Des ultra-nationalistes continuent de bloquer des camions d’aide humanitaire à Gaza
Les poids-lourds ont été arrêtés dimanche soir à Jérusalem, à l'échangeur de Latrun et en Cisjordanie, un effort visant à stopper l'entrée de l'aide humanitaire tant qu'il restera des otages dans la bande
Jeremy Sharon est le correspondant du Times of Israel chargé des affaires juridiques et des implantations.
Des groupes de jeunes extrémistes ont arrêté des camions à plusieurs endroits de tout le pays, dans la soirée de dimanche, dans ce qui a semblé être la continuation d’une campagne coordonnée et souvent violente dont l’objectif est d’empêcher le transfert des aides humanitaires en direction de la population de Gaza, et ce tant que des otages se trouveront encore entre les mains du Hamas.
Les poids-lourds – qui n’étaient pas tous à destination de Gaza, selon la police – ont été ainsi stoppés par des jeunes sur la Route 1, au nord de Jérusalem, à l’échangeur de Latrun et à plusieurs endroits de la Cisjordanie. Les activistes ont demandé à plusieurs reprises à voir les papiers des cargaisons transportées par les camions pour déterminer s’il s’agissait de l’assistance en partance pour Gaza.
Les activistes d’extrême-droite se sont tournés vers Twitter et vers WhatsApp pour attirer l’attention sur les parcours de transit des camions et pour coordonner les efforts visant à bloquer leur passage.
Les militants ultra-nationalistes et les partisans du mouvement pro-implantation bloquent les camions d’aide en provenance de Jordanie, qui traversent la Cisjordanie pour aller jusqu’à Gaza, depuis la mi-avril – tandis que le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir, qui est responsable de la police, a été accusé de ne pas avoir voulu faire de la protection des camions une priorité pour les forces de l’ordre, sommant ces dernières de faire preuve d’indulgence à l’égard de ceux qui s’en prennent aux poids-lourds.
Sur des vidéos qui ont été diffusées par le quotidien Haaretz, des extrémistes appartenant à la mouvance sioniste religieuse des « Jeunes des collines » stoppent plusieurs camions sur la Route 1, à l’Est de Jérusalem. Ils examinent les documents qui leur sont présentés et ils inspectent même parfois la cargaison des poids-lourds.
Sur des images filmées dans le secteur de Jérusalem, des voitures de patrouille de la police arrivent sur le site où les camions sont à l’arrêt. La séquence montre les policiers détournant largement le regard face aux jeunes.
חסימה עכשיו!
של משאיות האספקה לרוצחים בעזה
מחוץ לישוב אביתר.כל מי שבאזור – מוזמן להצטרף!
⛔ לא מסייעים לנאצים⛔
> נלחמים על החיים – https://t.co/wMLt2f4Y5L pic.twitter.com/HlBEQr04HX—
La police a dit en réponse à l’incident que les agents avaient dispersé les jeunes sur la Route 1, aux abords de Jérusalem et à l’échangeur de Latrun, afin de permettre à la circulation de se rétablir, sans expliquer pourquoi les policiers, dans la vidéo, n’étaient pas intervenus immédiatement.
La police a fait savoir que deux des extrémistes avaient été « appréhendés et transférés » au commissariat de Jérusalem et que trois autres, à Latrun, avaient écopé d’une amende.
La police a noté qu’aucun camion d’aide humanitaire n’avait emprunté l’échangeur de Latrun, ajoutant qu’aucun signalement d’agression n’avait été fait auprès de la police et que le trafic routier n’avait pas été perturbé.
De plus, la chaîne publique Kan a fait savoir qu’un camion avait été arrêté par des extrémistes aux abords d’Evyatar, un avant-poste illégal, en Cisjordanie et que sa cargaison avait été pillée. Des poids-lourds ont aussi été immobilisés au carrefour de Kfar Adumim, en Cisjordanie, à l’Est de Jérusalem.
פעילי ימין חסמו משאית פלסטינית בכניסה למאחז אביתר שבשומרון, ופירקו את שקיות המזון שעליה – בטענה שמדובר במשאית סיוע שמיועדת לעזה. בצה »ל אומרים: « ככל הידוע לנו, לא מדובר במשאית סיוע – משום שלא תואמה העברה בשעה הזאת ובכביש הזה »@carmeldangor pic.twitter.com/6xT5ZpMdPJ
— כאן חדשות (@kann_news) May 19, 2024
Ce sont au moins sept camions en provenance de Jordanie qui avaient été arrêtés et mis à sac par des activistes d’extrême-droite, la semaine dernière, entraînant une enquête de la police et l’indignation des États-Unis.
Au cours d’un entretien, dimanche, Ben Gvir a salué, au micro de la Radio militaire, les activistes, affirmant que « c’est une très bonne chose qu’ils manifestent ». Il a noté que « je ne pense pas qu’ils doivent brûler des camions ou frapper les gens » avant d’ajouter : « je pense que ceux qui devraient stopper les aides, ce sont les membres du cabinet de sécurité ».
Interrogé sur des informations transmises par les médias israéliens, qui avaient laissé entendre qu’il avait réprimandé des hauts-responsables de la police qui avaient protégé les convois d’assistance humanitaire, Ben Gvir a répondu que « ce n’est pas acceptable à mes yeux… qu’on mobilise toutes ces forces uniquement pour aider ces camions ».