Deux nouveaux villages juifs autorisés sur le plateau du Golan
La Société pour la protection de la nature en Israël, le ministère de l’Environnement et l’Autorité de la nature préféreraient une extension des implantations existantes
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.
Le Conseil national de planification et de construction a voté mardi, par 17 voix contre 5, en faveur de la création de deux nouveaux villages juifs sur les hauteurs du Golan, dans le nord d’Israël.
La future communauté d’Orcha sera située dans la partie orientale du plateau du Golan, à environ cinq kilomètres au nord du moshav Ramat Magshimim. La communauté de Matar devrait, quant à elle, être construite dans la partie nord de la région, à un kilomètre au sud du moshav Shaal.
Ces deux zones sont peu peuplées, avec moins de 10 personnes par kilomètre carré. Il est prévu que chaque collectivité compte à terme 2 000 logements.
Un communiqué publié par l’Autorité foncière israélienne a précisé que le plan, qui prévoit également l’augmentation de la population de Katzrin, a vocation à répondre à « la forte demande » de logements sur les hauteurs du Golan, d’améliorer les services et réduire les écarts entre le centre du pays et la périphérie.
Mais plusieurs entités se sont publiquement opposées à cette décision, comme le ministère de la Protection de l’environnement, l’Autorité israélienne de la nature et des parcs et la Société pour la protection de la nature en Israël (SPNI).
Une déclaration de la SPNI a expliqué que, d’un point de vue écologique, pittoresque, économique et social, l’expansion et le renforcement des implantations existantes étaient préférables à des créations ex nihilo.
Le plateau du Golan est l’une des régions les plus emblématiques d’Israël pour sa nature, le tourisme et les loisirs, et il attire chaque année des dizaines de milliers de randonneurs et vacanciers, a ajouté Assaf Zanzuri, coordinateur de la politique de planification de la SPNI.
Les habitants ont besoin d’un hôpital, de davantage d’établissements scolaires et de plus d’opportunités d’emploi, a-t-il ajouté, et non d’un plan auquel il s’est opposé et dont il pense qu’il répond avant tout à des préoccupations électorales.
Le renforcement de la présence juive sur le plateau du Golan est très susceptible de plaire aux électeurs de droite, en vue des élections du 1er novembre.
Israël a annexé les deux tiers occidentaux des hauteurs de la Syrie à la faveur de la guerre des Six Jours, en 1967, et y applique la loi israélienne depuis 1981, ce que la communauté internationale refuse de reconnaître. En 2019, le président américain, Donald Trump, avait rompu avec le consensus en reconnaissant le plateau du Golan comme faisant partie d’Israël.
Le Golan représente 5 % du territoire revendiqué par Israël, mais 0,5 % seulement des Israéliens y vivent. En octobre dernier, le Premier ministre, Naftali Bennett, annonçait l’intention du gouvernement d’augmenter considérablement la population israélienne dans la région.
En décembre, le gouvernement approuvait à l’unanimité un programme de construction d’un milliard de shekels visant à doubler la population israélienne dans une zone stratégique pour l’avenir.
La SPNI avait averti à l’époque que le programme menaçait les paysages sauvages, sources, cascades ainsi que la riche biodiversité qui font de cette région peu peuplée une zone des plus attractives pour les Israéliens et les touristes.
L’État pourrait aussi utiliser les 12 000 permis délivrés pour des constructions résidentielles. Il existe 4 500 permis de construire inutilisés dans la seule ville de Katzrin, a-t-il ajouté.
Environ 53 000 personnes vivent sur le plateau du Golan : 27 000 Juifs, 24 000 Druzes et quelque 2 000 Alaouites, groupe ethnoreligieux issu de l’islam chiite.