Douche froide des Palestiniens face à l’initiative « inutile » de paix américaine
Le porte-parole d'Abbas a indiqué que le voyage de Kushner et Greenblatt ne "servira à rien" dans la mesure où l'administration Trump tente de contourner les leaders de l'AP

En amont d’une visite dans la région qui sera organisée cette semaine par l’équipe de paix du Moyen-Orient de l’administration Trump, l’Autorité palestinienne a rejeté samedi le plan de paix américain, disant qu’il était « inutile, » et ajoutant que la série de rencontres qui aura lieu est « une perte de temps » parce qu’elle n’a pas de soutien des Palestiniens.
« La série de rencontres qui a commencé à New York et dont l’objectif est d’amener un plan inutile ne donnera aucun résultat », a commenté le porte-parole du président de l’AP Mahmoud Abbas, Nabil Abu Rudeineh, des propos rapportés par le site d’information Ynet.
Abu Rudeineh faisait référence à la rencontre de vendredi à New York qui a réuni le secrétaire-général des Nations unies Antonio Guterres, l’ambassadrice à l’ONU Nikki Haley, l’envoyé pour la paix Jason Greenblatt et Jared Kushner, conseiller spécial du président Trump et son gendre. La Maison Blanche a fait savoir qu’ils avaient évoqué les efforts de paix américains et la situation humanitaire dans la bande de Gaza.
Kushner et Greenblatt devraient débattre des deux questions durant leur voyage au Moyen-Orient quand s’ils s’entretiendront avec les leaders régionaux. Ils doivent se rendre en Israël, en Arabie saoudite, en Egypte, en Jordanie et au Qatar.
L’entreprise de paix entre Israël et les Palestiniens est enlisée depuis 2014. Donald Trump est arrivé au pouvoir avec la volonté proclamée de présider entre Israéliens et Palestiniens à l’accord diplomatique « ultime ».
Les responsables américains se trouveront en Israël du vendredi 22 au samedi 23 juin. Ils n’ont aucun rendez-vous prévu avec les chefs de l’Autorité palestinienne.

Leur tournée de la région survient alors que les relations sont au plus bas entre les Etats-Unis et les Palestiniens. L’AP a refusé de parler aux responsables de l’administration depuis que les Etats-Unis ont reconnu Jérusalem en tant que capitale d’Israël au mois de décembre dernier, relocalisant l’ambassade du pays dans la ville le mois dernier. Les Palestiniens revendiquent Jérusalem comme capitale de leur futur état.
« Sans le respect des résolutions des sommets arabes, et celles du Conseil de sécurité des Nations unies, le droit international, et surtout sans l’accord du peuple palestinien et l’approbation du président Mahmoud Abbas, (les efforts des Etats-Unis) seront voués à l’échec et ne feront que déstabiliser encore davantage la région et la pousser vers l’inconnu », a encore dit Abu Roudeina devant des journalistes.
« C’est une perte de temps et c’est voué à l’échec tant que les tentatives visant à contourner les institutions palestiniennes légitimes continueront », a-t-il ajouté, des propos repris par la Dixième chaîne.
Abu Rudeineh a déclaré mercredi que tout plan ne comprenant pas une capitale palestinienne à Jérusalem-Est ou ne s’attaquant pas au problème des réfugiés sera inutile, selon l’agence de presse officielle Wafa.
L’Etat juif insiste sur le fait que le « droit au retour » des réfugiés palestiniens, tel que défini par ces derniers, est voué à l’échec dans le cadre des négociations de paix. Les Nations unies catégorisent comme réfugiés non seulement les Palestiniens qui ont été déplacés ou expulsés de leurs maisons en 1947 et 1948, mais également tous leurs descendants. En conséquence, accepter le « droit au retour » signifierait que des millions de Palestiniens seraient autorisés à entrer en Israël, mettant un terme à la majorité juive dans le pays.
La visite de Kushner et Greenblatt intervient également après des semaines de violences meurtrières le long de la frontière avec Gaza, avec des dizaines de milliers de Palestiniens qui ont pris part à la « marche du retour » en cours, soutenue par le Hamas, à la frontière.

Gaza est confronté à une pénurie d’eau potable et d’électricité. Israël et l’Egypte maintiennent un blocus, destiné à empêcher le groupe terroriste d’importer des armes et des biens qui leur permettraient de construire des équipements militaires ou des tunnels transfrontaliers.
Les conditions de vie à Gaza qui ne cessent de se dégrader ont été citées par des responsables de sécurité comme étant un facteur majeur ayant attisé les affrontements violents sur la frontière avec Israël, ainsi qu’un sentiment de désespoir négatif.
Un responsable américain a déclaré cette semaine à la Dixième chaîne que la Maison Blanche n’avait pas de plan clair pour résoudre la situation humanitaire dans l’enclave côtière et qu’elle cherche des solutions auprès des leaders israéliens et autres dans la région.
Israël a pour sa part expliqué que la situation humanitaire ne s’améliorerait pas avant que le Hamas ne rende les dépouilles de deux soldats de l’armée ainsi que deux civils qu’il conserve en captivité. L’Etat juif attribue au Hamas la responsabilité de la situation, accusant le groupe terroriste de détourner des millions en aide pour acheter des armes, creuser des tunnels, fabriquer des roquettes et entraîner son aile militaire au lieu de l’utiliser pour le bien-être de la population.
Les malheurs de Gaza ont été exacerbés par la dispute en cours entre le Hamas et l’Autorité palestinienne, sa rivale, en Cisjordanie. Cette dernière a coupé les salaires qu’elle verse aux ouvriers de Gaza et a imposé des sanctions variées, notamment en coupant les paiements des factures de l’approvisionnement en électricité dans l’enclave.
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