »
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