Gallant refuse de répondre à Ben Gvir sur le sort des détenus de Huwara
Le ministre d’extrême droite se tourne vers Netanyahu pour obtenir les réponses que lui refuse le ministre de la Défense
Le ministre de la Défense Yoav Gallant a refusé de répondre à un appel téléphonique du ministre de la Sécurité intérieure, Itamar Ben Gvir, concernant les deux suspects, placés en détention administrative suite au saccage d’une ville palestinienne, a confirmé dimanche son porte-parole.
Jeudi, Gallant a autorisé la prolongation de la détention des deux extrémistes juifs alors qu’un tribunal avait demandé leur libération, avec celle de cinq autres personnes arrêtées suite au violent saccage de Huwara par des résidents d’implantations, le 26 février dernier.
Selon une information donnée par le radiodiffuseur public Kan, Ben Gvir, ultranationaliste lié à certains des résidents d’implantations les plus radicaux de Cisjordanie, a appelé Gallant, vendredi dernier, afin d’obtenir des informations sur les deux suspects placés en détention administrative.
Cette pratique, très décriée, permet de détenir des suspects sans inculpation, presque indéfiniment et sans besoin de communiquer sur les charges retenues contre eux. Rarement utilisée contre des suspects juifs, elle l’est massivement à l’encontre des Palestiniens, qui sont un millier à être détenus à ce titre.
Selon Kan, Gallant aurait refusé de prendre Ben Gvir au téléphone, et ce dernier se serait alors tourné vers le Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Gallant s’est plaint à Ben Gvir du fait que leurs échanges ont fuité dans la presse.
Le porte-parole de Gallant a confirmé l’information donnée par Kan et déclaré qu’elle n’avait pas été révélée par le ministre de la Défense.
Ben Gvir a répondu à Kan en s’en prenant au chef de l’opposition, Yair Lapid, à qui il reproche de « faire du tort à la police et, aujourd’hui, de déclencher des révoltes anarchistes ».
Les ordonnances de placement en détention administrative à l’encontre de David Chai Chasdai, 29 ans, et d’un mineur âgé de 17 ans, courent jusqu’au 1er juillet prochain.
Les deux hommes sont soupçonnés d’avoir pris part, avec d’autres résidents d’implantations extrémistes, aux émeutes de Huwara, dans la nuit du 26 au 27 février dernier, en représailles à un attentat terroriste qui avait tué deux frères israéliens le même jour dans cette ville.
Des extrémistes ont incendié des maisons, des voitures et des devantures de magasins, et agressé des Palestiniens, faisant des dizaines de blessés et causant la mort d’un Palestinien dans des circonstances encore peu claires.
Selon l’organisation d’aide juridique Honenu, qui représente les suspects, le tribunal de première instance de Jérusalem a demandé à la police de libérer les sept suspects, détenus depuis leur arrestation mercredi, en raison d’un manque de preuves à charge.
La décision de Gallant de placer les deux suspects en détention administrative est conforme aux recommandations de l’agence de sécurité du Shin Bet.
Au micro de la Douzième chaine, un haut responsable des forces de l’ordre a expliqué que les deux « avaient planifié et mené des actions contre l’armée. [Ils] sont extrêmement dangereux. »
Selon Haaretz, une source de haut rang proche des forces de l’ordre – et peut-être la même personne – a ajouté qu’ils étaient impliqués dans le déclenchement des émeutes.
Gallant et Ben Gvir ne sont pas d’accord sur la répartition des compétences, le chef d’extrême droite d’Otzma Yehudit tentant d’étendre l’autorité de son ministère aux unités de gendarmerie déployées en Cisjordanie, traditionnellement sous la responsabilité de l’armée.
Quatre Juifs suspectés de terrorisme se trouvent actuellement en détention administrative, selon Kan. Il s’agit du plus grand nombre depuis la période qui a suivi le massacre de Palestiniens, en 1994, au Tombeau des Patriarches d’Hébron, par le terroriste juif Baruch Goldstein, a précisé la station.