Allemagne : une famille doit quitter sa maison, vendue par des Juifs sous contrainte des Nazis
La Jewish Claims Conference, qui représente les anciens propriétaires juifs, tués sous la Shoah, a obtenu gain de cause après une longue bataille juridique
Une famille d’Allemagne de l’Est a perdu sa maison, qui lui a été vendue en 1939 par des Juifs sous la contrainte des Nazis, par décision judiciaire rendue mercredi 11 décembre 2024, rapporte le journal belge La Dernière Heure.
La bataille juridique, ouverte il y a plusieurs années par la Jewish Claims Conference, organisation qui récupère notamment les biens des victimes de la Shoah, s’est terminée la semaine dernière par un verdict qui entérine l’injustice dont a été victime les anciens propriétaires juifs de cette maison située à Wandlitz, au nord de Berlin.
Ceux-ci avaient acquis la maison en 1932 avant d’être contraints de s’en séparer sous le régime nazi. La famille allemande qui avait pris possession de la maison l’avait gardée jusqu’à présent. Une femme de 82 ans et son fils y vivaient toujours.
La Jewish Claims Conference, que la loi allemande autorise à représenter les victimes des crimes nazis qui ne peuvent plus le faire elles-mêmes, a représenté dans ce procès les intérêts des propriétaires d’origine, que les nazis ont tués.
La Cour administrative fédérale de Leipzig a rejeté l’appel des habitants actuels de la maison et a définitivement transféré sa propriété à la Jewish Claims Conference, qui vient en aide aux survivants de la Shoah.
Ynet rapporte que l’organisation a porté l’affaire devant les tribunaux dès 1992 afin de clarifier la propriété légitime de la maison. En 2015, une commission spéciale avait informé la famille que la maison allait être restituée à ses propriétaires d’origine. La famille avait fait appel de la décision.
Gabriele Lieske, qui occupe actuellement la maison a déclaré : « J’ai l’impression que mon monde s’est écroulé sur moi […] J’ai passé toute ma vie dans cette maison, à m’occuper de mes parents et de mes enfants ».
Thomas, son fils de 61 ans, a affirmé : « Nous n’avons plus rien. Nous n’avons nulle part où aller. J’aurai besoin de l’aide sociale et ma mère ne survivra pas au déménagement ».
Lors du procès, Gabriele Lieske aurait déclaré à son avocat : « J’ai l’impression d’avoir assassiné des Juifs ».
Lorsqu’un représentant de la Jewish Claims Conference lui a dit qu’ils ne faisaient que leur travail, elle aurait répondu : « C’est aussi ce qu’ils [les Nazis] disaient à l’époque ».
Un agent immobilier local aurait évalué la propriété à 1,5 million d’euros.