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Détails de l’affaire Wandlitz – la énième maison spoliée aux Juifs

Après 10 ans de démêlés judiciaires, cette décision souligne la complexité de l'histoire que se racontent les familles allemandes sur la Shoah et l'ambivalence de la société envers les victimes

Le Stolpersteine - littéralement pierre d'achoppement - est une plaque installée sur la façade de ce que fut la maison d'Anna Donat à Berlin, dit qu'elle a été déportée à Auschwitz. (Avec l'aimable autorisation de Stolpersteine)
Le Stolpersteine - littéralement pierre d'achoppement - est une plaque installée sur la façade de ce que fut la maison d'Anna Donat à Berlin, dit qu'elle a été déportée à Auschwitz. (Avec l'aimable autorisation de Stolpersteine)

BERLIN – JTA – Un tribunal allemand a statué qu’une femme de 85 ans et son fils, installés dans une maison vendue sous la contrainte par ses propriétaires juifs en 1939, devaient quitter les lieux.

La décision, rendue en décembre dernier, est le fruit d’une dizaine d’années d’âpres batailles judiciaires au sujet de la maison, située à Wandlitz, dans les environs de Berlin.

Pour les personnes que cela intéresse, cette lutte pour la propriété de ce bien situé au bord d’un lac est le symbole des souffrances héritées d’une histoire aujourd’hui presque centenaire, mais aussi celui des histoires que se racontent les familles allemandes sur leur rôle pendant la Shoah.

Elle est par ailleurs le signe de la persistance d’un certain ressentiment, parfois teinté d’antisémitisme, à l’égard des efforts de l’Allemagne pour dédommager les Juifs en raison des crimes commis à leur encontre.

Le domaine de Wandlitz est sans doute l’un des tout derniers cas de restitution de biens jugés en Allemagne, car la quasi-totalité des biens spoliés ou « aryanisés » ont d’ores et déjà fait l’objet d’un processus de restitution ou se sont perdus dans les méandres de l’Histoire, et il ne reste personne pour demander réparation. En effet, la date butoir pour demander réparation sur le plan immobilier a expiré il y a plusieurs dizaines d’années.

Cette affaire concerne un domaine situé dans un quartier bucolique, à une trentaine de kilomètres du centre de Berlin, qui était, dans les années 1930, la maison d’été d’un orphelinat géré par deux femmes juives, Alice Donat et Hélène Lindenbaum.

Le président de la Jewish Claims Conference, Gideon Taylor, s’adressant aux invités lors d’une cérémonie marquant le 70e anniversaire de la signature de l’accord de Luxembourg sur les réparations entre la République fédérale d’Allemagne et Israël, à Berlin, le 15 septembre 2022. (Crédit : Tobias Schwarz/AFP)

Forcées de se conformer aux lois nazies d’expropriation des biens juifs, elles ont vendu le terrain, avec une structure en mauvais état, à Félix Moegelin en 1939 pour 21 100 Reichsmarks, autrement dit une somme relativement dérisoire.

Moegelin a dû signer la déclaration « Je suis aryen », tandis que les deux femmes ont dû signer le document indiquant qu’elles étaient juives, conformément aux lois de Nuremberg de 1935.

La maison d’origine a été démolie et remplacée, et Moegelin et sa famille se sont installés dans la rue Wegener. Donat et Lindenbaum ont été déportées de Berlin par les nazis en 1943 et assassinées.

À ce jour, la petite-fille de Moegelin, Gabriele Lieske, âgée de 85 ans, vit toujours dans la maison avec son fils, Thomas Lieske, âgé de 61 ans. Ils se sont accrochés après qu’un tribunal de première instance a statué l’année dernière qu’ils devaient renoncer à la propriété ou en payer sa valeur. Située dans la banlieue de Berlin, où l’immobilier a le vent en poupe, la propriété vaut aujourd’hui environ 1,6 million de dollars.

Les biens seront désormais saisis par l’État et transférés à la Conference of Jewish Material Claims Against Germany (JCC), le successeur légal des biens juifs non réclamés dans l’ex-Allemagne de l’Est. Aucun héritier vivant des propriétaires assassinés n’a jamais été identifié.

« J’ai passé toute ma vie dans cette maison et je me suis occupée de mes parents », a déclaré Gabriele Lieske suite à la décision, selon les médias locaux.

« Nous ne savons pas où aller. »

L’affaire a attiré l’attention l’an dernier après avoir fait l’objet d’un article dans le célèbre magazine d’information allemand Spiegel, juste après la Journée internationale de commémoration de la Shoah. Elle est revenue sur le devant de la scène ce mois-ci, lorsque les Lieske sont arrivés au bout de leur marge de manœuvre juridique pour interjeter appel.

L’avocat munichois des Lieske, Me Raffael Nath, a invoqué un vide juridique qui permet au gouvernement allemand de verser des indemnités aux propriétaires actuels qui ont payé la propriété plutôt que de l’avoir héritée de l’acheteur initial qui l’a « aryanisée ». Il a fait valoir que Gabriele Lieske n’avait pas hérité de la propriété de sa mère, Louise Moegelin. Au contraire, il a affirmé que Gabriele Lieske l’avait achetée en 1993 dans le cadre d’un accord prévoyant qu’elle s’occuperait de son parent vieillissant et qu’elle prendrait en charge tous les frais d’entretien. Sa mère est décédée en 2012 à l’âge de 99 ans.

Le juge n’a pas été convaincu.

Gideon Taylor, président de la Claims Conference, a déclaré que l’attention portée par les médias à cette affaire était malvenue. « Ce que le juge a fait est tout à fait anodin », a-t-il souligné, ajoutant : « Il s’agit d’un principe de droit établi depuis la fin de la guerre. Une vente forcée n’est pas légale et ce qui a été pris doit être restitué. »

On ne sait pas encore si et quand les Lieske déménageront. La JCC a proposé à Gabriele Lieske de rester locataire de la maison de son enfance jusqu’à la fin de sa vie.

Me Nath a déclaré dans une interview au début de l’année que Gabriele Lieske avait refusé cette offre parce qu’elle aurait été obligée de payer un loyer et que son fils n’aurait pas été autorisé à vivre dans la maison après sa mort.

Mais, aucune condition de location n’a été négociée, a précisé Taylor. « Nous sommes tout à fait disposés à trouver un arrangement avec la famille », a-t-il souligné.

Cependant, il a noté que la loi allemande est claire sur la question de savoir si les biens pillés peuvent être hérités. « Lorsque, comme c’est le cas ici, un aryanisateur s’est emparé de biens juifs, ceux-ci ne sont pas transmis aux héritiers de l’aryanisateur », avait-il déclaré dans le courant de l’année.

L’affaire Wandlitz est l’une des dernières du genre. Les survivants de la Shoah, leurs héritiers ou la Claims Conference ont reçu une indemnisation ou une restitution pour des milliers de biens immobiliers en Allemagne, d’abord à l’ouest après la guerre, puis à l’est après la réunification.

Illustration : Une exposition sur l’aryanisation dans l’ancien bâtiment administratif de la société Topf & Sons à Erfurt, dans le centre de l’Allemagne, le 7 novembre 2011. (Crédit : Jens Meyer/AP)

Plusieurs affaires sont encore en cours, 79 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Mais selon Me Olaf Ossmann, spécialiste des restitutions, certaines ne seront jamais entendues.

« De nombreuses familles n’ont même pas entamé de procédure dans l’après-guerre, tant les obstacles juridiques et la charge de la preuve étaient décourageants », a déclaré Me Ossmann, né à Leipzig, en Allemagne, et qui vit aujourd’hui à Winterthur, en Suisse, où il est président de la communauté juive. La tâche, a-t-il dit, était « si déprimante qu’ils ont arrêté ».

Au total, au cours des 33 dernières années, Me Ossmann estime avoir traité quelque 3 000 dossiers de propriété – certains pour des familles juives allemandes de premier plan, mais surtout pour des propriétaires de biens plus modestes.

Me Ossmann, qui s’occupe aujourd’hui principalement d’affaires d’art spolié, reçoit encore des appels de personnes qui ont trouvé des documents de leurs parents ou de leurs grands-parents sans pouvoir en comprendre le sens. Selon lui, il n’est pas possible d’obtenir une indemnisation « juste et équitable ».

« Le terme approprié que j’utilise normalement est ‘le mieux que vous puissiez obtenir pour le moment’. »

On sait très peu de choses sur les deux femmes juives qui dirigeaient le foyer pour enfants. Selon le projet commémoratif Stolpersteine (pierre d’achoppement), Alice Donat est née en 1898 à Vienne de Robert et Anna Donat, et avait deux sœurs et un frère. Elle a étudié l’éducation à Berlin et a ensuite dirigé le jardin d’enfants privé et le foyer pour enfants juifs avec Hélène Lindenbaum. Les deux femmes ont acheté la propriété en 1932, selon la décision du tribunal de district rendue en septembre 2023.

Dans ses mémoires, feu Emanuel Berger, un orphelin qui a résidé dans la maison et qui a survécu à la Shoah, décrit Alice Donat comme aimante et stricte ; elle apprenait aux enfants à chanter et à danser en les accompagnant au piano.

On en sait encore moins sur Hélène Lindenbaum, si ce n’est qu’elle est née en 1888 à Berlin et qu’elle était mariée.

Le centre historique du village de Wandlitz, en octobre 2024. (Crédit : Angela M. Arnold/CC-SA-3.0)

Lorsque ces femmes ont vendu leur propriété en 1939, environ la moitié du paiement a servi à couvrir leur hypothèque. Il est peu probable qu’elles aient jamais reçu le reste, comme l’a souligné le tribunal de district dans sa décision rendue l’année dernière. En effet, un décret de 1938 du Reich et du ministre prussien de l’Économie soulignait la nécessité de « sécuriser les biens juifs » afin d’empêcher les Juifs de fuir l’Allemagne avec leur argent.

Selon le rapport des Stolpersteine, Lindenbaum et son époux, qui n’est pas nommé, devaient être déportés à Theresienstadt en 1943 ; ils se sont portés volontaires pour embarquer dans le convoi à destination d’Auschwitz avec les deux enfants de l’orphelinat, Emanuel Berger et son frère Erwin, mais Alice Donat n’a pas voulu en entendre parler. Elle est restée avec les deux garçons au lieu d’embarquer avec eux dans le convoi pour Auschwitz en mars 1943. Alice Donat et Erwin Berger ont été assassinés dans les chambres à gaz ; Emanuel a été sélectionné pour le travail forcé et a survécu.

Hélène Lindenbaum et son mari probablement, ont été déportés de Berlin au camp de concentration de Theresienstadt en mars 1943, puis, de là, à Auschwitz en octobre 1944, où Hélène a été assassinée.

Dans l’ex-Allemagne de l’Est, le processus de restitution a commencé après la réunification en 1990, avec l’ouverture d’une période de réclamation de deux ans. Dans les cas où aucun héritier ne s’est manifesté ou n’a été trouvé, la Claims Conference a présenté des demandes en qualité de successeur à la fin de l’année 1992.

Wandlitz, une banlieue de Berlin qui a également été une zone de retraite pour les dirigeants nazis. (Crédit : Google Maps, via JTA)

En 1998, la JCC a finalement déterminé exactement quelle parcelle de terre avait appartenu à Donat et Lindenbaum, selon Me Nath, l’avocat des Lieske.

C’est à ce moment-là que le gouvernement allemand aurait pu informer les Lieske de la plainte et leur interdire de vendre, a souligné Me Nath.

« Nous ne savons pas pourquoi il a fallu attendre 17 ou 18 ans pour qu’ils informent la famille », a-t-il ajouté.

Les Lieske ont été informés pour la première fois par le gouvernement de l’existence de la demande de la Claims Conference en 2015, a indiqué Me Nath. Ils l’ont contestée. Le tribunal a entendu l’affaire en septembre dernier.

Dans une interview accordée au magazine Spiegel, Gabriele Lieske a déclaré qu’elle préférerait mourir plutôt que de quitter la propriété. Son fils est du même avis. Après tout, ont-ils dit, ce qui s’est passé n’est pas de leur faute, mais un coup du sort. Un coup du sort qui ne tient pas compte de l’histoire de leur famille, qui a hébergé des parents juifs pendant les années de guerre.

Les proches auxquels Gabriele Lieske faisait référence étaient la nièce de Félix Moegelin, Margarete, et sa fille Irène, née en 1937.

La mère juive de Margarete, belle-sœur de Félix, a été assassinée pendant la Shoah, comme l’indique la base de données de Yad Vashem. Le père d’Irène a été déporté à Minsk et a probablement été assassiné lors d’une fusillade de masse ou par asphyxie aux gaz d’échappement.

Parallèlement, comme l’a rappelé Gabriele Lieske, ses grands-parents ont hébergé Margarete et Irène à Wandlitz.

Dans un courriel adressé à la JTA, Gabriele Lieske s’est souvenue qu’ils « se sont cachés des nazis avec nous. Irène et moi jouions ensemble dans le jardin ». La famille élargie a fui ensemble lorsque les Soviétiques ont pris la région au printemps 1945, mais est finalement revenue, a-t-elle dit.

« Finalement, tante Margarete et Irène sont retournées à Berlin. »

Les documents des archives d’Arolsen indiquent que Margarete et Irène ont toutes deux émigré aux États-Unis.

Gabriele Lieske ne se souvient que d’une seule visite de sa tante et de sa cousine, après la construction du mur de Berlin en 1961 : Margarete et Irène – qui avait alors un nouveau-né – ont rendu visite à Ella, la sœur de Margarete, à Berlin. Le mari d’Irène est également venu une fois, selon Gabriele Lieske.

Vue aérienne de Wandlitz, le 28 septembre 2019. (Crédit : Daniela Kloth/kloth-grafikdesign.de)

Le rôle de la famille Lieske, si cette histoire le prouve, n’était pas pertinent dans le cadre de cette affaire, selon la décision du tribunal prise l’année dernière. « Le fait avancé par les plaignants, à savoir que l’acheteur a caché une citoyenne juive sur sa propriété et l’a ainsi sauvée des attaques des nazis, n’a aucun lien avec le contrat d’achat du 8 février 1939 et n’est donc pas pertinent en l’espèce », avait estimé le tribunal.

Bien que personne n’ait blâmé la famille Lieske pour les actes de leur aïeul, plusieurs lecteurs de l’article du Spiegel, au moins, ont considéré la procédure judiciaire comme une punition injuste.

« Peut-on encore blâmer les familles qui vivent dans de telles maisons pour la énième génération ? », a demandé un lecteur sur le réseau social X.

« Et probablement sans même savoir comment leurs ancêtres ont obtenu la maison ? »

Certains ont pris la défense des victimes juives. « Si vous acceptez un héritage, vous acceptez aussi les dettes », a déclaré un internaute sur X, faisant référence à la loi allemande, qui transfère à la fois l’actif et le passif aux héritiers.

« Bien sûr, c’est dommageable pour les habitants actuels de la maison, mais en fin de compte, elle ne leur appartient pas », a déclaré un autre.

« Elle ne leur a jamais appartenu. Elle a été volée, arrachée aux mains froides et mortes des gens. Qui voudrait vivre dans un endroit comme celui-ci de toute façon ? »

Une autre propriété de Wandlitz marquée par la Shoah, l’opulente ancienne propriété du ministre de la Propagande du Troisième Reich, Joseph Goebbels, est aujourd’hui sur le marché. Le gouvernement allemand, qui en est propriétaire, n’a pu trouver personne pour l’acquérir, même à titre gracieux.

Certains lecteurs du Spiegel ont suggéré que les Juifs tiraient indûment profit de la Shoah.

« Cela fait presque 90 ans », a écrit l’un d’entre eux. « Il faut bien que cela s’arrête à un moment ou à un autre. »

Me Ossmann a souligné que la tendance du peuple allemand à présenter ceux qui ont bénéficié des pillages comme les victimes a toujours été un problème.

Il y a une vingtaine d’années, a-t-il rappelé, des citoyens allemands ont attaqué physiquement des journalistes qui faisaient un reportage sur une affaire de restitution. Les journalistes se sont barricadés à l’intérieur d’un supermarché « pour éviter d’être battus à mort ».

La colère et la rancœur ressenties par certains descendants des « aryanisateurs » ne faiblissent pas, a-t-il déclaré.

Mais « si vous adoptez le point de vue de la victime [originelle], vous comprendrez facilement que ce que vous avez perdu en premier ou en dernier ne fait aucune différence, que vous l’ayez perdu par vente ou par confiscation ou par n’importe quel autre moyen », a-t-il ajouté.

« Parce qu’en fin de compte, vous avez tout perdu. »

La Claims Conference utilise la majeure partie du fruit de la vente des biens juifs non réclamés pour aider les survivants de la Shoah dans le besoin en leur fournissant des médicaments, de la nourriture et des soins à domicile.

Dernièrement, la JCC a recensé 245 000 survivants encore en vie dans le monde.

Gunnar Schupelius, éditorialiste allemand, les a récemment cités dans son évaluation de l’affaire Wandlitz.

« La famille Lieske estime que ce revers est une injustice. C’est très difficile pour eux. Mais ce qui s’est passé est ce qui s’est passé », a-t-il écrit.

« Nous, qui vivons aujourd’hui, ne sommes pas responsables du génocide des Juifs, mais nous devons prendre soin des survivants et de leurs descendants. Ce n’est que justice. »

Taylor a insisté sur une interprétation de l’affaire qui est dissociée des débats plus larges sur les mesures prises par l’Allemagne pour expier la Shoah.

« Il ne s’agit pas d’une question d’indemnisation par le gouvernement allemand ni du montant à accorder aux survivants de la Shoah », a-t-il déclaré.

« Il s’agit d’un principe fondamental du droit allemand, sans parler de la moralité ou de la justice. Et personne n’a contesté ce principe. »

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