Ehud Olmert, ex-Premier ministre déshonoré par les scandales
Retour sur la carrière de l'ancien Premier ministre israélien
A nouveau jugé coupable de corruption, l’ex-Premier ministre Ehud Olmert, voit brisés ses espoirs de rejouer un rôle politique, déshonoré par les scandales à répétition qui ont éclaboussé sa carrière.
Olmert, 68 ans, a été reconnu lundi coupable par un tribunal de Tel Aviv d’avoir touché des pots-de-vin dans l’affaire « Holyland », un scandale immobilier à Jérusalem, une première pour un chef de gouvernement en Israël.
Impassible à l’énoncé du jugement, la sentence n’a pas été annoncée, mais il pourrait bien cette fois finir en prison.
Ancien avocat d’affaires, grand amateur de costumes chics, de cigares, de football, de bonne chère et de voyages, Ehud Olmert a souvent eu maille à partir avec la justice mais s’en était toujours sorti plus ou moins indemne.
L’affaire « Holyland » – du nom d’un colossal projet immobilier de luxe sur une hauteur de la Ville sainte, surnommé le « Monstre sur la colline » -, qui lui aurait rapporté 750.000 shekels (environ 156.000 euros) quand il était maire de Jérusalem de 1993 à 2003, qui a scellé son sort.
La chute d’un modéré
Sa chute avait commencé en juillet 2008, quand, de plus en plus fragilisé par les accusations de corruption, il a renoncé à se présenter aux élections primaires de son parti Kadima, abandonnant de facto ses fonctions de Premier ministre.
Après avoir rêvé du Grand Israël et soutenu les résidents juifs des implantations les plus extrémistes de Cisjordanie et de Gaza, lui, qui s’était opposé aux accords de paix de Camp David avec l’Egypte (1978) et d’Oslo avec les Palestiniens (1993), a fini par accepter la création d’un Etat palestinien.
D’abord figure de proue de la droite nationaliste au sein du parti Likud, il a évolué vers des positions plus modérées.
« Le moment le plus douloureux de ma vie a été le jour où j’ai découvert que la comptabilité était plus forte que l’Histoire et la géographie d’Israël. J’ai découvert que si nous nous entêtions à tout garder, en 2020, il y aurait 60 % d’Arabes et 40 % de Juifs » en Israël, confiait-il, il y a quelques années.
Ehud Olmert accède au pouvoir en 2006, succédant à Ariel Sharon, l’homme fort de la droite, foudroyé par une attaque cérébrale, qu’il avait convaincu de créer un nouveau parti centriste, Kadima, en novembre 2005.
Il portera, aux yeux des Israéliens, la responsabilité des ratés de la guerre contre le Hezbollah chiite au Liban en juillet-août 2006.
Sans réel charisme, il n’a pas été, de son propre aveu, un Premier ministre « très populaire ».
Pourtant, jusqu’à la guerre de Gaza, qu’il a déclenchée à la fin 2008 pour faire cesser les tirs de roquettes palestiniens sur Israël, Ehud Olmert a mené des négociations intensives, mais infructueuses, avec Mahmoud Abbas.
Partisan d’un retrait de la plus grande partie des territoires palestiniens en échange de la paix, il espérait maintenir sous le contrôle d’Israël des blocs de d’implantations en Cisjordanie.
En 2008, il a proposé aux Palestiniens une tutelle internationale sur le « bassin sacré » incluant la Vieille ville et les lieux saints de Jérusalem, comme il le révèle dans ses mémoires, parues en 2011.
Dans ses propres mémoires, publiées la même année, l’ex-secrétaire d’Etat américaine Condoleezza Rice confesse sa surprise quand M. Olmert lui a secrètement proposé en mai 2008 de restituer aux Palestiniens 94 % de la Cisjordanie, moyennant des échanges de territoire et un partage de Jérusalem, qui serait devenue la capitale de deux Etats.