Division du gouvernement israélien sur les représailles
Alors que Bennett voudrait une réponse ferme, les autres voient davantage sur le long terme

Lors de la session orageuse de lundi, le ministre de l’Economie et président du parti Habayit Hayehudi Naftali Bennett a listé huit actions possibles qu’Israël devrait prendre, y compris le lancement d’une opération d’envergure contre le Hamas dans la bande de Gaza, le gel des fonds du Hamas actuellement dans les banques en Cisjordanie, ainsi que la peine de mort contre les terroristes jugés par un tribunal militaire, a déclaré au quotidien Haaretz une source qui a assisté à la réunion.
Plus tôt ce soir-là, le chef d’état-major de l’armée israélienne Benny Gantz a recommandé la suppression des installations du Hamas, mais surtout celles qui ont déjà été affaiblies par l’opération de 18 jours pour trouver les adolescents capturés.
Selon cette source, un projet des décisions du cabinet d’une dizaine de paragraphes liste la plupart des étapes qu’Israël devrait prendre à l’avenir, mais n’inclut pas les opérations militaires concrètes.
« Il y a des efforts faits pour expulser les activistes du Hamas à Gaza, même si le procureur général a déclaré que ce dossier était bloqué en raison de difficultés juridiques », a déclaré la source. « Il y avait des suggestions telles que la poursuite de l’opération contre les infrastructures civiles du Hamas en Cisjordanie ou une opération en cours pour localiser les ravisseurs, mais rien de significatif ».
Bennett a fulminé à l’idée de ces suggestions. « La réaction en cours de discussion est tellement faible qu’elle est scandaleuse » se serait-il exclamé.
« Il y a eu un grave enlèvement de trois enfants qui ont été exécutés à bout portant. Cette faible réaction à un événement si grave garantira le prochain enlèvement ».
Étonnamment, peut-être, le ministre de la Défense Moshe Yaalon s’est retrouvé en désaccord avec Naftali Bennett, affirmant que ses recommandations pourraient déclencher une escalade difficile à contrôler. Cela pourrait même conduire à une nouvelle guerre, a mis en garde Yaalon.
« Voulons-nous vraiment une guerre à Gaza maintenant ? » a demandé le ministre de la Défense, de manière rhétorique, selon la source, à Bennett qui aurait répondu qu’une éventuelle confrontation avec Gaza était inévitable : « Il est préférable que nous soyons ceux qui en prenons l’initiative ».
La ministre de la Justice Tzipi Livni s’est également opposée à des mesures drastiques contre le Hamas, arguant que dans le passé il y avait eu trop d’horribles attentats et qu’Israël ne pouvait pas entrer en guerre pour tous les actes de terrorisme.
Le ministre de la Communication Gilad Erdan s’est retrouvé d’accord avec Bennett sur le fait que les mesures proposées par les forces de sécurité sont insuffisantes, mais a aussi affirmé qu’il s’opposait à une opération à grande échelle qui pourrait conduire à une escalade.
Yair Lapid, le ministre des Finances, a présenté ses condoléances aux familles endeuillées et averti que le Hamas allait « payer le prix fort » pour les morts. « Mon cœur a été brisé par la nouvelle que les corps de Naftali, Gil-ad, et Eyal ont été trouvés », a-t-il déclaré.
« Je veux envoyer une étreinte chaleureuse aux familles et leur assurer que nous allons continuer à poursuivre les responsables de ce crime. Le Hamas est responsable et le Hamas paiera un lourd tribut », a-t-il poursuivi.
« Nous allons continuer à agir avec détermination et patience jusqu’à ce que nous trouvions ces meurtriers. C’est notre devoir vis-à-vis de ceux qui voudraient essayer de nuire à la sécurité de nos enfants ».
Le député Zeev Elkin, président de la commission des affaires étrangères et de la défense de la Knesset, a appelé à l’imposition de la peine de mort pour les auteurs des meurtres, ce qui qui ne fait pas actuellement partie du code pénal d’Israël.
Elkin a déclaré à la radio israélienne que les maisons des deux principaux suspects devaient être détruites. Il a affirmé que la destruction des maisons des terroristes avaient pu être un moyen de dissuasion efficace dans le passé. Le législateur, qui vit dans une implantation du Gush Etzion, a également exhorté le développement accru de règlements en réponse aux meurtres pour cimenter l’emprise d’Israël sur le territoire.
Cependant, le député travailliste Nachman Shai a mis en garde contre toutes les mesures sévères et hâtives qui pourraient transformer l’opinion mondiale contre Israël et faire en sorte que la communauté internationale tienne Israël pour responsable de la détérioration de la situation.
La députée Zahava Gal-On, du parti Meretz, a déclaré que les meurtres sont un « crime de guerre », mais a aussi encouragé le soutien à l’Autorité palestinienne et à son président Mahmoud Abbas, qui avait aidé les forces de sécurité israéliennes dans leurs recherches. « Je présente mes condoléances aux familles Yifrach, Shaar et Fraenkel », a-t-elle écrit dans un communiqué publié sur sa page Facebook lundi soir.
« L’enlèvement et le meurtre de garçons est un crime de guerre qui doit être puni avec toute la rigueur de la loi. Pourtant, surtout en ce moment, il est impératif de faire la différence entre ceux qui sont responsables de cet acte criminel et les autorités palestiniennes qui l’ont dénoncé [Mahmoud Abbas] ».
Le député du Meretz Esawi Frij a également présenté ses condoléances mais a mis en garde contre ce que pourrait être la suite : « Aujourd’hui est un jour triste, un jour où nous rejoignons dans la douleur les trois familles qui ont perdu leurs proches. En dépit de la douleur, des voix au sein du gouvernement ont déjà été entendues. Elles sont combatives. Briser, encore briser et écraser. L’amère vérité est que la vengeance peut être douce au début, mais elle fait mal après ».
Les deux suspects étaient toujours en liberté mardi, et les forces de sécurité israéliennes continuent de fournir des efforts intensifs pour les traquer.